par Philippe Desmond, Dom Imonk , photos Philippe Marzat

Andernos Jazz festival, dimanche 28 juillet 2019

Enfin le soleil est revenu sur AnderNOs et déjà en ce beau matin les rues grouillent de monde pour aller…à la messe. J’imagine que le prêtre souhaiterait qu’ainsi soit-il tous les dimanches, mais il est vrai qu’aujourd’hui la célébration est spéciale.

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Pas à l’église mais au Jardin Louis David, et boostée musicalement par le Gospel du Bordeaux Mass Choir. Evidemment ça a une autre allure… Elle se prolongera par un concert du même BMC, jeune formation mêlant pros et amateurs existant depuis seulement trois ans. Du joli travail que le public apprécie en participant activement !

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Un peu plus loin Tuba Skinny récite avec application son jazz et sur la place de la jetée les musiciens de l’association locale Zykoson nous remémorent les tubes soul des 60’s et 70’s avec Otis Redding, Marvin Gaye, Wilson Pickett… très sympa.

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Avec le beau temps la ville et la plage sont envahies en attendant le premier concert du soir.

La Cinquième Roue… de la bonne fortune du jazz (Par Dom Imonk)

Le Festival de Jazz d’Andernos a toujours ouvert ses portes à la « new generation », et cette année il n’a pas failli à la règle qui lui est d’or, en invitant ce dimanche un groupe, certes un peu décalé par rapport à l’ambiance « New Orleans » de l’édition 2019, mais apparemment bien reçu du public.

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Celui-ci, d’abord intrigué, puis curieux, s’est petit à petit laissé séduire par l’énergie et la fraîcheur singulière de ce groupe au nom mystérieux : La Cinquième Roue, formé de cinq musiciens, très actifs sur les scènes parisiennes, venus en porter la bonne et exquise parole, sur l’esplanade de la jetée, de nouveau ensoleillée. Celles et ceux qui sont intéressés par ce jazz actuel, fort bien construit, respectueux du passé mais vaillant défricheur de nouveaux espaces, et osant tout, n’ont pas été déçus par ces magnifiques artistes qui ont captivé bien des festivaliers, dont Éric Coignat, directeur artistique, qu’on aurait eu du mal à déloger de sa chaise au pied de la scène !

Parmi eux les régionaux de l’étape : Alexis Valet (vibraphone, compositions) et Tom Peyron (batterie, compositions), qu’on a souvent vus sur Bordeaux, et leurs complices de la Grosse Pomme, Renan Richard (saxophone soprano, compositions), Simon Martineau (guitare, compositions) et Arthur Henn (contrebasse, compositions).

Ils se partagent donc des thèmes, vifs et généreusement développés, qui cinglent l’air comme des embruns de grand large, et viennent émoustiller le splendide pin parasol, imperturbable protecteur de l’esplanade. Les titres, d’une riche écriture, se sont ainsi succédé, dans un joyeux tumulte, tout semblant venir naturellement, de « Drop the pen » et « Black Coffee » (Tom Peyron), au superbe « Pas pour le moment » (Renan Richard), en passant par « Art Lambic » et « Royal Renard » (Alexis Valet), et « Mister Green » et « Félix », deux compositions de Simon Martineau, dont le prénom  rappelle  celui  d’un certain pianiste du nom de Chivallon, qu’on retrouvera sur le futur album du vibraphoniste à paraître en octobre prochain.

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Au final, des thèmes plutôt perchés, admirablement servis par des musiciens qui ont chacun une couleur de jeu, une gestuelle (Tom Peyron !), un ton, un son, remarquablement mis en valeur par l’équipe technique du festival. Opération fraîcheur et découverte à Andernos, réussie ! Nous y étions, cette Cinquième roue nous a beaucoup plu, nous la suivrons, contre vents et marées!

Fred Nardin, Or Bareket et Leon Parker

Nous voilà maintenant sur la grande scène du Bétey (prononcer Béteill et surtout pas Bété !) en bord de Bassin dans un cadre enchanteur de sable, d’eau et de pins. Plusieurs milliers de personnes sont là, à même le sable, certaines en ayant profité pour pique niquer. Un public multi générationnel, des familles, des curieux, des amateurs, des touristes, des fans de la vedette du soir, ont envahi cette jolie plage où une belle lumière est venue se baigner.

