Par Philippe Desmond, photos Thierry Dubuc.
Saint Emilion samedi 21 juillet 2018.
Deuxième volet du festival 2018, mais quelle journée !
Seize gaillards pour la commencer en chansons dès midi. Insolite ici, mais tellement sympathique le groupe Lokarri, ces troubadours basques en visite dans la cité médiévale. Encore une idée du directeur du festival Dominique Renard qui n’en manque pas.
Dix sept gaillards bordelais pour la poursuivre sur la scène du parc Guadet (Elie de son prénom, un des Girondins, pas les footeux, les députés au triste sort) avec le Franck Dijeau Big Band.
Quatre ans après sa création,ici même, encore une idée de Maître Renard, les revoilà plus affûtés que jamais. Du swing, du swing, du swing et avec tous les codes du genre, les tenues, les pupitres et surtout la musique, puissante, précise, flamboyante. On Count bien vous revoir bientôt Une surprise avec deux titres chantés par Li Li une chanteuse écrivain chinoise très célèbre là-bas ; la télé chinoise était d’ailleurs présente.
Toujours des vents mais plus de cuivres, ils n’en voulaient pas, mais des bois avec Saxtape et ses cinq leaders, de vrais bêtes de sax ! Un front de sax soutenu par une rythmique terrible piano, basse, batterie. Vous êtes obsédés par le sax, voilà une thérapie.
Place au gros son maintenant avec Shob and Friends. Bâti autour de son leader bassiste, le groupe développe une puissance de groove impressionnante, à cheval sur le jazz, la soul, la fusion. Ca dépote sévère, mais que c’est bon de se laisser traverser le corps par ces bonnes vibrations. Le parc rempli apprécie visiblement.
Quand on parle de fusion en voilà un parfait exemple, le groupe suivant Ishkero, cinq jeunes musiciens aux univers différents qui fondent le tout dans une musique originalement colorée de flûte, de claviers. La découverte du jour, dommage que leur set ait été écourté à cause du timing très serré et retardé de la journée. On veut vous revoir dans le coin les gars.
Durant la journée plusieurs documentaires ont attiré les plus curieux dans la salle des Dominicains ; sur Alexandre Desplat, Lalo Schifrin, des compositeurs de cinéma ( 7ème festival, 7ème Art) et Jean-Michel Bernard, compositeur prolifique de BO, a même régalé au piano.
Mais voilà l’heure des Douves avec d’abord une formation autour de Sylvain Luc qui a carte blanche. Toujours cette musicalité du guitariste entouré de gros calibres tels André Ceccarelli, Thomas Bramerie, Thierry Eliez et Sly Johnson oui, le rappeur. Une façon tellement évidente de moderniser le jazz. Pari réussi.
De l’émotion il vient d’en passer sur la scène des Douves mais ce n’était qu’un préambule par rapport à celle que le public va ressentir pour le concert « Stéphane Belmondo joue Philippe Sarde », un des plus grands compositeurs de BO. Magnifiquement mis en images par Jean Achache ce concert a été d’une sensibilité bouleversante parfois, comme la si belle « Chanson d’Hélène » des Choses de la Vie. Le trompettiste dans un registre intimiste s’était entouré de Jesse Van Ruller (g, excellent), Olivier Ker Ourio (fantastique à l’harmo), André Ceccarelli (dr, toujours là), Thomas Bramerie (cb, encore lui et tant mieux) et Grégory Privat (p, très sobre ce soir, musicalement parlant et sans malice de ma part) ; Sylvain Luc est aussi revenu avec bonheur.
Mais voilà que ça gronde du côté du parc Guadet, l’orage ? Non, le Tom Ibarra Group. Heureux de retrouver nos musiciens en tournée européenne en ce moment. Le parc est littéralement envahi et ne va pas désemplir du concert ce qui est un gage de succès ici car pas systématique. On les connaît par cœur mais on les redécouvre à chaque fois, tant leur musique est vivante d’énergie et de jazz. Vous les avez ratés, pas de problème ils seront à Andernos vendredi prochain à 20h30.
Il est près d’une heure du matin et le service de sécurité doit vraiment nous chasser pour que nous arrivions à quitter ce lieu si convivial ; mais pas d’inquiétude on revient dimanche.
Et oui c’est aujourd’hui et ça promet encore de toucher les sommets. Voyez plutôt :
A 13 heures Robin and the Woods les gagnants du tremplin Action jazz 2018.
A 15 heures Scott Tixier le violoniste qui monte, monte !
A 17 heures The Kilometers les Bordelais qui célèbrent The Meters
A 18h30 Eric Seva et son « Bidy & Blues » si beau et indispensable
Ces quatre concerts sont gra-tuits !!
Salle des Dominicains à 18 h le superbe projet de ciné concert de Christophe Maroye « No turning back »Aux Douves dès 20 heures le bluesman espagnol Javier Vargas et son blues latino puis l’explosive formation de la légende Maceo Parker
Retour au parc Guadet à 23 heures pour un bouquet final avec Nojazz !
Que lundi va être triste…