Big Bang de Big Bands à Tarnos

Texte et photos Philippe Desmond

Ce samedi 27 janvier se déroulait une journée Big Bands à Tarnos dans le cadre des Quatre Saisons du Jazz, complétant le festival Jazz en Mars, le tout sous l’égide de la Ville de Tarnos et de son école de musique dirigée par Arnaud Labastie. Une belle initiative, ces formations ayant quelquefois du mal à s’intégrer dans les programmations du fait de leur taille imposante !

La journée avait commencé dans la Médiathèque Les Temps Modernes avec le big band de l’école de musique.

Le soir la salle Maurice Thorez affiche plus que complet pour les deux formations qui vont nous proposer deux univers musicaux radicalement différents.

Le Big Band Côte Sud joue Quincy Jones

Créé en 1983 le Big Band Côte Sud rassemble 17 pros et (bons) amateurs des alentours de Dax, Soustons et de Bayonne. Dirigé successivement par Jacky Berecoechea puis Jérôme Etcheberry, il est maintenant sous les ordres d’un autre trompettiste, Pascal Drapeau. Après avoir longtemps chaloupé au son des rythmes latinos (plusieurs voyages à Cuba, des collaborations avec des musiciens de là-bas), le voilà de retour vers le Swing. Pascal Drapeau est allé regarder du côté des arrangements et compositions de Quincy Jones. On a donc déjà dépassé les 40’s et les Glenn Miller, Benny Goodman… pour la période des 50’s et 60’s où les formations de Count, Duke, Lionel Hampton brillaient de mille feux.

Présentation impeccable mais décontractée, pupitres siglés, chemises blanches, voilà nos musiciens et notre musicienne prêts à attaquer « Robot Portrait » un compo de mister Q de 1962. Du swing solide réarrangé et orchestré brillamment par Pascal Drapeau. Il en sera de même pour tous les titres, les orchestrations sont soignées, les musiciens répondent au doigt et à l’oeil du leader qui trouve tout de même le moyen de régaler à la trompette et au bugle. Chorus des solistes, harmonies d’ensemble, unissons, toute la palette qu’on attend d’un big band est présente, tantôt flamboyante, énergique, tantôt mesurée, délicate. Voilà deux standards de Basie, « Nice and Easy » et le ronflant « Tickle Toe » puis une version très personnelle de « Lullaby in Birdland » avant la fameuse « Gravy Waltz » qu’ici tout le monde connaît enfarinée grâce à Nougaro. On se souvient de Clifford Brown avec le délicat « I Remember Clifford » introduit longuement et brillamment au piano. « Indiana », « Moanin’ « , que des standards qui enchantent un public disons classique. Ce BBCS est vraiment de grande qualité bien que ne jouant pas si souvent, le problème des big bands. On sait déjà qu’on les retrouvera au festival de Capbreton et aux 24 heures du Swing de Monségur le premier week-end de juillet. En plein air il pourront donner encore plus de la voix ! Bravo madame, bravo messieurs.

Saxophones : 1er alto Franck Loubère (le grand), 2ème alto Baptiste Annette (le Cannonball de service), 1er ténor Sylvain Guttierez, 2ème ténor Pierre Vignacq, baryton Didier Grégoire.

Trombones: Gérard Portellano (basse), Carine Taupiac, Bertrand Deyris, François Darrigan (lead)

Trompettes : Jérôme Okresik, Dominique Lauga (lead), Pascal Lacouture, Romuald Comet.

Piano : Vincent Lajus / CB : Jean-Paul Gilles / Drums : Antoine Gastinel

Direction, arrangements, trompette, bugle : Pascal Drapeau.

L’Orchid Big Band et la modernité

Quittons les 60’s pour nos temps modernes et la musique de notre époque, l’histoire du jazz n’étant qu’une constante évolution dans la continuité.

La première caractéristique visible de l’Orchid Big band est sa parité, même si ce soir ils n’y sont pas arrivés ; une formation de 19 musiciens est en effet soumise aux aléas des disponibilités de ses membres qui jouent dans d’autres formations. Finie l’époque où les musiciens d’un big band ne se consacraient qu’à lui, pas assez de concerts, un tel orchestre étant évidemment plus cher qu’un trio (en général…) et plus lourd en logistique d’accueil, d’hébergement de transport. C’est pourtant tellement intéressant !

Pas de standard au menu – peut-être le deviendront-ils – mais des compositions originales taillées pour le groupe. Démarrage brillant avec « Orchid Ouverture » qui montre que les codes du big band sont tout de même respectés : la section disposée classiquement à cour, la rythmique à jardin et l’orchestration qui donne sa place à tous et à chacun. L’orientalisante « Traversée du désert et sa tempête » démontre s’il le fallait la maîtrise du groupe pour la légèreté avant qu’il ne se lance dans une compo plus dense et complexe de jazz sériel dodécaphonique avec « La Machine d’Ancythère » . Je sens les tenants du jazz classique un peu déboussolés, cette musique contemporaine bousculant leurs habitudes. Le talent individuel des musiciennes et musiciens – ils et elles sont tous de très haut niveau – et le groove qui surgit, réconcilient tout le monde. Ce big band est éclatant de talent sur un répertoire dense et certainement pas facile à jouer. Heureux hasard voilà « Jokari » un titre évoquant ce jeu inventé en face d’ici en 1938, sur l’autre rive de l’Adour, chez les voisins basques de Bayonne ; à Tarnos on est landais et on y tient. Tout à coup surprise avec « Surfin' » composé par Sébastien Llado un madison-twist surgi de nulle part dans cet univers contemporain, une touche de fantaisie bienvenue avant la suite épique telle une épopée musicale écrite par Julien Dubois « Nature absraction – 1 Matin Calme  » . Pas si calme que ça vers la fin, un solo de guitare électrique poussé par la puissance de l’orchestre mettant tout le monde en éveil !

Quelle belle machine que cet OBB qui donne sa pleine mesure sur scène et que vous pouvez retrouver sur l’album « Eclosion » sorti en mars dernier. Voilà une formation qui régénère à sa façon le genre en en bousculant gentiment les habitudes ; il y a de la place pour tout le monde et aucune comparaison à faire, moi j’ai aimé les deux ce soir. Il y a deux types de musique disait Duke, la bonne et la mauvaise. Ce soir c’était de la bonne.

Pour terminer un vrai coup de chapeau à Serge Bianne ( https://aturristudio.fr/ ) assisté d’Olivier Quesada-Tolosa, qui a assuré un son incroyable avec des balances menées de main de maître ; rarement vu ça avec autant de musiciens.

Direction : Thomas Julienne

Saxophones : Julien Dubois, Julien Desforges, Guillaume Guedin, Jeanne Michard, Stéphanie Furlan

Trombones : Sébastien Llado, Sébastien Arruti, Rozann Bézier, Flora Bonnet

Trompettes : Julie Varlet, Gabriel Levasseur, Olivier Gay, Laure Frejacques

Flûte : Christelle Raquillet

Jean-Loup Siaut (g) Clément Simon (p), Nolwenn Leizour (cb), Gaëtan Diaz (bat)

 

Le dimanche les professeurs de l’école de musique ont enflammé le public de la salle Maurice Thorez.

Galerie photos des balances du BBCS et de l’OBB

(plus faciles à faire que le soir du concert)

BBCS

Orchid Big Band