Panam Panic à Créon, une saine panique !

par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.

Rendez-vous immanquable avant les petites vacances scolaires, celles de Noël en l’occurrence, voilà un nouveau Jeudi du Jazz à Créon proposé par l’association Larural ; Bientôt douze ans que ça dure et on ne s’en lasse pas. Je rappelle la formule, concert de jazz à très bas prix, dégustation de vin, possibilité de restauration sur place et buvette. Entre deux cents et trois cents personnes fréquentent ces soirées à la programmation très variée.

Ce soir ça va barder, au programme le quintet Panam Panic. Du jazz groove haut de gamme, une formation qui existe depuis plus de dix ans déjà autour de son leader le pianiste compositeur Robin Notte. Au sax alto Lucas Saint-Cricq (un Bordelais d’origine qui a même participé tout jeune au Big Band Gironde), à la trompette Alexandre Herichon, à la batterie Tao Ehrlich et en remplacement de Pierre Elgrishi, le bassiste Antoine Vidal. Remplacement de luxe car ce dernier – un des titulaires du groupe Ishkero comme Tao – vient d’être désigné parmi les trois meilleurs bassistes de jazz de l’année par Jazz Magazine !

Panam Panic c’est une rythmique de feu, percutante mais pleine de groove, fracassante mais bourrée de feeling, sur laquelle clavier, trompette et sax peuvent dérouler leurs mélodies et bien sûr leur frénésie. Car on retrouve un savant mélange entre ces mélodies et des envolées improvisées, le tout dans une osmose incroyable entre les musiciens ; vu les tempos souvent atteints il vaut mieux ! La jazz fusion peut parfois être ennuyeux, froid, là il est chaleureux, enthousiasmant. Le duo trompette sax est terrible, des unissons au rasoir, des duels, des questions des réponses, ça vit à 200 à l’heure. On ne peut penser qu’à Roy Hargrove et son RH Factor, le groupe le revendique avec un titre « RH » dédié au trompettiste trop tôt disparu. On s’y promène autour de Strasbourg Saint-Denis mais bien au delà. Un autre trompettiste moins célèbre est aussi source d’inspiration, Takuya Kuroda qui lui introduit le hip-hop et ses scratchs dans sa musique. On pense aussi à Nojazz (Alexandre a joué avec eux), aux Headbangers, à Electro Deluxe, une veine de jazz jouissive s’il en est. Mais Panam Panic a sa propre force ça se sent.

Sur scène véritablement cinq killers qui nous secouent dans tous les sens, nous balancent des claques et on en redemande. Panam Panic, panique à Créon, rarement cette salle n’a sonné aussi fort, pas forcément par les décibels mais par l’énergie volcanique du groupe. Connaisssant le dernier disque « Love of Humanity » je le redécouvre ici en chair et en notes, rien ne remplace le live ! Quand on se prend en direct des infrabasses dans le ventre, des solos de piano sans fin, des chorus de feu des cuivres, des grondements de basse, des déluges de batterie rien n’est pareil. Et ce duel sax batterie d’une intensité hallucinante qui provoque des cris dans la salle !

Amusant d’ailleurs de voir ce public qui vient là souvent par habitude pour passer une bonne soirée, ignorant généralement ce qu’il va entendre, se prendre au jeu, scotché pas ces cinq fous furieux au demeurant très cool et détendus sur scène et après ; ils se régalent visiblement aux-aussi.

Ca va me demande des amis que je salue à la fin du concert ? Un peu que ça va après une recharge rapide d’énergie comme ça !

Prochaines dates des Jeudis du jazz :

– Jeudi 2 février 2023 : Pirate ; un hommage à la collaboration de John Scofield et Joe Lovano

– Jeudi 6 avril 2023 : Sophisticated Ladies ; des standards de jazz au féminin

Vraiment variée et intéressante la programamtion de ces concert !
http://www.larural.fr/
http://panampanic.com/