Akoy Kartet aux « Jeudis du Jazz »
par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat
Créon, jeudi 16 décembre 2021.
Revoilà un jeudi du jazz, comme depuis plus de dix ans chaque veille de petites vacances, ici celle de Noël. Mais voilà qu’une saleté d’épidémie remontre ses griffes obligeant les organisateurs à réagir. Certains annulent mais Larural est une association courageuse, pas question de nous priver de musique, nous serons seulement privés de dégustation de vin et d’un bon plat chaud, le concert ne sera pas dans sa forme cabaret habituelle mais en configuration spectacle.
Au programme Akoy Kartet qui depuis deux ans arrive à se faufiler entre couvre-feux, restrictions et confinements. Leur concert de sortie d’album avait eu lieu en octobre 2020 peu avant que les portes des salles de concert ne se referment, cette fois les revoilà avant que nous arrive on ne sait trop quoi…
Ce groupe qui existe en pointillé depuis 2007 est formé autour du saxophoniste Alain Coyral avec Christophe Jodet à la contrebasse, Serge Moulinier aux claviers et Didier Ottaviani à la batterie, quatre Girondins pur sucre, les deux derniers habitant même dans la Bastide créonnaise auto-proclamée Capitale de l’Entre-deux-Mers.
Répertoire original pour ce quartet, en partie écrit pas Alain Coyral et étoffé par Christophe Jodet. Ni jazz traditionnel, ni hard ou be-bop, ni jazz fusion, du jazz avec ses mélodies et sa liberté d’improvisation. Mélodie, toujours, importante, jamais loin même lors des improvisations, une musique jamais complexe, pas trop de notes comme je leur dirai en plaisantant, loin de circonvolutions trop souvent entendues dans le jazz moderne. On ne se perd ni ne s’ennuie jamais, on a même parfois envie de danser.
Alain Coyral passe avec la même aisance de son saxophone ténor au soprano nous offrant des chorus dynamiques utilisant avec parcimonie et donc élégance quelques effets électroniques. Le clavier de Serge Moulinier sonne très 70’s , soit Fender Rhodes soit Clavinet et il ne se prive pas d’y promener ses doigts avec virtuosité et surtout musicalité. A la contrebasse Christophe Jodet au delà de son apport rythmique indispensable est aussi capable de soutenir les mélodies ; arc-bouté sur son instrument il est un côté fondamental du carré. Quant à Didier Ottaviani il nous a une nouvelle fois épatés par la finesse et la richesse de son drumming : cette créativité sur « Sarah Felicitad » ! Quand en plus, depuis le temps qu’ils jouent ensemble bien avant 2007 et la création ce de quartet, l’osmose est parfaite, le résultat global ne peut qu’être magnifique. Une force harmonique se dégage de ce quartet, une énergie maîtrisée sans exubérance, un vrai groove.
L’album « Tous les quatre » qui est déjà une réussite trouve en public une autre dimension avec parfois même des accents rock ou funk.
https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/akoy-kartet-tous-les-quatre/
Rappel en forme de clin d’œil à Noël qui approche et à une certaine Mariah Carey qui a détrôné Tino Rossi pour abîmer nos oreilles ; voilà un « Vive le vent » funky et décoiffant qui renouvelle le genre introduit à la flûte par Alain et Christophe. Et pour vraiment terminer « La fille du facteur » avec sa descente harmonique caractéristique de « la Bicyclette ».
Comme d’habitude un son et des lumières impeccables grâce à Cyril (Audiotech) et Ramuncho. Un petit tour au bar où ici spectateurs, organisateurs (bénévoles) et musiciens se mélangent. Vraiment sympas ces « Jeudi du Jazz » de Créon ! Le prochain ? Jeudi 10 février à 19 heures avec Akoda et son jazz créole.
Carlina Cavadore directrice de Larural
