Belmondo Quintet

Deadjazz en concert c’est mortel !

par Philippe Desmond, photos Christine Sardaine.

Lionel Belmondo, saxophone ténor et soprano, flutes / Stéphane Belmondo, trompette, bugle / Thomas Bramerie, contrebasse / Eric Legnini, Fender Rhodes / Laurent Fickelson, Orgue Farfisa & Fender Rhodes / Dré Pallemaerts, batterie. https://www.facebook.com/belmondoquintet/

Créé en 1965 le Grateful Dead est un groupe culte, qualifié de rock psychédélique, très électrique et mêlant rock, blues, bluegrass, country et même au-delà, du jazz un peu free, de la musique expérimentale. Il jouera entre autres à Woodstock et toute une génération hippie et au-delà le vénère. Les frères Belmondo avaient envie depuis longtemps de créer un projet autour de ce groupe mythique ; de Ravel à Grateful Dead en passant par Coltrane, rien ne leur fait peur !

C’est un all stars qui se présente devant nous, Lionel le souligne mais il n’en avait pas besoin, on avait reconnu ces cadors du jazz français… et belge ! Lionel a ré-écrit à partir de l’oeuvre principalement de Jerry Garcia leader des GD, s’apercevant ainsi que cette musique assez brute apparemment et écrite sous acide était assez en réalité pleine de finesse, de richesse ; citons Jerry Garcia : « le LSD m’a rendu conscient de plusieurs niveaux d’écoute de la musique. Cela m’a rendu capable d’apprécier des degrés de plus en plus précis dans les rythmes » ; exemple à ne pas suivre bien sûr, Jerry n’a d’ailleurs pas dépassé 53 ans… Moi c’est plutôt vin rouge et fromage nous avoue Lionel, je le confirme ayant eu l’occasion de dîner avec lui l’an dernier.

Ce sextet c’est aussi une bande de copains autour des deux facétieux frangins et un choix osé, jouer les Grateful Dead sans aucune guitare alors il y en avait deux à l’origine, Jerry Garcia et Bob Weir. Ici ce sera deux claviéristes qui se répondent, Eric Légnini sur un Rhodes aux effets vintage ou aux delays de grande ampleur, le piano (un Steinway svp) et le synthé de Laurent Fickelson passant de la rondeur de l’orgue aux timbres métalliques rappelant les guitares saturées. Et bien sûr Stéphane alternant la puissance de la trompette avec la suavité du bugle, Lionel jonglant lui avec le sax ténor, le soprano et la flûte.

Une heure quarante de concert, cinq titres ! « China Cat Sunflower » ouvre l’album et ce soir le concert dans une version deux fois plus étirée. Dré Pallemaerts envoie de suite les explosifs, l’énergie jaillit de partout, les chorus s’enchaînent à commencer par Stéphane très lyrique, Lionel enchaînant tel un sax hero ; les guitares sont oubliées, pas besoin d’elles dans ces adaptations. Claviers délicieusement vintage, nous revoilà plus de 50 ans en arrière ! Que vient faire une contrebasse dans cet univers ? S’imposer tout simplement, aux mains de l’expert Thomas Bramerie elle est là, tonique, solide, indispensable.

Le second titre va nous transporter très haut, sans acide rassurez-vous, un début léger flûte et coquillage (SB), puis une tourne obsédante glissant vers la transe, des joutes des soufflants puis un changement d’atmosphère, nous voilà dans un club de jazz pour un blues profond ; du haut vol !

Du blues en voilà d’autre avec « Stella Blues » introduit en solo par Eric Légnini ; c’est mélodieux, profond, délicat, superbe. Du rock en voilà aussi dans le titre suivant, des envolées lyriques sax et trompette, un solo de batterie hallucinant de Dré, déchaîné ce soir, les cris de Stéphane qui l’encourage, rock je vous dis.

En rappel « Wharf Rat » qui ne figure pas dans l’album. Lionel en leader laisse les impros s’y installer, les encourage, un sextet de potes en totale liberté. Un quart d’heure de bonheur en plus !

Qu’on connaisse Grateful Dead ou pas, aucune importance, quelle chance que le jazz, prendre quelque chose dans n’importe quel répertoire, le tordre, le refaçonner, le remettre en vie, le réinventer !

Et en bonus de bons moments d’amitié de rire avec les musiciens à l’issue du concert pour celles et ceux qui ont eu la patience d’attendre un peu !

Grateful envers vous messieurs et pas encore dead, on en redemande !

Chronique de l’album : Deadjazz

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