par Philippe Desmond.
Sortie 13, Pessac le 16 novembre 2018.
Parmi les musiques parentes du jazz la soul n’est pas la moins intéressante. Musique noire américaine comme le jazz à l’origine, elle est née plus tard de la lutte anti ségrégationniste, combat commun à la même époque avec le jazz. Influences croisées entre les deux genres et frontières parfois floues. Un des groupes phares des 70’s et qui sévit encore, est Tower of Power. Moins renommée que James Brown & the JB’s , moins machine à tubes qu’Earth Wind and Fire, la formation est célèbre pour sa redoutable section de cuivres, utilisée par de nombreux artistes, de Ray Charles à Santana en passant par Aerosmith ou…Eddy Mitchell. Et c’est justement un « soufflant », le saxophoniste Cyril Dumeaux qui a eu l’idée de monter Funk Tower, le tribute qui nous a fait déplacer ce soir à Sortie 13. Attention ça rigole pas, ils sont douze sur scène dont la plupart des jazzmen ! La section avec Cyril Dumeaux (sax baryton), François-Marie Moreau et Bertrand Tessier (sax ténor),
Franck Vögler et Pascal Drapeau (trompette) ;
la rythmique Mickey Fourcade (batterie), Nicolas Veysseyre (basse) puis Christophe Maroye (guitare), Stéphane Mazurier (claviers)
et trois voix, Adeline et Isabelle Ouvrard et Wilfried Deurre. Pas mal non ?
Des artistes reconnus et appréciés de leurs pairs comme le prouve le nombre de musiciens présents ; il y avait au moins 4 ou 5 batteurs de réserve, des guitaristes, trompettistes… de quoi faire du coaching comme dans le rugby moderne ; mais ils n’y a pas eu de blessé ou de défaillance sur scène et la dream team de départ n’a pas eu besoin de remplaçant !
Gros son, de suite, avec l’intro instrumentale et ce funk implacable appuyé sur une basse monumentale et des percussions énergiques ; c’est eux qui, toujours sur la brèche, vont tenir la baraque d’un bout à l’autre. Sur ces fondations plus que solides les autres peuvent ainsi bâtir leur construction musicale, le feu de la section de cuivres, les riffs de guitare, les envolées de claviers et bien sûr les voix. Avec tout cela la restitution est des plus fidèles, ça sonne et groove comme les vrais !
On est parfois plus proche de la variété que du jazz, notamment pour les ballades, j’aurais tendance à dire slows, mais il y a souvent de la place pour les impros dont ces messieurs ne vont pas se priver. Et ce sax baryton magnifique qui ponctue les phrases de deux ou trois accords, signature de ce type de musique funk. Ca joue et chante d’enfer ! C’est apparemment simple mais tellement jubilatoire. Apparemment car il a un gros travail d’arrangements pour que chacun trouve sa place et que l’ensemble fonctionne et groove le tout avec un plaisir du groupe communicatif.
Une formation que les programmateurs devraient regarder ou écouter de près – pas trop quand même car ça déboule fort – pour « animer » par exemple des festivals, histoire d’attirer les timides, ceux qui ont encore la trouille du jazz ou ne se disent pas concernés.
Une preuve, Sortie 13 était complet pour cette soirée. Ce lieu, pour ceux qui ne le connaissent pas, est à découvrir, multi-culturel il a toujours une programmation intéressante et de qualité. Hier soir avant le concert s’y déroulait le vernissage de l’exposition des « Villes Imaginaires » de Pascal Ruetsch et des œuvres de Sébastien Chevalier connu comme musicien sous le nom de « Petit Vodo ». Ce soir c’est d’ailleurs à la guitare qu’il accueille les gens pour son expo.
http://www.sortie-13.com/ : Prochain concert ce mardi 20 novembre : Greg Howe + Jeff Aug + Shob Fusion. Là aussi ça va barder ! A noter aussi Saxtape le 8 décembre (dont 5 musiciens jouaient ce soir).
