par Philippe Desmond.

Ce dimanche 23 août, voilà déjà le dernier jour du festival commencé le mardi, six jours de jazz, en ce moment ça paraît incroyable mais Capbreton l’a fait ! Contre vents et marées, ici on a l’habitude, les organisateurs et la ville ont maintenu l’événement, même pas peur. Tout a été fait dans les règles ici, précautions, distanciation, jauge réduite, masques… Le public a bien suivi pour les concerts en plein air (l’espace, la gratuité ?) beaucoup moins pour ceux au Ph’Art, la salle du casino, le seul bémol de la semaine. Pourtant ces soirées, elles aussi avec toutes les précautions d’usage, valaient vraiment la peine (voir articles précédents).

La soirée de clôture se faisait traditionnellement sur la place, à côté des bars et restaurants, covid oblige il a fallu trouver un espace plus large et ainsi à l’écart, juste le Boudigau à traverser. Mais ici pas de quoi boire ou grignoter sur place et par dessus le marché un certain match de football, historique bien sûr… Et si ce n’est pas la foule habituelle -ce qui est certainement mieux actuellement – il y a du monde, assis et masqué.

DSC05753

On retrouve avec plaisir le quartet de Jean Trinque (tb) avec Daniel Dumoulin (bat), Serge Sarrat (cb) et Bernard Lassalle (p) ; ils ont déjà joué mercredi mais ce soir remplacent la masterclass initialement prévue. Trombone leader, pas pour du New Orleans mais pour du be bop, Monk, Miles Davis, Freddy Hubbard, Modern Jazz quartet… Formule originale donc, par des musiciens chevronnés en toute décontraction en ces retours de plage et l’occasion de faire entendre au grand public un répertoire intéressant.

La soirée de clôture se veut festive, sauf que cette année il n’est pas permis de danser, alors on se contentera de battre la mesure (souvent à l’envers…) ou de gigoter sur sa chaise, frustrant quand même, surtout quand l’épatant trio acoustique Bordario viendra régaler avec son blues, folk, manouche très entraînant.

DSC05757

Axel Delanis brillant à l’harmonica , Boris Vachet à cheval sur sa contrebasse et Baptiste Dupeyron impeccable à la guitare vont vraiment emballer l’assistance de par la qualité de leur prestation. Un excellent trio pour une animation festive.

La nuit est tombée depuis longtemps pour cette la première soirée fraîche de la semaine, la rentrée s’annonce… Il y a pas mal de matériel à installer pour accueillir le septet fusion de Shob car le changement de registre est total avec du gros son et du muscle ! Du funk et beaucoup d’afro-beat pour le groupe bordelais du bassiste : Johary Rakotondramasy (g), Simon Renault (dr), François-Marie Moreau (st, sb, ss), Pierre-Jean Ley (tr), Ludovic Lesage (percus) et Tony Lavaud (kb).

DSC05780

Bien sûr quelques mamies et d’autres vont s’échapper quand les décibels vont tomber mais ceux qui vont rester vont avoir droit à une belle montée en puissance de ce concert bourré d’énergie. Répertoire original mais aussi des reprises de Lettuce, RH Factor ou encore du grand Femi Kuti.

DSC05819

DSC05796

Tout ça dans la bonne humeur, ponctué des interventions bon enfant de Shob. Vers la fin en quartet ça tournera même au bon hard, comme un bouquet final de ce festival. Mais toujours cette frustration de ne pouvoir danser et cette retenue qui aura prévalu toute la semaine à cause de celle saleté, et je reste poli, de covid. Rapports avec la musique faussés mais surtout rapports entre les gens. Tous ces amis que l’on rencontre et qu’on ne peut (doit) pas toucher, embrasser, jusqu’à quand ?

DSC05826

Impossible de clore cette série sur le festival de Capbreton sans évoquer celui qui l’a initié, le luthier de contrebasse Christian Nogaro. Une exposition de photos lui est dédiée ainsi que cette 30ème édition du festival. Créé à l’origine comme un festival autour de cet instrument, il a évolué au fil du temps, la disparition de son créateur en 2014 ayant marqué un vrai tournant, Bernard Labat étant maintenant aux commandes. Festival des rencontres de contrebasse, puis Fugue en Pays Jazz, il s’appelle désormais Août of Jazz et a maintenant comme fait d’arme d’avoir résisté à l’épidémie, faisant partie des 3% des festivals qui ont survécu.

Voilà quelques clichés de l’artiste artisan Christian Nogaro pris par Xavier Ges (xavierges@aol.com) et reproduits avec l’aimable autorisation de la Ville de Capbreton.

Un immense merci à Bernard Labat et son équipe ainsi qu’aux services et élus de la ville de Capbreton. Bravo pour votre ténacité.

affiche

Carte AJ