par Vince, photos Philippe Marzat.
Etienne M’Bappé NEC + Trio
Jazz & Garonne, 5 octobre 2019
Toutes les conditions sont réunies pour que cette 9ème édition du festival Jazz & Garonne débute sous les meilleurs augures : une belle et douce soirée d’automne, un formidable écrin, celui du club le « 180 » au Château Rouge (Sainte-Bazeille 47), et un public éclairé, venu nombreux pour applaudir le NEC + trio.
Eric Séva, en patron, prend la parole pour accueillir les premiers spectateurs de cette nouvelle édition du festival, mais aussi pour remercier chaleureusement les partenaires fidèles sans lequel il ne pourrait renouveler ce rendez-vous jazz en Lot et Garonne.
Le lieu est étonnant et chaleureux. Adossée au château, une ancienne grange transformée en club, des lampes suspendues, des petites tables, un long bar offrant une large variété de produits à boire ou à grignoter… tout est là pour passer une belle soirée.
Dès les premières notes, le trio NEC+ donne le ton. Mélodique, rythmique, ethnique. Le décor musical est posé lui aussi. Etienne M’Bappé, le bassiste camerounais reconnaissable à ses gants de soie noirs, conduit un trio explosif composé de Christophe Cravero aux claviers et au violon et du jeune batteur Nicolas Viccaro.
Si on ne présente plus Christophe Cravero, Nicolas Viccaro est un batteur encore méconnu du « grand public » mais pas des jazz leaders français et internationaux. Originaire de Nice, et disciple de la famille Ceccarelli, il fait une carrière de sideman depuis le milieu des année 2000. A son actif, des noms tels que Dave Stewart, Bill Evans, Mike Mainieri, Biréli Lagrene, Candy Dulfer, Hadrien Féraud, Dominique Di Piazza, Nguyên Lê, Jim Beard, Sylvain Luc, Thierry Eliez, David Linx, Jean-Marie Ecay, Michel Alibo, Linley Marthe, Stéphane Guillaume, Grégory Privat et Olivier Louvel. Bon, vous voyez le niveau !
Après tout, pour ne pas faire de jaloux (et parce que c’est un trio), je vais vous faire le CV rapide de Monsieur Cravero et du patron, Etienne.
Christophe est multi-instrumentiste, aussi à l’aise aux claviers qu’au violon et à la batterie. De nombreux artistes du jazz et de la variété font appel à lui depuis les années 90 (Didier Lockwood, Jane Birkin, Thomas Fersen, Sanseverino, Marc Berthoumieux, Stochelo Rosenberg…) mais c’est avec le batteur Billy Cobham qui le découvre en 2008, qu’il acquiert une notoriété internationale.
Etienne M’Bappé lui, débute sa carrière avec Ultramarine et comme bassiste de l’ONJ sous la direction d’Antoine Hervé à la fin des années 80. Il rejoint le groupe de Salif Keïta en tant que bassiste et directeur musical au début des années 90. Dans la foulée, il est remarqué par des artistes de variété et tourne avec Jacques Higelin, Liane Foly, Catherine Lara, Michel Jonasz…
Les rencontres s’enchaînent et il crée avec Mario Canonge le quartet Chic Hot. À partir de l’année 2000, Étienne Mbappé joue avec Joe Zawinul et devient membre à part entière du «Zawinul syndicate». En 2001, il enregistre sur le dernier album de Ray Charles. Depuis 2010, il collabore avec John McLaughlin et continue à développer ses propres projets en parallèle.
Démarrant sur un titre au tempo dynamique composé par Christophe Cravero (Elegant Elephant), le premier set est ponctué par des morceaux plus ou moins lents aux accents africains. « Mangledi » débute par un solo de basse ; Etienne est rejoint par le Fender Rhodes de Christophe jouant le thème à l’unisson. La coda explosive est l’occasion pour Nicolas Viccaro de s’illustrer ; baguettes vert fluo dans les mains, l’effet visuel se combine à l’impressionnant effet sonore. Bluffant.
Après avoir présenté son trio, Etienne entonne « Nayonde » en chantant dans sa langue maternelle, le Douala. Les pizzicati joués au violon résonnent comme une kora sur la douce voix et la basse, d’Etienne. Les paysages africains se révèlent.
Récemment formé, Nec + est un peu le fruit du hasard. La formation a assuré le remplacement d’un groupe au pied levé ; l’expérience du format restreint a plu aux trois compères, au point de la renouveler dans un club parisien. Ce soir à Marmande, le trio dénommé NEC, initiales de Nicolas, Etienne et Christophe affirme son existence officielle, dans un format à la fois intimiste, minimaliste et farouchement jazz fusion.
Le second set s’avère davantage nerveux, plus musclé. Les sons synthétiques du Nord Stage de Christophe Cravero sont mêlés au jeu puissant de Nicolas Viccaro, métronome implacable et virtuose. Acclamés par le public connaisseur et à peine rassasié, les membres du trio reviennent pour un ultime titre tiré du répertoire du quartet Chic Hot.
Avec cette soirée de haute volée, voilà le festival Jazz et Garonne 2019 formidablement bien lancé. Eric Séva me confiait à l’entracte que les signaux étaient encourageants pour cette nouvelle édition et soulignait l’importance et la fidélité des partenaires. Ses projets sont aussi ambitieux pour 2020 et les 10 ans… et Action Jazz en reparla. Mais pour l’instant place à Stéphane Huchard, Jean-Marie Machado, Olivier Ker Ourio et Jean-Philippe Viret, les 11, 12 et 13 octobre.
https://www.jazzetgaronne.com/
Set list
- Elegant Elephant (C. Cravero)
- Mangledi
- Peruvian waltz (Chic Hot)
- Nayonde
- Assiko twerk (album « How Near How Far « )
- 7 4 2 (C. Cravero)
- Seya
- Diopry
- Mukambilan
- Nyuwé
- Lagos market (album « How Near How Far « )
Rappel
Pymfao (Chic Hot)
Et n’oubliez pas, bientôt Jazz à Caudéran organisé par Action jazz et la mairie de Bordeaux !
