par Anne Maurellet, photos Philippe Marzat et David Bert.
Soirée Investimo et Mairie de Caudéran
Hard Swing Mango « Rhapsodie » vendredi 15/11/19
Julien Queriaud, piano
Xavier Garnier, contrebasse
Arnaud Perrin, batterie
L’entrée en matière est bien construite, Traveller, c’est une sorte de ballade. La contrebasse à la Avishaï Cohen pose sa sensualité d’emblée… Le trio crée une ambiance feutrée, aux dégradés délicats. Le piano devient virulent,.. On y rencontre des consonances un peu celtiques, comme une danse répétitive tonique.
Pour Breaking Stars, le jeu du pianiste est élégant, il absorbe un swing fluide, on prendrait un whisky, un fond juste pour la chaleur de l’alcool enrobante comme les notes de Julien Queriaud : on se loverait dans un canapé, enveloppés dans cette musique séduisante.
D’un seul coup, changement de registre, batterie et contrebasse scandent par pulsations un peu apaches ; le piano leur répond, en écho la contrebasse impose finalement la cadence. Musique plus tribale même s’il reste de la sophistication des deux premiers morceaux. Xavier Garnier encourage le piano à déployer cette danse.
Ils avancent groupés, tous trois, dans une belle harmonie, le piano apporte les accords pour l’évasion, et l’on s’échappe avec eux, toujours avec une certaine douceur, à pas feutrés, mais Reverso, c’est une musique qui finit par cliqueter.
Xavier a pris son archet pour « atteindre » sa contrebasse, la faire vibrer, un peu de Bach ici en forme de cathédrale gothique, puis il récupère ses doigts pour faire frémir l’instrument, gémir jusqu’à trouver la cadence. Tempo, tempo, Rhapsodie, le pianiste caresse les touches de la même manière, et la batterie chante elle aussi. Les trois mêlent leur extase. C’est un peu hypnotique.
Caravan. Ils savent bien sûr que la création est un mille feuilles et cette couche-là est bien jolie, toujours le raffinement dans son sens noble. Multiplier des facettes accrochées au thème si connu, l’enluminer, le détourner, le retourner, le décliner, l’amener dans la modernité : bel hommage d’un groupe jeune, attentif !
On marche en avant dans une forêt aux mille couleurs, odeurs, saveurs ; quelques rayons que diffuse le thème éclairent le sol. Le piano écarte les branches et fait entrer la lumière ; un souffle de vent nostalgique sème les feuilles soulevées par la batterie. Ascension.
Krafla : quel est le lien entre un nourrisson et un volcan islandais ? Peut-être la poésie qui se dégage de la musique du trio, la peinture aussi : on est entourés de lumières colorées, leur émerveillement devant la nature, les êtres. Veulent-ils raconter la découverte du monde ? Le jazz comme un imaginaire insoupçonné à partager, c’est ce qu’on aime…
Between the lines, l’archer grésille à nouveau, la batterie d’Arnaud Perrin lui renvoie une transe, à la Léon Parker, où le rythme est une pulsation, source de la musique, on se laisse faire doucement par la mélodie du piano.
Les voix comme des confidences au tempo débutent Aloa mistery, encourageant les instruments. Elles-mêmes s’instrumentalisent. Intéressant, non ? Réflexion faite et sensation passée, on les verrait au sommet d’une colline, favorisant quelque fumée blanche pour partager le calumet de la paix en entamant des danses symboliques pour honorer les éléments et la musique.
L’album :