par Philippe Desmond, photos Thierry Dubuc.

le Caillou, Bordeaux le 24 février 2018.

Ce soir c’est un concert de Tom Ibarra qui nous attend, un de plus me direz vous. Certes, mais pas avec Le Tom Ibarra Group mais sous une forme insolite, en duo de guitares avec son pote Kévin Lazakis. Les deux se connaissent depuis l’arrivée de Tom au Centre des Musiques Didier Lockwood, où ils étaient colocataires. Un autre point commun, ils écrivent tous les deux de la main gauche mais jouent en droitiers étant quasi ambidextres ; la vie est injuste…

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En retrouvant Tom c’est bien sûr du violoniste brutalement disparu que nous parlons. Quand il l’a rencontré pour la première fois pour lui montrer son talent naissant et prometteur, Tom avait 11 ans. Didier ne l’a jamais perdu de vue ensuite, le persuadant même de continuer ses études jusqu’au bac – et ce n’était pas simple – en lui promettant ainsi de le prendre au CMDL. Autant dire que Tom a lui aussi perdu un être cher, une de ces épreuves qui font mûrir. A ce propos arrêtons de parler de son âge – il a toujours détesté ça – c’est fini tout cela, balayé, déjà du passé, c’est un homme maintenant, un  (bel) artiste en plein développement parmi tant d’autres et des routes qui semblent s’ouvrir partout..

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Preuve de cette évolution, cette soirée qui est la première d’une série. En effet chaque dernier jeudi du mois Tom Ibarra aura carte blanche pour se produire en duo au Caillou. Le 29 mars il jouera avec le jeune pianiste Arnaud Forestier, le 26 avril avec la guitariste chanteuse Leah Marx, le 31 mai avec le contrebassiste Matis Regnault, le 28 juin avec Auxane Cartigny le pianiste du TIG, en juillet avec le fantastique sax du TIG, Jeff Mercadié et en août avec son bassiste historique des débuts, Jean-Marie Morin.

Au programme ce soir une série de standards très variés, balayant de nombreuses époques et divers styles musicaux. Set list en fin d’article. Le Caillou est bondé et a refusé du monde comme à chaque passage de Tom.

Pour faire un parallèle avec l’actualité olympique ce soir pour Tom et Kévin, c’est un peu comme l’épreuve des figures imposées au patinage artistique (désormais disparue), un passage nécessaire, sur le fil du rasoir. Pas possible de se cacher derrière une rythmique et un son amplifié, si tant est qu’il l’ai déjà fait. Dans cette forme on est tout nu sur scène me dit Tom et cette mise en danger – très relative mais quand même – ne peut qu’être bénéfique pour progresser et je rajouterai faire partie de la famille du jazz. Tous ou presque se sont frottés à ce genre d’exercice dépouillé empreint d’histoire musicale.

Et alors ça donne quoi ? Un moment très cool pour utiliser un terme du jazz, chacun alternant partie rythmique et soliste, des thèmes réarrangés pour pas mal, des impros bien sûr, quelques petits défis et des regards échangés qui ne trompent pas.

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Exercice imposé réussi avec brio, finesse et sensibilité, pas de démonstration technique – elle est bien là pourtant mais parfaitement maîtrisée – ni d’excès de vitesse. Très peu d’effets électro, presque intimiste parfois.

On ne connaissait pas Kévin Lazaris, le Toulousain,  qui se cache derrière sa grande mèche et sa barbe de hipster et on découvre un excellent guitariste (voir plus bas le lien vers son projet actuel).

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A ce sujet voilà un trait intéressant de la personnalité de Tom qui apparaît dans ce choix de partager la scène avec un autre guitariste. Il aurait pu s’éviter cela pour ne pas se mettre en concurrence mais il n’est pas dans cet état d’esprit, il est ouvert, ce qu’il avait prouvé en allant chercher pour son quintet un autre soliste pour partager le devant de la scène, le saxophoniste Jeff Mercadié.

En attendant le jeudi 29 mars au Caillou, pensez à venir écouter le Tom Ibarra Group au Rocher de Palmer le vendredi 16, ce concert marquera la sortie officielle sur Bordeaux de son dernier – superbe – CD « Sparkling ».

Set list : 

All Blues (Miles Davis)

Day of wine and roses (Henri Mancini)

Stella (V Young)

All the things you are (J Kern)

Isn’t she lovely (Stevie Wonder)

There will never be another of you (H Warren)

We will meet again (Bill Evans)

 

Corcovado (AC Jobim)

Blues for Alice (Charlie Parker)

Body and Soul (E Heyman, R Sour, F Eyton et J Green)

Nardis (Miles Davis)

Beautiful Love (W King, V Young)

Have you Met Miss Jones (R Rodgers)

 

Sunny (B Hebb)

Liens :

https://www.tomibarra.com/

https://lerocherdepalmer.fr/artistes/tom.ibarra/

http://machineless.fr/kevin/

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Silhouette de la pochette crée par l’artiste Cyril Pi R à partir d’une photo de Thierry Dubuc. Design Alain Pelletier.