Par Dom Imonk, texte et photos
Lao Tseu aurait un jour dit que les « oiseaux volent parce qu’ils ont des ailes », d’autres auraient attribué cette délicieuse assertion à Wayne Shorter, et ça lui irait très bien ! N’empêche que ces quelques mots associés sont chargés de sens, si l’on veut bien considérer les musiciens comme des sortes d’oiseaux, dont le destin savait qu’ils voleraient librement, la vie leur imposant pourtant de sérieuses contraintes, comme à tout être vivant sur cette drôle de planète. Mais ils avaient peut-être en eux les gènes de la musique, bien avant leur naissance ! Le chromosome de la musique ? Du jazz ? Un meunier moud paisiblement son grain, nourrit son monde et lui aussi, mais qu’il soit soudain attiré par de jazzistiques graminées, tout peut alors changer le cours des choses, en moins de temps qu’il ne faut à un chorus de jazz pour se développer ! C’est ce qui s’était déjà passé le 05 juin dernier au Meunier, bar à tapas et cocktails, 3 Place Lucien Victor Meunier à Bordeaux, nous avions alors « speed chroniqué » l’évènement.
Le jeune Andrea Glockner, bugliste émérite, mais désormais tromboniste à piston, aux indéniables progrès en à peine quelques mois, laissons la jeunesse faire selon son envie, s’y était produit en duo avec son professeur de composition et délicat claviériste Bruno Rattini, au jeu riche et séduisant.
Mais, oh surprise, ne voilà pas que les deux hommes ouvrirent une sympathique jam, qui nous permit de retrouver deux jolies pointures du jazz bordelais : Laurent Robino, remarquable disciple du regretté Lee Konitz et du grand Alex Golino, dont la beauté immaculée de son sax alto couleur de neige, fondait à l’irrésistible et séduisant soleil de ses approches dorées,
et Antoine Taussat, batteur, élève de l’ami Sébastien Iep Arruti, fort prometteur batteur , dont la photo zeppelinienne de couverture de son mur facebook, cache une déjà vraie connaissance de la chose jazz, comme celle de feu John « Bonzo » Bonham, batteur de Led Zeppelin, grand fan de Buddy Rich, que son père menait dans sa jeunesse voir en concert des big bands jazz, dont le gamin raffolait !
Hé bien sachez que c’est ce quartet, sans basse, que nous avons retrouvé ce vendredi 19 juin, dans ce lieu fort accueillant, qui a très vite affiché complet, et dont le public, vraiment fan de jazz, attentif au moindre accord ou chorus, s’est régalé de standards et compositions, dont le défilement improvisé a finalement tiré son charme vif de la programmation instantanée et imprévisible, quoiqu’en fut le plan initial. Le jazz quoi. Et, cerise sur le gâteau jazz, Loïc Guenneguez, l’un des plus affutés trompettistes/buglistes de la place, s’est joint à la fête pour trois, titres, « Bye Bye Blackbird », « Ornithology » et « Tune Up » !
Résultat des courses, fraicheur, plaisir de jouer, adaptation au moindre sourire du public, à sa respiration. Le musicien, observateur de l’éphémère, répondant au jugé à l’attente inconsciente de son auditoire, à la simple vue de ses visages, de ses regards, satisfaits, ou en l’attente de quelque chose d’intime. Au final, deux sets où des messages d’amour du jazz ont été livrés, au travers d’une généreuse douzaine de titres, joués avec tact, respect mais aussi joie fraiche et jaillissante de satisfaire de vrais fans, cela se voyait ! Quelques doigts se lèvent, vous souhaitez la set list c’est ça ? Mais qu’à cela ne tienne !
1° set :
« Out of nowhere »
« Blues for C.T » (compo)
« Met the last day in Paris » (compo)
« Black trombone »
« St Thomas »
« Tiatilae » (compo)
« Au privave »
2° set :
« Birk’s works »
« Perdido »
« Bye bye blackbird »
« Ornithology «
« Tune up ».
Merci à tous ces musiciens et à Florian du Meunier ! See you next time !
Par Dom Imonk, texte et photos
Initialement paru sur Speed Chronics