SEBASTIEN LOVATO – « For Virginia »

5 étoiles

Ré-écoute après sortie « covidée » en Mars 2020 chez ACEL

Chronique de Martine Omiécinski Juin 2022

Sébastien LOVATO : Compositions, piano, fender rhodes – Antoine BERJEAUT : Trompette, bugle –Yves TORCHINSKY : Contrebasse – Luc ISENMANN : Batterie

Invités spéciaux : Brunehilde YVRANDE : Voix – Emmanuel CODJIA : Guitare électrique.

Sébastien LOVATO, est né à Périgueux et a fait des études de piano classique au conservatoire de cette même ville. Puis ses pas et sa curiosité d’autodidacte l’ont poussé notamment vers différents courants de jazz et de musiques improvisées en se frottant à divers artistes et en jouant dans des clubs. Son éclectisme lui vaut de devenir pendant 2 ans le pianiste d’Angélique KIDJO, de faire partie d’un groupe d’Acid Jazz, de partager la scène avec Archie SHEPP, Yochko SEFFER, Didier LEVALLET ou encore Didier LOCKWOOD.

Passionné de littérature depuis sa jeunesse, son processus de création musicale est directement inspiré par ses lectures. Son projet « BOOX » (lire Boux ou Books ») est de proposer des albums composés en l’hommage de ses auteurs favoris. Le dernier volet : « For Virginia » est dédié à Virginia WOOLF, cette autrice anglaise libre et féministe du début du siècle dernier. Les romans : « The Waves » et « Mrs.Dalloway » ont particulièrement touché Sébastien LOVATO.

« Ce qui compte c’est de se libérer de soi-même, découvrir ses propres dimensions, refuser les entraves » écrivait-elle, n’est-ce pas la même chose en jazz et musiques improvisées ?

Sébastien est « fasciné par son rapport au temps, cette façon qu’elle a de faire des digressions sur un continuum temporel » là aussi on peut faire un parallèle entre la mélodie de base (le continuum) et les improvisations instantanées des instrumentistes.

L’album propose 9 compositions de Sébastien LOVATO (inspirées de Virginia WOOLF ») et de 2 reprises : « Pavane » de Gabriel FAURE et « Amazing Grace » de NEWTON et WALKER.

Il y a de la magie dès le premier morceau, c’est riche, subtil et terriblement groovy !!!

Mes préférences :

  • Opus 1 : « The hours » pour le bel accord piano/voix : Sébatien LOVATO tout en nuances sur cette jolie mélodie et Brunehilde YVRANDE récitant Virginia WOOLF de façon envoûtante, pour le son profond de la trompette d’Antoine BERJEAUT, pour le beau groove de la rythmique.
  • Opus 2 : « Montpazier/New-York » : pour l’impeccable ensemble du trio, pour la volubilité du piano, pour le jeu en totale maîtrise contrebasse/batterie d’Yves TORCHINSKY et Luc ISENMANN. Les trois nous embarquent de la belle bastide périgourdine jusqu’aux gratte-ciel outre Atlantique.
  • Opus 3 : « Sirènes » : Pour le texte slamé avec effets d’écho par Brunehilde sur cette mélodie swinguante, pour le solo de contrebasse au son bien rond d’Yves.
  • Opus 5 : « Video Games » : Pour la mélodie disco/rock de ce morceau où le Fender Rhodes (Sébastien) et la batterie (Luc) se déchaînent pour nous plonger dans cet univers particulier des jeux vidéo
  • Opus 6 : « L’Instant » : pour le contraste entre le jeu au bugle d’Antoine BERJEAUT et la belle voix cristalline de Brunehilde.
  • Opus 9 : « Amazing Grace » : Pour cette reprise qui nous transporte direct à la Nouvelle Orléans : quel swing, tous les soli explosent donnant une pêche terrible !
  • Opus 10 : « Licornes » : Pour la mélodie lancinante, le magnifique lyrisme du bugle, le velouté du piano et la batterie obsédante.
  • Opus 11 : « Là où la main de l’homme n’a jamais mis le pied » : Pour le brio de Manu CODJIA invité sur ce morceau.

Bref, tout est bien : les mélodies aux atmosphères multiples, les musiciens y sont brillants à la fois dans les chorus et ensemble sur les thèmes, une grande liberté anime le tout, comme l’évoque Virginia WOOLF, les entraves sont repoussées.

Il est grand temps de revenir sur cet album sorti en des temps de pandémie, il mérite vraiment d’être mis en lumière !!!