Par Dom Imonk – Texte et photos.
Le Bistrot Bohème est l’un des lieux incontournables du jazz à Bordeaux. Pour qui est fervent des tribulations libertaires de la « note bleue vagabonde », il s’y passe toujours quelque chose d’intéressant. Pour sa première édition 2020, il a eu la riche idée d’inviter le vibraphoniste Félix Robin.
Toms Rudzinskis & Félix Robin.
Vous l’avez surement déjà croisé un jour, car il est très actif sur la région, en diverses formations, en particulier avec des groupes sacrément culottés tels que Capucine et V.E.G.A. (tous deux membres du collectif Hello Buddy !). Bien que natif de Luçon en Vendée, Bordeaux est devenu sa nouvelle patrie. Alors que récemment diplômé du Conservatoire Jacques Thibaud, il aurait pu comme d’autres s’échapper à Paris, et bien non, il reste là, fidèle au poste et à ses idées, et il serait bien plus difficile de l’en déraciner que ce qui est advenu des pauvres marronniers de la place Gambetta, devenue si triste après cet assassinat végétal. Mais ses idées de développement et d’échanges en matière de jazz , hors frontières de lieu, donc de l’esprit, l’autorisent à de fructueuses et intrépides excursions musicales en d’autres contrées, bien plus éloignées, comme lors de tournées sur l’île de la Réunion, un passage à New-York, la Pologne et peut-être bientôt l’Allemagne. De Pologne, il nous avait d’ailleurs ramené son ami et excellent saxophoniste Dawid Tokłowic, pour quelques dates très appréciées dans la région. Ce soir, le voici donc entouré de ses « friends » : Louis Laville, son frère d’âme « soul » à la contrebasse alpine,
Louis Laville
de Hervé Saint-Guirons, remarquable hammondiste reconnu, bienveillant pilier de la scène régionale, que l’on découvrait ce soir bigrement volubile au piano,
Hervé Saint-Guirons.
et de son invité d’ailleurs, autre saxophoniste de haute volée, et pas des moindres, Toms Rudzinskis, d’origine lettone et basé à Berlin, et avec lequel plusieurs concerts furent joués sur la région, dont un mémorable au Quartier Libre mardi dernier, suivi de la jam jazz du mercredi.
Toms Rudzinskis.
Ce groupe très soudé, s’exprime d’un jeu chaleureux, fin, moderne et enrichi d’une connaissance affutée de l’histoire du jazz, et de ses standards, dont il nous a fait l’honneur ce soir de nous en offrir en deux sets une belle dizaine, de « Take the Coltrane » à « Cherokee », en passant par « I fall in love too easily » (grosse insistance de Félix Robin sur la version de Chet Baker, comme il a raison ! ) et «There will never be another you », interprétés avec tact, inventivité, et, surtout, fraîcheur ! Et ça, le public, attentif et enthousiaste ne s’y est pas trompé ! Le lendemain, le groupe se retrouvait au Thélonious, sans Hervé Saint-Guirons, mais avec Thomas Galvan à la batterie, pour rendre hommage au grand Charlie Parker. Savourez sur son mur les très belles photos de Thierry Dubuc, du collectif BlueBox, qui rendent avec grâce un compte émotionnel fort de ce qui a dû être aussi une très belle soirée ! Pas de frontière pour le jazz, et pour ses fiers représentants ! Libre circulation de droit universel pour eux, leur musique et leurs idées! Mention spéciale à la carte raffinée, abordable et succulente du lieu, et à l’attention de chaque instant de l’équipe fort sympathique ! Merci enfin à tous ces musiciens, et bon vent à Toms, en espérant le revoir bien vite.
Félix Robin & friends.
Par Dom Imonk – Texte et photos.
Le Révérend.
