par Philippe Desmond.

W Lecomte

William Lecomte est un sideman très apprécié et un homme réfléchi. Il lui aura en effet fallu plus de 7 ans de réflexion avant de se décider à promouvoir son album « Reflections ». Un album de compositions, quasi exclusivement, articulé en trois volets, quelques titres puis une suite en plusieurs mouvements et enfin une autre de trois morceaux, nommée Brazilian Suite.

Pianiste, compositeur et arrangeur voilà trois compétences de William Lecomte. Mélodiste peut-on rajouter, les premiers titres annoncent la couleur, du jazz mais autour d’une mélodie, d’un thème bien identifié et toujours réussi. Il joue ici en trio avec Thierry Arpino (dr) et Santi Debriano (cb) mais avec de nombreux invités et pas des moindres.

Seule reprise de l’album un standard bien français, « La Javanaise », oui celle de Gainsbourg. Quand on dit que le jazz n’est pas un style de musique mais une façon de la jouer. Le piano y swingue sur une vive rythmique. Grand pianiste que monsieur Lecomte avec des vagues à la McCoy Tyner et parfois sa volubilité je trouve.

Dans la seconde partie de l’ouvrage arrivent une série de mouvements à laquelle la formation classique du pianiste n’est pas étrangère. Un quatuor de cordes ajoute cette couleur chaude à la profondeur du trio. Un basson complète le dispositif harmonique sur ces incessants allers retours classique/jazz que peu arrivent à maîtriser, la mélodie étant toujours la base. Un violon différent et caractéristique surgit, celui de Jean-Luc Ponty que William accompagne depuis une dizaine d’années. Le rythme s’envole, le swing débarque, violon et piano bavardent gaiement. Ines Martinez de sa voix de cristal interrompt ces messieurs pour conclure cette suite.

Dans la dernière partie, nous voilà maintenant partis vers le Brésil, celui qu’on aime, ce pays de musiques, de fêtes, de danses. Sur « Matthieu » la flûte de Claudio « Cacau » de Queiroz et la basse de Carlos Werneck dansent la samba, le piano d’abord en soutien se met à chanter. Bossa Nova avec « Mayeul », et pour finir « Manuel » une pièce de toute beauté où William Lecomte nous montre ce qu’il sait faire avec un piano, une main gauche très franche et un toucher délicat de la main droite.

Un très bel album qui reflète toutes les qualités du musicien, à découvrir ou à redécouvrir en attendant ses prochaines productions qui ne sauraient tarder.