Capbreton Jazz Festival 2023 – Jour 1

par Philippe Desmond, texte et photos (cliquer dessus pour agrandir)

Vendredi 7 juillet 2023

La saison estivale de Capbreton démarre avec le festival de jazz, sa 33ème édition cette année. Des origines avec les stages -festivals de contrebasse « Fugue en Pays Jazz » créés par Christian Nogaro, en passant par « Août of Jazz », c’est désormais en juillet que la note bleue résonne dans la cité balnéaire landaise.

Pris en charge par la Ville de Capbreton et des partenaires privés, le festival est totalement offert au public pendant trois jours. Bernie et Bernardo, le premier pour la direction musicale, le second pour l’organisation logistique travaillent depuis des mois à son organisation ; dans l’ordre, Bernard Labat et Bernard Merlet. Avec eux les services de la ville, culturels et techniques et une belle bande de bénévoles.

Bernard Labat

Un contretemps climatique, les orages, ont provoqué l’annulation de la soirée « Jazz à la Vigne » au domaine viticole de la Pointe, au pied des dunes le jeudi 1er juillet. Mais les trois jours vont eux être épargnés même si le vendredi on a eu chaud, à tous les points de vue.

Le « Papy Boeuf » au zénith

Le sud des Landes et le proche Pays Basques regorgent de musiciens de toutes générations et c’est ainsi au Papy Boeuf d’ouvrir le week-end au jardin public, lieu de tous les concerts, en cette fin de matinée. Sexagénaires et septuagénaires certes mais qui justement ont été jeunes – musicalement ils le sont toujours – à une époque faste pour le jazz. Au programme Kenny Barron, Wes Montgomery, Oliver Nelson, les frères Adderley, les Jazz Messengers, Freddy Hubbard, Mal Waldron, un répertoire plus qu’intéressant et bien adapté au grand public qui vient ici, pas forcément, loin de là, des spécialistes du jazz. Très bon concert sous un soleil de plomb de Marc Alibert (g), Bernard Lassalle (p), Charles « Carlico » Longerstay (gb), Daniel Dumoulin (bat) et du jeune quinqua Stéphane Barbier (st).

L’inauguration du festival

Claire Marsal-Gueze (adj à la culture), Adelino Mota, Bernard Labat, Patrick Laclédère (maire), Eric Kerrouche (sénateur), Françoise Tahéri (préfète des Landes), Lionel Causse (député)

Passage obligé mais indispensable, l’inauguration du festival. Tant que des pouvoirs publics auront la volonté de s’intéresser à la culture et au jazz en particulier il faudra le souligner et les en remercier.

Alghar pour le Circus

L’association le Circus (https://lecircus.fr/) est une partenaire active du festival, assurant buvette et restauration, mais aussi la programmation du début de soirée, allez disons le, pour l’apéro. Ce soir Alghar, une musicienne en solo qu’Action Jazz connaît bien car lauréate du Tremplin en 2020 avec A Polylogue From Sila. Mais aujourd’hui Laurène Pierre-Magnani est seule en scène pour un set osé et innovant . S’accompagnant à la basse, utilisant les boucles sonores, des percus, elle chantent ses musiques et ses textes bien sentis, poétiques et parfois pleins d’humour comme « Je suis un beauf » , elle reprend le « Batarsité » de Danyèl Waro, revendique son propre métissage. Un culot monstre lui dirai-je, me mettre en danger, me jeter un peu dans le vide m’avouera-t-elle. Chapeau l’artiste et quelle voix !

Le sextet franco-portugais

Capbreton est jumelée avec Nazaré, plus célèbre pour sa vague que pour son jazz. Et pourtant ! Sous la houlette d’Adelino Mota un big band magnifique y réside, une festival de jazz s’y déroule dans les environs. Et depuis deux ans le contact s’est fait entre Bernard Labat et Adelino, le festival 2022 ayant accueilli son big band. Justement fin juillet le Big Band Côte Sud se déplacera à Nazaré pour le retrouver dans une bataille royale à la Count-Duke qui s’annonce mémorable. Match retour en 2024 à Capbreton ?

Mais ce soir c’est seulement un sextet qui s’avance. Trois musiciens français qu’on connaît très bien car lauréats eux aussi de tremplin Action Jazz : Félix Robin (vibraphone), Théo Castillo (basse) et Robin Jolivet (guitare). Trois musiciens portugais : André Murraças (sax télor), André Ramalhais (trombone) et Pedro Felgar (batterie). Moyenne d’âge 31 ans. Quatre jours de résidence à Nazaré la semaine précédente, des répétitions en arrivant à Capbreton et les voilà sur ce qui restera certainement un One Shot la logistique d’un tel groupe étant complexe. Une chance unique donc que de voir ces jeunes musiciens s’approprier leur compositions alors qu’ils ne se connaissaient pas il y a encore quelques semaines. Et ils se sont bien trouvés, affichant une belle unité sur leurs compositions très écrites, souvent ambitieuses. Rythmique alerte, beaux dialogues trombone-sax, chorus de guitares inspirés, le vibraphone alerte donnant cette couleur si particulière. Un pari réussi monté de toutes pièces par Adelino et Bernard, et une belle idée qui a montré au public un peu de la scène jazz portugaise à laquelle on ne pense pas spontanément !

Un hommage à Toots Thielemans par le Gonçalo Sousa Quarteto

Toujours dans l’esprit de cette soirée de jumelage voilà maintenant l’harmoniciste Gonçalo Sousa en quartet avec Oscar Graça (piano), Gonçalo Naia (contrebasse) et Diogo Alexandre (batterie). Disons-le de suite c’est un de mes coups de cœur du festival. Un set d’une réelle beauté, virtuose, doux, énergique aussi. Quatre musiciens exceptionnels, ce contrebassiste de 22 ans, ce surprenant batteur, créatif, inventif, nuancé, ce pianiste vertigineux et fluide et cet harmoniciste fabuleux, d’une pureté qui n’a rien à envier à Toots son Maître. Une version du « Moon River » d’Henri Mancini à tomber, déconstruite, reconstruite, un tour chez Jaco avec « Three Views of a Secret », la Sicilienne de Bach si émouvante et cristalline, et bien sûr « Bluesette ». Un bonheur de concert que la découverte de ce quarteto portugais.

A suivre…