Par Philippe Desmond, photos Christine Sardaine et PhD
Le Rocher de palmer, Cenon le 16 février 2020
Parmi les instruments emblématiques du jazz de New Orleans le trombone occupe une place de choix. Les marching bands, les parades sont ses lieux de prédilection. Gaëtan Martin, un des responsables de l’école de musique de Cenon et tromboniste lui-même, est d’ailleurs allé plusieurs fois à New Orleans, il y a joué. Il œuvre au sein de la jeune Association Trombones Nouvelle-Aquitaine créée en 2019 qui ce week-end à l’école de musique de Cenon et dans l’indispensable Rocher de Palmer, organisait un rassemblement de trombonistes de plusieurs conservatoires ou écoles de la région.
En ce dimanche après-midi de quasi printemps, le Salon de Musiques est archi bondé et cette fois les coulisses sont sur la scène. Il sont en effet une centaine de trombonistes autour de Fred Dupin (sousaphone), Laurent Mastella (banjo, guitare électrique) et Yann Vicaire (batterie, washboard).
Il a même fallu rajouter des avant-scènes pour loger cette horde de cuivres et encore certains jouent dans la salle. Ce concert est l’aboutissement du stage du week-end mais déjà préparé en amont dans les conservatoires. Et bien croyez moi, le trombone a encore un bel avenir dans nos contrées.
Beaucoup d’enfants ont en effet choisi cet instrument, pas forcément le plus naturel quand on commence la musique. Les plus jeunes doivent avoir 7 ou 8 ans. Mais tous les âges sont représentés, la présence masculine étant assez écrasante. Un tel rassemblement mais de flûtistes nous montrerait à coup sûr l’inverse…
Gaëtan Martin
Après un départ et une arrivée en fanfare sur « Joe Avery Blues » le concert, qui tourne autour de New Orleans, continue tranquillement avec un répertoire traditionnel.
Une marche d’obsèques, une musique de parade de rue plus alerte, du gospel, du tradi comme l’éternel « Dinah », tous les aspects sont abordés.
Yann Vicaire va épater le public peu habitué – et ceux qui le sont aussi – au washboard, devant ce mur de soufflants très appliqués. Puis le concert va s’emballer quand Gaëtan Martin nous fait passer aux musiques actuelles de la ville du jazz, celles de Trombone Shorty et de Bonerama, les tenants du funk rock. Trombone Shorty a d’ailleurs joué ici dans cette même salle et Gaëtan, grâce à Fred Dupin un habitué de NO, a lui joué avec certains des membres de Bonerama. La douce harmonie laisse la place aux riffs puissants, aux questions réponses entre le général Martin et son armée de trombones.
Aiguillonnée par la guitare électrique de Laurent Mastella, cette masse de cuivre va se déchaîner avec un plaisir non dissimulé. Ca groove terrible, chose pas si évidente à faire avec un tel effectif. C’est dire que les arrangements de Gaëtan sont particulièrement efficaces. Les musiciens amateurs présents n’étudient pas forcément le trombone jazz ou bien encore ne jouent que le style tradi de rue mais finalement la cohésion s’est faite. Des forêts de smartphones filment, qui un enfant, qui un parent ou un ami. Que toutes ces personnes aient ainsi envie de revenir ici écouter du jazz, l’offre du Rocher est si alléchante.
Très belle initiative, studieuse et festive comme Gaëtan sait en organiser, nous avions par le passé évoqué le magnifique week-end dédié au tuba.
Les écoles de musiques participantes :
Pessac, Cenon, Conservatoire de Bordeaux, Gradignan, Saint André de Cubzac, Conservatoire d’Agen, Gujan-Mestras, Marmande, Saintes, Blaye, Blanquefort, Pompignac, Bouliac, Salles.
Le répertoire :
Joe Avery Blues, Just a Closer With thee, I’ll fly Away, Dinah, Bill Bailey, WashBoard Wiggles, Over in the Gloryland, Buck Jump The Wizard
