THOMAS DELOR The Swaggerer

 

TheSwaggerer

Chez : fresh sound – new talent

Par : Alain Feche

Simon Martineau : guitare

Georges Correia : contrebasse

Thomas Delor : batterie

Quelle joie, quel bonheur, quel plaisir de retrouver Thomas et ses acolytes que nous avions découvert au ‘Caillou’ en janvier 2017. Nous vous avions promis de vous informer de la sortie du CD, dont acte. Voici de quoi raviver le souvenir d’un bon moment passé ensemble. Non, nous n’avions pas rêvé, c’est bien la même ambiance, soft mais pas ‘easy listening’, raffinée sans être intello, subtile et accessible, nuancée et cohérente, légère mais sans ennui… bref : élégante.

Thomas est autodidacte, ça s’entend : pas de schéma déjà entendu, ni enchaînement prévisible. Pas hyper démonstratif ni trop confiné dans son rôle de batteur/leader, pas de rapprochement obséquieux, pas de repère : tout est (à) lui. On se souvenait d’un jeu riche et varié, d’un style personnel, où, autant que les pieds et les baguettes, les coudes et les mains nues (de plus en plus utilisées par les meilleurs improvisateurs) font entendre un percussionniste, voir un coloriste de haut vol, plus qu’un batteur attendu. Un son qui chante et qui enchante. Trio, format exigent s’il en faut. Thomas est à la hauteur de sa prétention : ni trop ni trop peu, il est bien présent tout le long de ces 9 plages, sans se tailler la part du lion, mais toujours à l’écoute des propositions de ses compères qu’il laisse s’exprimer comme il se doit, dans cette configuration intimiste, où la responsabilité de la justesse (rythmique, harmonique, intentionnelle) de chaque note appartient à chacun son tour, et tous ensemble.

C’est un bon disque, avec des vrais morceaux dedans. La set-list classique (pour mieux éclater dès que possible) , 1ère piste : ‘Prélude…’, pour se mettre en jambe, en doigt(é), en souffle, ensemble. Rythmes suggérés plus qu’énoncés, mais harmonies peaufinée. Et puis on rentre dans le vif. Un truc plutôt post-bop, la basse assure l’ambiance (on parlait ensemble de Pierre Michelot -chez Davis-, dont Georges Correia ne refuse pas la référence… ), mise en place d’un fil mono-thème qui va vite s’emmêler, sans pouvoir repérer les boucles qui se nouent et se dénouent, doubler quelques fois la guitare en tutti judicieux… et la guitare, donc, qui semble ici payer son tribut aux anciens, mais avec un son bien contemporain, qui paraît naturel mais résulte d’un bel équilibre d’effets subtiles, qui défini bien le son, et celui qui l’a choisi ! Ensuite, une évocation de la ‘Sonate…’ de Ludwig par la batterie qui surfe sur toutes les notes qu’il nous fait découvrir en exploitant toutes les capacités de son instrument complexe. Plage ‘fanfaron’ (Swaggerer), bien funky. (Sco. Après Jim Hall !?) . Joli placement des cordes parmi le jeu touffu de la batterie. Fraîcheur, joie, humour, amour, belle palette de sentiments à partager. La basse est impériale d’à-propos. Juste là où et quand il faut. Du velours en béton ! Et allez, c’est au tour de Dorak de s’y coller, un bout de symphonie, et ça swing ! Si madame ! On ne perd pas le beat et on s’enquille un bon vieux Monk bien dépoussiéré . Cure de jouvence pour l’apôtre de l’avant-garde. Un ‘Blue in green’ bien sombre, étiré, éthéré, cosmique. Pour finir, un petit résumé de la soirée : ‘Tu l’as vu, Monk ? ‘. Espièglerie en forme de course aux (belles) notes qui s’achève bien trop tôt et donne envie de s’en remettre une tournée : ‘ allez patron , c’est la mienne !’

Vivement de les revoir à Bordeaux !