Par Dominique Poublan (alias dom imonk), photos Philippe Marzat

Capucine

Ce jeudi soir, c’était la « release party » pour la sortie du premier disque des Capucine. Évènement d’importance dans la jeune carrière du groupe ! Ils n’en étaient pas peu fiers, et l’on remerciera sincèrement Patrick Duval, directeur artistique du Rocher de Palmer, de leur avoir ainsi offert cette chance, en les  programmant dans la salle « 650 », en première partie de l’un des musiciens les plus en vue du moment : Vincent Peirani, venu présenter son magnifique projet « Living Being II», lequel a généreusement accepté la proposition.

Capucine, c’est Thomas Gaucher (guitare, compositions),

Thomas Gaucher

Félix Robin (vibraphone),

Félix Robin

Louis Laville (contrebasse)

Louis Laville

et Thomas Galvan (batterie).

Thomas Galvan

Ils ont chacun à peine plus de 20 ans, et en trois ans d’existence, Capucine a su faire sa place sur Bordeaux et alentours, remportant ici même le « Grand prix du jury » du Tremplin Action Jazz 2017. Vifs mais réfléchis, ils ont toujours su concilier leurs études au Conservatoire de Bordeaux, avec l’envie de se prouver «en live » qui en découle, et s’en nourrit, de jam en concerts (Quartier Libre, Starfish Pub, Baryton…), mais aussi lors de grands festivals qui les ont invités (24 heures du swing Monségur, Saint-Émilion, Andernos, Anglet, Jazz & Garonne, Jazz à Caudéran, Respire Jazz, Jazz 360…). Rajoutons à cela diverses participations à d’ autres projets parallèles, notamment avec leurs distingués camarades du Conservatoire, et le fait d’avoir par ailleurs côtoyé de grandes figures aînées du jazz hexagonal parmi lesquelles Alex Golino, Sébastien Iep Arruti, Didier Ottaviani, Timo Metzemakers, Philippe Gaubert, Stéphane Séva, Hervé Saint-Guirons, Tamouche Pierteuil, Aurélien Gaudy, Paul Robert, mais aussi Julien Dubois, Jacques Ballue et Mathieu Tarot, ces trois derniers très à l’écoute de cette jeune génération qu’ils participent à former, en tant que professeurs au Conservatoire. Pas étonnant après cela que nos quatre gaillards en aient tiré la solide expérience, qui les mène aujourd’hui à nous livrer leur vision personnelle du jazz, avec ce premier disque, et ce concert de lancement. Capucine tire son nom du fameux quartier des Capucins à Bordeaux. Ils y vivent en un vaste appartement, juste ce qu’il faut de  bohème, où ils répètent, et où s’écrivent et s’embellissent les compositions fort inspirées de Thomas Gaucher, modelant, à coup de multiples partitions collées aux murs, un jazz gracieux, moderne et racé, qui a peu à peu forgé l’image du groupe.

Capucine

Avant le bouillonnant Living Being II, le temps imparti est certes restreint, mais ce sont quatre morceaux qu’ils ont décidé d’offrir à un public, qu’ils savaient acquis à Vincent Peirani et ses acolytes, mais qui leur a malgré tout réservé un chaleureux accueil, la présence de quelques fidèles collègues du Conservatoire aidant. Quand faut y aller, faut y aller, même pas peur ! Ils y sont allés avec la ferveur qu’on leur connait, et cette synergie qui les soude, et dès l’ambitieux « Casa Pino », toujours présenté avec humour par Thomas Gaucher, les dés étaient jetés. L’histoire touchante d’un restaurant du quartier, pas cher pour deux sous, jadis fréquenté par la bande. Guitare cristalline, à l’élégant feu boisé des chorus voltigeant, vibraphone volubile et grouillant d’idées, en dire trop et à la fois pas assez, comme on parle à sa belle, groove de contrebasse, ce thème en tournerie chaloupée qui interpelle et fascine, comme le battement du cœur de nos vingt ans, en convoquant un agile walking, et enfin la batterie, toute en révolte contenue, frappée, caressée, force intranquille, bannissant au plus loin les mille et un ennuis de la vie. « Anatole, les opticiens » fait suite, guilleret, fier et conquérant, un beau question/réponse entre guitare et vibraphone, posé sur une rythmique musclée et gambadeuse en diable.

Félix Robin et Thomas Gaucher

Suivra un morceau qui me tient très à cœur, « La traditionnelle promenade du dimanche » ! Sous-bois fleuris de mille espèces, au hasard des saisons , pins immenses frondant le ciel bleu, le vert de leurs aiguilles et des chênes qui attendent à leur pied les cèpes d’automne, le jaune des genets et les rayons du soleil, qui se reflètent sur les eaux tranquilles de l’Eau Bourde qui s’écoulent entre les futées, et sur celles du Lac Vert que bravent les couples de cols verts quémandeurs de friandises. Tout y est dans ce beau morceau ! Merci messieurs ! Le temps s’est arrêté, mais l’on doit déjà refermer la porte de ce bien joli set avec « Signer un nouveau contrat », encore un titre plein de sens, d’une écriture raffinée et singulière,  impeccablement joué. Sachez enfin que les deux premiers thèmes, ainsi que le quatrième, sont sur le disque. On souhaite longue et belle vie à Capucine, et l’on comprend cette irrésistible envie qu’ils ont de croquer le jazz à pleines dents. Et le fulgurant concert de Vincent Peirani et son « Living Being II » qui a suivi, précédemment chroniqué sur ce blog par Annie Robert,  ne les a pas démentis. Une prestation d’exception qui  fera date ! On ne manquera pas de saluer Philippe Marzat pour ses superbes photos des deux sets, qui sont à elles seules révélatrices des très riches heures que nous avons tous vécues ce soir-là ! Au sortir du concert, il y avait foule pour venir acheter des cd, et se les faire autographier par nos quatre compères, tout en échangeant quelques mots avec eux. Réjouissant ! Retrouvons très bientôt Capucine à Bordeaux : le 06 décembre au Starfish Pub, 24 rue Sainte Colombe, pour leur « Traditionnelle jam du 1° jeudi  du mois», et le 14 décembre en concert au Quartier Libre, 30 rue des Vignes. Nous y serons !

Par Dominique Poublan (alias Dom Imonk), photos Philippe Marzat.

Patrick Duval

Capucine, le disque.

 

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