Nirek Mokar et ses Boogie Messengers à Arcachon
Par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.
L’Olympia, Arcachon le 9 février 2023.
Nous avions découvert Nirek Mokar au festival South Town 2022 de Soustons déjà accompagné de ses Boogie Messengers. Il y avait ce soir-là enregistré un album sorti voilà quelques semaines, tout simplement nommé « Live in Soustons ». https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/nirek-mokar-live-in-soustons/
On commence à connaître l’histoire de ce jeune pianiste de 20 ans, qui, enfant, a appris à jouer seul du piano pendant que son père assurait l’entretien du « Paris Boogie Speakeasy ». Pris sous son aile il y a une dizaine d’années par le saxophoniste Claude Braud, qui bien sûr joue ce soir, Nirek est devenu une référence du genre Boogie-Woogie.
La salle de l’Olympia est très bien remplie ce soir dans le cadre des Jeudis du Jazz que le service Culture de la ville d’Arcachon organise régulièrement.
Nirek Mokar est très bien entouré avec ses Boogie Messengers. Claude Braud joue du sax ténor avec sa verve et son swing ; à plus de 70 ans il dégage une énergie incroyable sur scène, souvent dans une posture de sax-hero lors de chorus enflammés ; il sollicite, provoque même, sans arrêt ses camarades dans des joutes homériques. Stan Noubard-Pacha, très grand guitariste de blues (élu meilleur de France en 1999, 2000 et 2003) est un régal à entendre, aussi bien dans des registres engagés comme le boogie woogie, que dans les blues lents ; il va nous en offrir un superbe ce soir. Le Bordelais Nicolas Dubouchet, son éternelle caquette de Gavroche vissée sur la tête, est le contrebassiste idéal pour ce genre de musique, mêlant du slap à son jeu rythmique très dynamique ; ses chorus sont enthousiasmants ce qui n’est jamais évident avec cet instrument. Enfin, Guillaume Nouaux, l’Arcachonnais de naissance, vient apporter sa pattes, ses quatre pattes, au quintet. Roi du swing, il est ce soir dans une rythmique souvent « ferroviaire » dont le boogie-woogie tire son nom, celle de l’époque où les rails n’étaient pas jointés et que les anciens comme moi ont connue. Il nous a en plus fait cadeau de deux solos incroyables dont le dernier de 12 minutes (pas une seconde d’ennui) sur « Jumping at the Woodside ». Baguettes, balais, mailloches, mains tout y est passé et on y distinguait clairement la mélodie.
Quant à Nirek, il maîtrise totalement son clavier dans souvent des tempos de fou, sa main gauche décochant les triolets pendant que sa droite, plus qu’agile dans ses ostinatos, semble parfois chercher des touches encore au delà des aigues. Il est terrible et chaque fois le piano repart en s’en souvenant. Très bon aussi dans les passages lents et lors d’un moment de délicatesse particulier, pendant lequel la salle retenait son souffle alors qu’il ne faisait qu’effleurer les touches.
Et tout ce monde ensemble ça fait de la dynamite et de la bonne humeur surtout. Le Boogie-Woogie, un style de jazz qui donne la pêche et l’envie de danser. A Nirek Mokar maintenant d’ouvrir son répertoire pour ne pas se cantonner à ce seul style, il en a toutes les capacités.
Prochains concerts à l’Olympia d’Arcachon :
Vendredi 17 mars : Ibrahim Maalouf
Jeudi 13 avril : Antonio Lizana
https://www.arcachon.com/culture/
Dernière minute : Nirek Mokar and friends seront à la brasserie le Singe Vert à Bordeaux ce mardi 21 février à partir de 19h30. https://www.lesingevert.fr/
Galerie photos de Philippe Marzat
Visiblement il s’est régalé lui aussi !