The Soul Jazz Rebels

« Iconiq »

Album et concert de sortie

par Philippe Desmond

Christian Ton Ton Salut : batterie / Hervé Saint-Guirons : orgue / Cyril Amourette : guitare / Jean Vernhères : sax ténor / label Black Stamp Music

L’album

Si souvent les groupes ont des noms un peu abscons, the Soul Jazz Rebels annonce lui la couleur ; ils sauraient même pu y rajouter Blues, Boogie voire Boogaloo. Voilà le troisième album de ce quartet de musiciens chevronnés à la composition particulière : orgue, quitare, sax ténor, batterie ; cette orgue qui donne à l’ensemble cette couleur inimitable au son de basse si caractéristique. Huit ans qu’ils sillonnent les routes pour des concerts.

La pochette de l’album sonne comme une promesse, celle du meilleur moment de l’amour, quand on monte l’escalier sois-disant. La promesse est largement tenue avec un accueil inattendu mais chaleureux, le titre « Ambalaba » popularisé par Maxime Le Forestier mais d’un compositeur de l’ile Maurice dont l’épouse de Cyril est originaire ; voilà la clé. Mais le jazz permet tout, c’est son essence que de s’emparer de n’importe quelle musique et de la façonner à sa manière ; et la chaleur de la mélodie est toujours là. Mélodie justement, un élément fondamental pour ce groupe avec le rythme et le groove ; les huit titres de l’album, avec sept compositions originales, reflètent ce choix. Chacun a sa part dans les compositions et aussi dans les arrangements. Un tour au Cameroun avec  » Banfo Bango », à la Ciotat pour une partie de « Flèchetanque » (un jeu de bar), de la soul et du funk, voilà de quoi s’occuper avec enthousiasme.

Son clair et naturel du sax ténor vintage de Jean Vernhères, toucher jazz très fluide à la guitare pour Cyril Amourette – quel joli nom – , onctuosité de l’orgue d’Hervé Saint-Guirons mais aussi agilité harmonique, rythmique marquée, « facile » et précise de Ton Ton Salut pour dynamiter l’ensemble ; un cocktail de vintage et de modernité des plus réussis pour cet album réussi à mettre entre toutes les oreilles.

Le concert

Le Thélonious Café Jazz Club, Bordeaux vendredi 12 janvier 2024.

Est-ce l’affiche, la carte, le fait qu’on soit vendredi soir, le lieu est plus que complet et n’ayant pas réservé je dois me tapir dans un coin pour ne pas gêner le service. Il va quand même falloir capter l’attention de ce public pas forcément là pour cette musique . Aucun problème, les gars ont du métier et leur musique se capte instantanément, même par les oreilles novices. Comment rester impassible face à ce groove et ce swing qui jaillissent de la scène, à ces mélodies, à ces harmonies des plus lumineuses. Concert en deux parties mêlant au début de nouveaux titres et d’anciens comme un des tubes du groupe, la sémillante « Baby Foot partie ». La musique vivante, quel plaisir, entendre sur scène des versions développées des morceaux des albums, chacun y ajoutant son sel, c’est du jazz ne l’oublions pas, une musique qui vit qui se crée en direct. Ils ne vont pas s’en priver, vont s’écouter, se laisser de la liberté. Tiens ce riff on dirait « Les cornichons » de Nino, lui-même inspiré du « Big Nick » de James Booker, une citation dans ce beau titre au tempo assez nonchalant d’Hervé Saint-Guirons « What else » ; un expresso pour moi. Ça sent bon la soul, le blues tout ça. Sensation de bien-être obligatoire, elle a envahi le public d’ailleurs, l’ambiance est gaie et cool à la fois. Contrairement à l’album « Ambalaba » n’est pas servi en entrée mais en rappel. Mais je connais ce truc se dit une bonne partie de la salle (sorti en 1988 quand-même) et déjà ça danse dans tous les coins. Finalement pas si Rebels que ça les quatre, mais tellement bons !

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