par Ivan Cormier, photos Philippe Marzat.
La Pergola, Bordeaux Jeudi 14 novembre 2019
Soirée en partenariat avec le groupe Lamotte et CIC
A Tel Aviv, le compositeur-pianiste israélien Uriel Herman et son contrebassiste Avri Borochov jouaient déjà ensemble dès le plus jeune âge. Un bagage musical commun, hors du commun : les liturgies et le folklore juif, le chant oriental du monde arabo-musulman, les œuvres des compositeurs occidentaux majeurs (Bach, Mozart ou Tchaikovski…)
Tous les outils pour assimiler sans même y penser ce que le rock ou la pop planétaire avait à leur offrir. Pour parachever leur formation ils ont pratiqué une écoute analytique de tous les grands maîtres du jazz et fréquenté le laboratoire new-yorkais où s’expriment de jeunes talents du monde entier. Leur nouveau laboratoire, Laborie Jazz, les a convaincus de lancer leur propre pavé –euh, CD– et les projette sur les scènes européennes.
C’est certes du lourd, mais la légèreté du toucher et du phrasé, la beauté des lignes mélodiques tranche sur la fermeté et la puissance des rythmes. Un batteur, Haim Peskoff qui reste coiffé, relativement sobre, mais décoiffe, un saxophoniste-flûtiste Uriel Weinberger qui arrache des sons d’une douceur et d’une pureté saisissantes à ses instruments et fait vibrer sans avoir besoin de vibrato. Une belle sonorisation lisse les sonorités graves, médium, aiguës. Le discours progresse de façon ordonnée, sans aucune hésitation. Captivant.
De quoi faire tomber les barrières et fondre les cœurs des puristes ou des ultras. Ces quatre-là réussissent à créer un univers singulier revendiquant de multiples traditions. Le qualificatif réducteur de « World Music » ne rend pas justice à l’originalité et à la cohérence du projet. Faire découvrir à tout un chacun la continuité de toutes ces formes musicales et y introduire un certain orientalisme relève du miracle.
Pas étonnant, me direz-vous, ils viennent de Terre Sainte. Oui mais leur discours apaise et réconforte. Mieux encore : il ravit et réjouit.