Kaouann – premier concert à la Grange de Ruzat

par Philippe Desmond

Dimanche 17 novembre 2024

Quand en 2023 lors de l’enregistrement au studio de Francis Cabrel à Astaffort de l’album « Alchimie » de Gaëtan Larrue, Franck Leymerégie a senti qu’il se passait quelque chose entre lui le percussionniste et Gaëtan l’accordéoniste. L’idée a alors germé de créer un trio, restait à trouver un contrebassiste. Il n’en ont trouvé pas un mais une, la très demandée Nolwenn Leizour. Ainsi début 2024, le trio a commencé à travailler pour arriver à ce premier concert dans la Grange de Ruzat quelque part en Entre-deux-Mers, où en plus de bons vins il y a de bons musiciens et quelques lieux privés où s’organisent des concerts. Quelques amis et connaissances de l’organisateur, près d’une soixantaine, ont ainsi découvert le trio Kaouann en ce dimanche après-midi annonçant les premiers frimas de l’hiver.

Faisons pour ceux qui ne les connaissent pas déjà les présentations des musiciens.

Franck Leymerégie est un percussionniste spectaculaire et après avoir joué près de dix ans avec Akoda, fait toujours partie de la formation latino Latin Spirit et l’hiver est un pilier du groupe musical de la Folie Douce à Val Thorens.

Gaëtan Larrue est un magnifique accordéoniste, leader du GL Project on le trouve aussi dans le Duo Saudade avec Sand Régot, avec le groupe de Julien Loko ou encore Casamento. Il joue régulièrement au Baiser Salé à la jam de François Constantin avec qui il a collaboré pour son dernier album ainsi que Jean-Marie Ecay, Loïc Pontieux, Swaeli Mbappé, Vincent Bidal.

Nolwenn Leizour fait partie du Bordeaux Quintet de Roger Biwandu, elle vient d’intégrer le nouveau projet en quartet d’Eric Séva avec Alfio Origlio et Elvire Jouve. Elle participe aussi à des spectacles de théâtre musical comme la pièce « Marylin » en ce moment et accompagne régulièrement des chanteuses ou chanteurs. Elle n’arrête jamais de faire profiter les autres de son talent.

En attendant pour très bientôt la finalisation de compositions originales du groupe, le trio reprend à sa façon très originale des titres de Nolwenn et Gaëtan ainsi que quelques autres musiques.

Une première c’est toujours intimidant même pour des musiciens aussi chevronnés et talentueux. Quand on les entend on se dit que c’est facile mais on ne mesure pas le travail préalable que cela représente et chaque concert, particulièrement le premier, est une sorte de mise en danger. Mais ici dans ce concert semi-privé règne une bienveillance qui n’aura même pas à se manifester tant le concert va bien se dérouler et la musique être appréciée.

Une tourne enivrante de contrebasse suivie par les percussions ouvre le concert, la mélodie arrive à l’accordéon ; c’est « Fripouille in Wonderland » une composition de Nolwenn, un clin d’oeil à son chat. De suite on comprend la nature de ce trio, une rythmique chaude (la contrebasse) et riche (les percussions) au service du chant de l’accordéon, des variations, des nuances, des rebondissements qui font vivre cette musique, lui donnent du groove, de la pulsation. Le titre suivant « Aphrodite » je crois, de Nolwenn encore, s’il part en valse dérive vers du cha-cha-cha (!) dans une ambiance joviale. L’accordéon chante, la contrebasse est profonde et les percussions surprennent sans cesse.

Quand il y a un accordéon c’est très souvent qu’arrive « Indifférence » une version qui ne me laisse pas indifférent par ses variations minimalistes arrivées après le thème et devient tout à coup exubérante. Voilà un titre de Thierry Fanfant le grand bassiste antillais, une biguine comme par hasard, baptisée « Bee Green » ; quelle souplesse rythmique propose ce groupe ! Suit une ballade de Gaëtan qui sur le morceau suivant, tel un guitar-hero, nous propose un chorus époustouflant. Inattendu le « Brazilian Like » de Michel Petrucciani et encore plus « La chanson d’Hélène » chantée par Nolwenn ; toujours aussi émouvant ce thème même ici avec ses habits neufs ; pulsation rythmique, accordéon qui pleure pour un arrangement vocal des plus originaux.

Le concert se poursuit, ils joueront douze titres avant de saluer et de ne pas sortir de scène, rejoints même par un quatrième larron, le saxophoniste, soprano ce soir, François-Marie Moreau ; revoilà Fripouille, joué au début, à ma grande satisfaction !

Voilà un trio insolite, une variation du trio de jazz classique piano, contrebasse, batterie ici piano à bretelles, contrebasse, percussions, proposant ainsi un son totalement différent et séduisant.

Les projets du groupe ? Un album en 2025 et déjà une date le 12 février prochain en première partie d’Hugh Coltmann au Rocher de Palmer. Suivront en 2026 un résidence dans ce même lieu et un concert pour eux seuls. Mais quelque chose me dit qu’on devrait les revoir avant dans un festival proche de Bordeaux…

Merci Fabienne et Jean-Michel de votre accueil et votre investissement pour faire vivre la musique