Nojazz « play Jazz »

par Philippe Desmond

Nojazz play Jazz. Paradoxal ? D’abord c’est quoi le jazz ? Charlie Mingus répondait « Je n’en sais rien et je m’en fous ! ». Quelques pistes quand même, un style qui évolue sans arrêt mais qui s’appuie sur une histoire, une façon de jouer de la musique plus qu’une musique elle-même. Une recette ? Non, des disques entiers de recettes. Comme ici, prenez ce qu’on appelle communément des standards, du swing au be-bop, de la bossa nova au blues, de New Orleans à Broadway. Rajoutez des notes de hip hop, des sauces électros, saupoudrez de hard bop vintage, agitez avec du swing, le groove va monter tout seul, servez chaud ! Ca s’appelle Nojazz.

Vingt ans que Nojazz met un peu de pagaille dans le milieu, inclassables. Capables de mettre le feu dans n’importe quel festival qu’il soit de jazz ou d’autre chose, je me souviens de la folie qui s’est emparée de Saint Emilion en ce mois de juillet 2018, leur cuisine servie avec le breuvage local ayant fait un malheur pour notre plus grand bonheur. Déjà en 2004 ils annonçaient la couleur « No Limits » s’intitulait leur album. Pop (mon surnom de grand-père), mets nous Loup Garou ; oui Nougaro samplé et présent sur cet album avec son titre « le K du Q » et qu’ils me réclament en montant dans la voiture depuis qu’ils ont trois ou quatre ans. Pour une fois que des enfants veulent du (no)jazz c’est bon signe !

Nojazz ça ose tout, c’est à ça qu’on les reconnaît, comme disait l’autre, même sampler Jeanne Moreau dans « Moderato Cantabile » sur Summer Samba à dominante de l’accordéon de Laurent Derache ou la voix de Louis Armstong en conclusion d’un « What a Wonderful World » renversant.

Autre paradoxe Nojazz ce sont des musiciens de jazz, Philippe Sellam au sax, Sylvain Gontard à la trompette, Philippe Balatier aux claviers, Pascal Reva à la batterie et Samuel F’Hima à la basse. Leur producteur historique Philippe Delmas malheureusement suit tout cela depuis en haut.

Zawinul époque pré Weather Report est là avec son « Mercy Mercy Mercy », une version fortement rap qu’il n’aurait certainement pas reniée lui l’explorateur de sons. Citons encore la « Caravan » qui se met aux normes 2022, bourrée d’électronique et repeinte en hip-hop, tout en gardant ses formes vintage.

Ca fait du bien tout ça !

« To be jazz or not to be jazz ? A vous d’écouter pour voir !

Disponible le 1er avril 2022

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