Event’s Group – Sortie 13 reçoit Valentin Foulon Balsamo.
par Christine Moreau
Le 30 Novembre, l’espace culturel et artistique de Pessac, Sortie 13, accueillait comme chaque dernier jeudi du mois une jam session ouverte à tous et proposait ensuite un concert de Jazz.
Nous avons déjà eu l’occasion de promouvoir dans ces colonnes ce bel endroit. C’est aussi chaleureux que peut l’être un club de jazz : les soirs de concert, on peut y prendre un verre, déguster une planche apéritive, dîner et écouter de la bonne musique. Le repas est proposé avant le concert ce qui favorise l’écoute et est donc très confortable pour les musiciens.
Le trio formé par des artistes de la scène girondine, le batteur Philippe Gaubert, le pianiste Thomas Bercy et le contrebassiste François Mary avait invité le saxophoniste Valentin Foulon Balsamo à partager la soirée avec eux.
Valentin Foulon est lui aussi un musicien de la scène locale. Professeur et coordinateur pédagogique de l’école de musique de Mios, il est à l’origine du festival de jazz Be(e) Holiday qui a lieu depuis 2022 dans cette petite ville du bassin d’Arcachon.
Artiste brillant et passionné, il mène de front plusieurs projets. Il propose en tant que compositeur un jazz lyrique, moderne, empreint d’énergie et de sensualité dans le cadre de sa formation Docteur Nietzsche qui se produit aussi bien en quartet qu’en octet. Il forme également un duo original saxophone /guitare, dénommé Y.VI avec son épouse Eléonore Balsamo.
Valentin Foulon vient de réaliser un projet qui lui tient particulièrement à cœur Dexter Gordon Légacy. Il a pour ambition de faire revivre la musique de ce grand saxophoniste qui par son jeu et la sonorité singulière de son ténor a bouleversé sa vie. Avec son quintet, il a mis le feu à l’esplanade de la jetée au festival d’Andernos en juillet dernier !
Il s’est prêté avec simplicité et bonne humeur à la Jam en improvisant pour le plus grand plaisir des musiciens amateurs sur Moanin.
Philippe Gaubert, en maître de cérémonie, a présenté le concert à venir en prenant comme fil conducteur l’interprétation de grands standards. Sur chacun d’eux, les musiciens peuvent s’exprimer librement dans cette totale improvisation qui est l’essence même du jazz et qui fait la richesse de cette merveilleuse et généreuse musique.
Pour débuter le set, le quatuor a interprété Forest flower de Charles Lloyd et la salle s’est retrouvée enveloppée par le son puissant et singulier du saxophone ténor. Sur ce titre, se sont posés deux chorus remarquables de François Mary et de Valentin Foulon. Les deux hommes se connaissent bien puisque François Mary est le contrebassiste de Docteur Nietzsche et de Dexter Gordon Légacy.
En ce dernier jour d’un novembre pluvieux, ce fut un bonheur de poursuivre avec une bossa nova Chega de saudade, prétexte à une improvisation remarquable de Thomas Bercy au piano.
Valentin a ensuite présenté Catalonian nights de son cher Dexter Gordon. En virtuose maîtrisant parfaitement les différentes tessitures de son instrument, il met en place un jeu rapide tout en parvenant à sortir des notes inouïes dans les sur aigus et en improvisant souvent « crescendo » dans le sillage de son illustre inspirateur. Chacun a pu jouer son chorus en donnant libre cours à son imagination. Il faut saluer ici le talent de Philippe Gaubert à la batterie, jamais surpris par les audaces des autres instrumentistes.
La soirée s’est poursuivie avec d’autres titres où l’on peut notamment mentionner The days of wine and roses d’Henry Mancini, standard inspirant s’il en est.
Sur Midnight voyage du pianiste Joey Calderazzo, la puissance et le phrasé du ténor se sont imposés tout en laissant la place aux autres solos. Celui de Thomas Bercy, soutenu par une rythmique aux aguets, nous a fait voyager avec bonheur aux confins du thème initial avant que François Mary ne délivre à son tour un chorus pointu, dévoilant une partie de son immense palette de jeu et que Valentin Foulon ne reprenne la main pour conclure ce morceau magnifique. Dans un style différent, sur un tempo plus langoureux, le quatuor a interprété la belle balade du compositeur et contrebassiste Charlie Haden, First song. Le saxophoniste s’y est exprimé avec beaucoup de finesse dans un registre plus grave, soutenu par une rythmique discrète et brillante.
Le concert s’est achevé sur un thème plutôt enlevé du pianiste Eric Legnini.
Pour les amoureux du jazz qui avaient bravé le froid hivernal, la récompense était cette belle soirée en compagnie de musiciens plus que talentueux.
Concluons cette chronique avec quelques mots de Dexter Gordon :
Jazz to me is a living music. It’s a music that since its beginning has expressed the feelings, the dreams, hopes, of the people.
Jam avec Thierry Lujan (basse) et Serge Moulinier (claviers) :
