Striped Fish

« Deep Water »

par Pierre Goujon

John Salmon : claviers

Bob Marlin : contrebasse, black-bass

Stan Pickerel : batterie

Label : april jazz ; www.apriljazz.us

Je l’avoue humblement, je ne connaissais pas ce trio américain avant de recevoir cet album. Et finalement je m’en serais bien passé. Des CD on en reçoit beaucoup, mais là je dois dire que ça surprend. Passe que le piano soit désaccordé, que les cymbales ferraillent au lieu de tinter, que la contrebasse sonne comme une boîte à chaussures, mais de là à jouer faux et pas en place !

En fouillant un peu sur le net, je m’aperçois que les trois musiciens n’ont jamais appris la musique, je commence à comprendre, mais n’avaient en plus jamais joué ensemble avant l’enregistrement de cet album mis en boîte en une demi-journée. Et là j’ai compris. C’est peut-être un concept, l’immédiateté, la création spontanée, franche, la prise de risque absolue, le risque se réalisant…

Plutôt que « Deep Water » j’aurais appelé ça, pour être trivial et peut-être un peu catégorique, « Water Closet » tellement c’est de la m…  Qui osera passer sur les ondes ou à la télé, W9 peut-être…

Le style revendiqué et recherché par le groupe n’est apparemment pas atteint, pompeusement baptisé électro jazz progressif New Orleans. Progressif c’est certain, tant ils ont de progrès à faire. Le confinement et le besoin de s’exprimer n’expliquent pas tout et il serait bon que de tels groupes se mettent d’abord à travailler avant de nous polluer les oreilles avec leurs tentatives de musique. Mais comme dit Bernard Lubat « Y’a des gens qui savent ce que c’est la musique : ce sont des abrutis ! La musique c’est pluriel, c’est ce qu’on ne sait pas ! A chaque fois que l’on croit savoir ce que c’est la musique, ce n’est plus de la musique. Ce sont des souvenirs de musique, des illusions de musique. » Je suis donc peut-être un abruti.

Avec un nom pareil ils feraient mieux d’aller à la pêche…aux poissons !