Par Solange Lemoine, photos Alain Pelletier

Ce titre parlera à certains, d’autres moins… en tout cas, moi, c’est ce que j’ai vécu au Rocher de Palmer, le 6 de ce mois.
Dhafer Youssef, en quartet, donnait ce soir-là un concert dans la grande salle 650 du Rocher de Palmer et nous a offert une myriade de sons enchanteurs, à commencer par le “AUM”, son primordial et universel.
Je me sens inspirée de vous conter ce concert à travers le prisme du AUM…

Le A… le commencement :
Le son naît du souffle, il se diffuse en ondes concentriques dans la grande salle suspendue, soutenu pas un beau travail de restitution électro… ça infuse, ça se propage et chacun se laisse petit à petit toucher au cœur. Les spectateurs quittent leur monde et se rallient au monde sonore de Dhafer Yousef, tout en douceur.
Dhafer Youssef nous enveloppe de sons gutturaux puis monte dans les aigus, joue avec l’écho et vient nous chercher en profondeur. Par des vocalises dont il règle l’intensité avec l’ouverture de sa main, nous découvrons un monde musical aux influences soufies, indiennes, jazzy, électro… en tout cas singulières, souvent teintées d’une invitation au ressenti, au recueillement, à l’intériorité.
Le son du saxophone de Raffaele Casarano vient tout en douceur épouser — parfaitement — la voix de Dhafer Youssef, dans une unité, une fusion, une communion totale. C’est magnifique !

Le U… la durée, la continuité :
Il nous est donné à vivre deux heures musicales poétiques et bienfaisantes.
Dhafer Youssef, oudiste et chanteur d’origine tunisienne, est accompagné de trois talentueux musiciens. L’un joue de la guitare électrique (+ tables électro) de main de maître, Eivind Aarset. Le second, Adriano Dos Santos est batteur et percussionniste. Il est brésilien, le cajon est l’un de ses instruments privilégiés. Enfin, au saxophone, je vous en parlais plus haut, c’est Raffaele Casarano, italien, qui s’exprime sur un registre free, chaud et ondulé, souvent en parfaite symbiose avec la voix de Dhafer Youssef.
Sa silhouette chantante et aérienne, toujours en mouvement, son souffle, sa voix, son oud et ses musiciens, composent un tout envoûtant, un ravissement qui nous offre généreusement de l’espace mais ne laisse guère le temps au temps, car il file à la vitesse de l’éclair, mais avec la douceur d’une pluie fine un soir d’été. Nous nous laissons séduire, nous nous laissons porter entre ciel et terre, fortement en résonance avec les éléments et dans un univers spatio-temporel qui nous fait parfois décrocher de la matière. Ainsi que le dit Dhafer Youssef lui-même, c’est un beau partage avec chacun et chacune, dans la salle, et j’ajouterais une voie vers l’unité.

Le M… représente la fin, la mort, la mort du son (associée au silence qui s’en suit, tout aussi primordial).
En sortir de ce concert émaillé de duos exceptionnels — celui tout particulièrement de la guitare électrique et de la voix de Dhafer Youssef me revient en mémoire — je me sentais comme régénérée. J’ai vécu une sorte de rituel de purification, tant les sons mis en scène musicale par Dhafer Youssef avaient été bons pour moi. De ce concert, je ne suis sortie comme j’y étais entrée, bien persuadée que la fréquence Universelle (432 Hz ou 528 Hz, je ne saurais dire de l’Amour ou du Miracle) était venue me surprendre pour un meilleur.
Je fus enchantée et ravie par ce voyage. Il m’est difficile de définir quelle est, de la voix ou du oud, la musique que je préfère… avec les deux j’irais bien explorer la terre et les mers, comme vous sur scène Mr Youssef, du Nord au Sud et d’Est en Ouest.

http://www.dhaferyoussef.com/