Minino Garay « Speaking Tango » concert et CD

par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.

Dimanche 28 juillet 2022.

L’album « Speaking Tango » 

Il y a quelque temps déjà, dans la masse d’albums que nous recevons, je dois dire que celui de Minino Garay « Speaking Tango » m’avait échappé. Mais le Rocher de Palmer, en association avec la ville de Bruges, a eu la très bonne idée de l’inviter en cette dernière semaine avant la rentrée. L’occasion avant le concert de réécouter ce disque et de commencer à vraiment le découvrir, ces textes poétiques sensibles ou violents – dont certains de sa mère -déclamés presque slamés par l’Argentin, et mis en musique par lui même et quelques autres compositeurs comme David Linx, Lalo Zanelli, Christophe Wallemme… Certes je ne maîtrise pas totalement la langue espagnole mais grâce à l’élocution parfaitement claire de la voix de baryton de Minino le sens arrive très vite ; l’amour, la passion, la vie qui passe, les rêves, le mal-être… Minino Garay est avant tout percussionniste, un des plus recherchés quelque soit le style musical, du jazz à la variété en passant par la world music. Allez voir son pedigree vous serez vite fixés sur la qualité du musicien. Sur l’album « Speaking Words » il s’est d’ailleurs entouré d’un All Stars : André Ceccarelli, Manu Codjia, Jean-Marie Ecay, Christophe Wallemme, Pipi Piazzolla, Flavio Romero, Hernan Jacinto, Leo Genovese, David Linx, Melingo, Alex Pandev et Magic Malik.

 

Le concert

Et voilà donc le concert, dans un site tout nouveau – il sera inauguré en septembre – et magnifique, le Théâtre de Verdure de la ville de Bruges, en Gironde, pas en Belgique. Et comme la plupart du temps la magie du live a opéré. Minino Garay se présente en trio avec Christophe Wallemme à la contrebasse et Cédric Hanriot au piano. Les musiques déjà un peu dans la tête je vais les redécouvrir dans cette ambiance qui va les sublimer et avec un atout majeur, la présence de ce personnage truculent qu’est Minino. Des intermèdes pleins d’anecdotes, d’humour, de complicité avec le public qui font le contrepoint avec des textes sensibles ou (d)étonnants – comme « En lo mas profundo de ella » cet amour de la beauté intérieure d’une femme, il parle de ses intestins, de ses reins, de ses poumons… ! – et des musiques d’une délicatesse minimaliste ou d’une grande violence rythmique. Tout cela sur fond de tango qui donne souvent l’envie de danser, mais pas le tango de Buenos Aires, celui moins guindé, plus canaille de Cordoba la ville natale de Minino. Et du tango sans bandonéon, belle gageure.

Pour la première fois en trio, sans Manu Codjia le guitariste habituel, la musique se veut souvent plus intimiste ce qui n’empêchera pas une fin de concert plus enlevée, les trois compères en totale liberté. Confirmation du talent de sideman de Christophe Wallemme que nous avons souvent l’occasion d’entendre, découverte d’un sacré pianiste Cédric Hanriot, aussi délicat qu’il peut-être engagé dans des chorus novateurs ; et bien sûr plaisir de voir évoluer ce sacré percussionniste sur sa batterie particulière y développant des rythmes complexes truffés de ponctuations nerveuses. Magnifique.

Belle ovation spontanée après cette merveille de concert. Si tous les dimanches pouvaient se conclure ainsi !

 

Vidéo du projet « Speaking Tango » :

Galerie photos :