par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.
Bordeaux le 2 septembre 2018.
C’est la fin des vacances, la rentrée au boulot, dans les clubs, dans les assos, dans les écoles et aussi celles de danse. Ce dimanche, veillée d’arme de nombreux écoliers, voilà donc les danseurs de Swing, Lindy Hop et autre Balboa qui se retrouvent sur la piste.
Ca se passe à la brasserie PIP, la Pression Imparfaitement Parfaite – je vous conseille la blanche – et c’est Bordeaux Swing qui organise. Le lieu est assez atypique, très berlinois me confie l’organisateur programmateur de l’association de danse, Arnaud Heilmann.
Situé à l’entrée de Bacalan, on y accède par une petite porte au fond de la place Victor Raulin. Sur cette même place où trône un blockhaus, vestige de la seconde guerre, pleine de sculptures en métal, massives pour certaines, l’association « Les Vivres de l’Art » ayant son siège ici. Un endroit très original et encore sauvage à découvrir à deux pas de la clinquante Cité du Vin. Une fois poussée la porte, on pénètre dans un mélange de cour et de jardin qui entoure les installations de la brasserie, un lieu assez roots, meublé de bric et de broc avec une jolie scène au fond rose, des bâtiments rouge sang ou bleu Majorelle, un escalier jaune pétard, un grand bar glou-glou, un comptoir miam-miam avec son barbecue. Un endroit surtout très décontracté et accueillant.
C’est la présence du groupe de musiciens bien connus et appréciés d’Action Jazz qui nous a conduits à ce « Swing Summer #5 » : le Dave Blenkhorn Swing Band du guitariste chanteur australo-girondin
avec Hervé Saint-Guirons à l’orgue, Mickaël Chevalier à la trompette (Flumpet plus exactement pour les connaisseurs) et Guillaume Nouaux à la batterie.
Du très beau monde. Le fond rose de la scène leur va à ravir, le bronzage estival d’Hervé Saint-Guirons qui lui donne un faux air de Jimmy Smith, ressortant très bien.
Sapés comme des milords ils contrastent avec les tenues très cool et sentant encore les vacances de la plupart des gens. D’ailleurs je suis un peu déçu, les danseurs de swing étant la plupart du temps bien habillés, voire costumés ce qui ajoute à la beauté de la danse…
Ce qui frappe c’est l’age moyen du public, très jeune, ce qui n’est pas si souvent le cas dans les concerts de jazz proprement dits. Le jazz traditionnel de danse attire de plus en plus ce public jeune qui ne dansait plus depuis des années sinon en solo sur les dance-floors saturés de décibels. On le constate à Bordeaux depuis quelques années, le old jazz ou tradi retrouve du public et de nombreux lieux programment désormais cette musique festive et dansante. Les écoles de swing fleurissent, les quais dansent l’été, la Halle des Chartrons l’hiver, bref à Bordeaux ça swingue de plus en plus !
Au répertoire, Cole Porter, Nat King Cole, Bessie Smith… des tempos rapides, lents, moyens, il en faut pour tous les goûts, tous les niveaux. La voix de crooner de Dave, le son chaud de sa guitare, la belle matière organique d’Hervé, la vigueur de la Flumpet de Mickaël, la finesse du drumming de Guillaume, les danseurs réalisent-ils qui les fait ainsi virevolter sur ces titres de la première moitié du siècle dernier ?
Et ça danse, même pendant les pauses des musiciens où Arnaud tient le rôle de DJ. Avec son asso il organise le Bordeaux Swing Festival du 19 au 21 octobre prochain au Rocher de Palmer avec le groupe du pianiste canadien Gordon Webster, une des grandes pointures mondiales du genre.
Une satisfaction de voir revenir cet engouement pour le jazz festif, intemporel qui ne se démodera donc jamais.
Brasserie PIP : http://www.pipbiere.com/
Bordeaux Swing : http://www.bordeauxswing.com/
