ANDERNOS JAZZ FESTIVAL 2022 – jour #2

Le 30 juillet 2022

par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat (cliquer sur les photos pour agrandir)

« Claribol Stompers réveille la jetée »

Ce samedi 30 juillet Andernos se réveille en jazz sur deux sites, la place du 14 juillet avec l’orchestre jazz de l’école municipale de musique et sur l’esplanade de la jetée avec le quintet bordelais Claribol Stompers (Claribol c’est la clarinette, et stompers c’est ceux qui tapent du pied). Les excellents Denis Girault (claribol), Nicolas Dubouchet (contrebasse), Geoffroy Boizard et Ludovic Langlade (guitares) et Yann Vicaire (batterie) ne vont pas mettre longtemps pour embarquer le public venu pour la promenade, l’apéro et aussi pour eux ! Leur musique mêlée de swing et de gipsy, Django n’est pas loin bien évidemment, c’est pour certains le vrai jazz, celui au tempo marqué aux mélodies vivifiantes, c’est pour tous un plaisir musical simple (mais pas si facile à jouer) qui ne peut que vous faire stomper donc ! Très bon choix de programmation pour lancer cette deuxième journée du festival qui s’annonce riche. Et pour les amateurs de jazz type NO on retrouvera même Denis, Nicolas avec Jean-Michel Plassan (banjo) et Loïc Guenneguez (trompette) formant le Bord’Old Jass band Quintet déambulant dans les rues de la ville.

« La classe du trio de Guillaume Nouaux »

Du jazz classique en revoilà, et du bon, sur l’esplanade de la jetée à 19 heures ; pour certains du jazz tout court, le reste n’en étant pas, cette musique n’ayant pas évolué selon eux depuis les années 30 à 40. J’exagère à peine. C’est le trio de Guillaume Nouaux, pour la première fois à Andernos, qui est sur scène. Le natif d’Arcachon, un des meilleurs batteurs de ce style de musique (il a commencé pourtant en jouant du métal), le Testerin Jérôme Gatius un maître de la clarinette, et le fantasque pianiste de Biscarrosse Alain Barrabès vont nous ramener en musique dans la Nouvelle Orléans du début du siècle dernier avec la virtuosité qui les caractérise faite de musicalité et de précision. Chaque fois que je les entends je me fais prendre alors que ce style de jazz n’est pas mon préféré ; ils arrivent même à m’émouvoir comme sur ce titre récent d’Evan Christopher « Waltz for all souls » joué au rasoir par Jérôme, à me faire rire avec les pitreries scattées d’Alain, à m’impressionner avec le « Moanin’ » à la mélodie jouée sur ses peaux par Guillaume ou ses solos de batterie saisissants. La grande classe. Vous les avez ratés ? Ils seront au festival de Mios le samedi 20 août, de retour de Marciac.

« Le jardin enchanté de Maciek Pysz »

Ce soir le festival s’est déplacé au jardin Louis David (aucun rapport avec le coiffeur proche prénommé Jean-Louis). Nous allons découvrir – grâce à Eric Coignat le directeur du festival qui a été curieux avant nous – le Maciek Pysz French Quartet ; pourquoi French ? C’est un type de formation acoustique avec cordes, ici le polonais Maciek Pysz à la guitare, Christophe Wallemme à la contrebasse, Laurent Derache à l’accordéon et Antoine Banville à la batterie. Il fait bon assis dans l’herbe sous les frondaisons pour écouter cet enchantement musical. Guitare et accordéon se marient à merveille dans des mélodies et des harmonies touchantes et passionnées. Le quartet propose une osmose totale, le public à l’écoute retient son souffle devant tant de beauté. Voilà une version du « Tango pour Claude » de Richard Galliano, un hommage à Paco de Lucia avec « Désert ». remarquable ce long ostinato dans le titre final, le groupe affichant une cohésion parfaite. Et nous avons découvert un fabuleux guitariste. Il diront le lendemain à notre photographe Philippe Marzat qui partage leur hôtel, qu’ils avaient particulièrement bien joué, inspirés par le lieu, le public nombreux. Tant mieux nous y étions.

« Le manouche fusion de Benjamin Bobenrieth »

Entré en jazz à l’âge de 15 ans par le swing manouche, Benjamin Bobenrieth tout en y gardant un pied a fait évoluer sa musique bien au delà. Avec cette formation, lui-même aux guitares et aux compositions, Ludovic Machane (guitare rythmique), Raphaël Tristan Jouaville (violon), Vincent Hemery (contrebasse) et Benjamin Naud (batterie), il fait glisser le style manouche vers un univers plus fusion parfois, libéré de la pompe rythmique traditionnelle. Brodant de la jota basque au blues, il introduit souvent du groove dans sa musique quand il s’empare de sa guitare électrique aux effets électros, évoquant parfois le son de Pat Metheny. Quant aux dialogues et duels de la guitare et du violon, soutenus par une rythmique musclée, ils me rappelleront les joutes mémorables du Mahavishnu Orchestra. Encore une découverte dans cette programmation 2022 particulièrement éclectique, sans affiche majeure, jamais gage de réussite d’ailleurs. Et tout ceci offert au public, rappelons-le. Merci Andernos.

Galerie photos de Philippe Marzat (droits réservés)

Claribol Stompers

Guillaume Nouaux trio

Maciek Pysz quartet