Par Anne Maurellet, photos Alain Pelletier

Starfish, Bordeaux 9 janvier 2019

Starfish nous a encore illuminés avec Thomas Gaucher (guitare), Doc Tomachot (sax alto), Louis Laville (contrebasse), Robin Magord (claviers) et Gaëtan Diaz (batterie).

On commence avec « Mister Brown » de Mark Turner. Vous voyez une immense vague qui ondule avant d’enrouler le surfer impénitent, Thomas Gaucher enrobe comme ça : arrondis parfaits, amples. Le saxophone de Doc Tomachot frétille pour se dégager habilement du tube enjôleur. Robin Magord au clavier préfère la brise hérissant la crête de l’océan. On veut rester là : dans le froid hivernal bordelais, on sent soudain la chaleur du jazz ; il envoie une belle écume !

« Mantra » de Kendrick Scott : à nouveau le duo sax et guitare. Descendons sur la plage : sortez les maillots, dansez, chaloupez. Petit swing joyeux, juste, pur, les pieds légèrement enfouis dans le sable, la tête près des nuages.

En hommage à Victor Lewis-Smith, « Hey It’s Me Your Talkin’ To », il faut attraper la route et partir en bande joyeuse : courez, sautez, l’air est léger ; on dirait une comédie musicale d’aujourd’hui. Le clavier de Robin Magord nous emballe et si la route est longue, il n’y paraît pas ! Les cinq jazzmen gravissent les collines et on les suivrait bien, emportés, heureux. Le saxophone n’est pas en reste et récupère les retardataires. La batterie de Gaëtan Diaz nous envoie dans un paradis exotique. Ils partiront ensemble, là-bas dans la brume de chaleur.

« East Coast Love Affair » de Kurt Rosenwinkel n’est pas pour sortir du rêve… Thomas Gaucher, au son ici particulièrement sensuel, à la rythmique enlaçante…On se laisse enrober dans ce miel parfumé aux fleurs enivrantes. « Love Affair », peut-être bien, y croire le temps de cette séduction : instruments aux mains caressantes, frissons progressifs de plaisir. Encore ! Le clavier ajoute un souffle de douceur au doigté de la guitare et du sax.

Pour finir, Pat Metheny avec « Song For Bilbao », la contrebasse de Louis Laville assure toujours avec une légèreté bienveillante. Il faut bien redescendre. Ils sont là, tous cinq à construire un monde enthousiasmant, plein, swinguant. Continuez ainsi, nous ne sommes pas malheureux d’avoir abandonné le mirage parce que la joie est ici installée, vraie : Thomas Gaucher a amplifié le son qui nous emporte encore plus loin dans la vie affirmée.

Une jam s’en est suivie toujours dans la bonne humeur et un partage sans compter… Louis Gachet (trompette), Thomas Despeyroux (batterie), Jonathan Bergeron (saxophone alto) et donc Thomas Gaucher (guitare), Dimitri Suso (bugle), Louis Laville (contrebasse) et David Abeijon (violon) étaient à l’appel !

On sort dans l’air glacial, mais c’est l’été…