Malo Mazurié
« Taking the Plunge »
par Philippe Desmond
Label Encore Music Distribution sortie le 26 janvier 2024
Quand à l’âge de six ans Malo Mazurié découvre dans le grenier de sa grand-mère un cornet à pistons il ne sait pas que cet instrument, qui se muera vite en trompette, va guider sa vie. Doté d’une bonne oreille, il joue du Bix Beiderbecke, du Louis Armtrong et d’autres légendes. Il sera sur scène dès l’âge de dix ans.
Plus tard on le verra dans une palette musicale très large jouant avec Eric Légnini, Robin McKelle, Didier Lockwood, Rhoda Scott, Evan Christopher, Scott Hamilton, Cecil L. Recchia, Thomas Dutronc… du jazz classique au jazz moderne en passant par d’autres styles. Membre du trio de early jazz « Three Blind Mice » le voilà maintenant en leader avec son propre album où, comme le titre le précise, il se jette à l’eau. Jeune trompettiste mais attaché à l’histoire du jazz à ses pionniers, à ses premières légendes. Il va ainsi mêler huit compositions originales à celles de ses illustres prédécesseurs tels que Bix, Duke, Jelly Roll, Satchmo et d’autres. Pour cela il a réuni la formation acoustique avec qui il accompagne d’habitude Cecil L. Recchia : Raphaël Dever à la contrebasse, Noé Huchard au piano et David Grebil à la batterie.
On se replonge ainsi dans le jazz d’avant les années 40, celui des racines, celui où régnait le naturel et la simplicité tout en amenant un style de musique innovant pour l’époque et toujours enjoué à la nôtre. Sur cette parfaite rythmique piano, contrebasse, batterie qui ne se contente pas d’accompagner mais propose aussi de la fantaisie, Malo peut dérouler ses lignes de trompette dont il est devenu une des références actuelles. Vieux jazz ? Mon œil ! Une musique encore fraîche de vigueur remise au goût du jour dans cet album. Quant à ses propres compositions, si elles restent dans l’esprit « early », elles débordent de modernité et d’audace parfois, tout à fait à la hauteur de ses héros ; prenez « Snow Ride »et sa trompette bien fartée qui glisse à vive allure sur une piste rythmique bien pentue. Ecoutez la fause désinvolture de « Sway Cool » en sourdine et son dialogue avec le piano, essayez de suivre le tempo de « Canary Wharf Blues » qui nous rapproche de be-bop, laissez vous envelopper par le blues groovy de « The Plunge »… Mais on ne juge pas ce trompettiste qu’à sa vitesse et sa fougue, on apprécie aussi sa finesse, son feeling comme dans sa ballade « The House of Sisterhood » ou l’intermède « Before the Plunge ».
« Someday you’ll be sorry » de Louis Armstrong conclut presque l’album, on rassure Malo, il n’a pas du tout à être désolé pour cet opus, bien au contraire, il nous propose une heure et neuf secondes de plaisir, tout « simplement ».