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C’est un trio d’exception qu’Eric Coignat est allé nous chercher, celui du pianiste Fred Nardin qui vient nous proposer son concert « Opening » objet d’un magnifique album en 2017. Le pianiste déjà est exceptionnel mais quand on sait qu’il est entouré d’ Or Bareket à la contrebasse et Leon Parker à la batterie on ne peut qu’espérer un beau concert. Ce sera mieux que ça, un bijou ! A contre jour, sur un fond de coucher de soleil, l’éclairage naturel dessinant ces trois silhouettes va accentuer cette impression de magie que la musique provoque.

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Le joyau évoqué va être ciselé par les doigts de Fred sur le piano de concert jouant du Monk à merveille et surtout ses propres compositions. Sensibilité, virtuosité, émotion ou énergie, il sait tout offrir dans sa musique, caressant son piano en sonate ou le faisant gronder.

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Se mettre ainsi à nu en formation réduite et hypnotiser un public qui pour la plupart le découvre est une prouesse. Il faut dire que ses deux compères font plus que le seconder. Or Bareket c’est la verve et la musicalité, la profondeur et le swing. C’est un des grands noms de l’instrument que nous avons la chance d’entendre.

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Quant à Leon Parker c’est tout simplement un set prodigieux qu’il nous propose. Réputé comme batteur minimaliste, il ne déroge pas à la règle. Pas de charley (!), une seule cymbale ride, deux toms quand même en plus du minimum syndical caisses claire et grosse.

Plus qu’un batteur c’est un bruiteur, inventant sans cesse des sons avec le peu qu’il a sous les baguettes. Il alterne à merveille les boum (peu) et les clic-clic (beaucoup), proposant une variété de sons peu commune. Son intervention en bruitage vocal et percussions pectorales sera le bouquet final de sa propre prestation.

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Et l’ensemble des trois est un exemple de mise en place. Vraiment quel beau concert !

Hugh Coltman « Who’s happy ? »

Si Hugh Coltman est là c’est aussi que son dernier album qui nous questionne « Who’s happy ? » est dédié à New Orleans, le fil rouge du festival, et nous l’avions apprécié en février dernier au Rocher (voir lien de la chronique plus bas).

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Au pianiste près, Nicolas Liesnard, c’est la même formation qui est là ce soir. Tous des références à leur poste et pour ce type de musique : Freddy Koella (guitare), Fred Couderc (sax baryton, clarinette), Jérôme Etcheberry (trompette) qui fendra la foule sur un titre, Jerry Edwards (trombone) Didier Havet (sousaphone), Raphaël Chassin (batterie)

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La nuit est tombée et les lumières de scènes prennent toute leur dimension. L’ambiance paraît paisible jusqu’aux premiers cris « assis ! » que Hugh finira par souligner et calmer avec humour et dans son Français quasi parfait à l’accent exquis « On dirait une réunion de copropriété » . La musique fera le reste. Influences multiples des tradis de NO au blues, avec des accents de folk ou de pur jazz comme cette « Caravan » à faire briller de plaisir toutes celles du camping voisin. De la pop même, avec la reprise de « Daydream » des Lovin’ Spoonful.

Tout cela avec le son NO, pas de contrebasse mais un sousaphone, trombone, trompette et clarinette, des arrangements de Freddy Koella parfaits. Quant à lui c’est un showman sympathique, simple et proche du public.

C’est aussi un sacré chanteur avec un grain de voix particulier, idéal avec cette musique. Et en plus les dames autour de moi sont sous le charme telles des midinettes, certains hommes aussi certainement.

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« Je passerais bien la nuit ici » dit-il plusieurs fois, nous aussi, malheureusement la fin du concert qui marque aussi celle du festival arrive inexorablement. « Whe are happy » Hugh, des étoiles dans les yeux comme dans le ciel, mais encore un lundi de mauvais blues qui s’annonce…

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Un grand merci à notre ami Eric Coignat le directeur du festival , à toute son équipe, à la ville d’AnderNOs et aux partenaires ; tout était gratuit rappelons le, de quoi donner de mauvaises habitudes au public qu’on aimerait bien voir aussi nombreux le reste de l’année dans les clubs ou les concerts, mais c’est un autre débat.

A l’année prochaine AnderNOs redevenue Andernos ! Beau temps prévu.

 

liens : https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/hugh-coltman-transporte-le-rocher-a-nola/