par Philippe Desmond, photos Alain Pelletier
Bordeaux , vendredi 9 novembre 2018.
Nous voilà déjà aux 2/3 du festival après cette magnifique et contrastée carte blanche au label Laborie Jazz. La vocation d’Action Jazz de valoriser le jazz s’étend en effet à la Nouvelle Aquitaine et le label de Limoges animé par Jean-Michel et Elie Leygonie, déjà fort de 56 albums enregistrés, avait toute sa place dans notre programmation.
Univers aérien, parfois minimaliste du trio de Lorenzo Naccarato le jeune pianiste toulousain.
Avec Adrien Rodriguez à la contrebasse et Benjamin Naud à la batterie, ils proposent une musique cristalline, sensible, toute en délicatesse marquée de rythmiques cycliques. Formation apparemment classique de trio pour un jazz innovant, créatif, utilisant avec légèreté l’électronique notamment à la contrebasse quand Adrien en joue à l’archet.
Le tout devant un décor original créé par des artistes italiens, un décor au motifs changeants grâce à un jeu de néons de couleurs différentes et du plus bel effet. Une recherche esthétique très raccord avec celle de la musique.
Renouveler le genre du trio n’est pas aisé, ils y parviennent avec talent. Le public, nombreux ce soir, ne s’y trompe pas, leur réservant un beau succès et se ruant sur leur dernier CD à l’entracte. A suivre de près, ces jeunes gens étant d’une extrême amabilité ce qui ne gâte rien.
Univers plus dense et complexe pour le quartet du trompettiste israélien Itamar Borochov. Il est ici avec sa formation spécifique à la tournée européenne, Alessandro Lanzoni au piano, Nicolas Thys à la contrebasse et Daniel Dore à la batterie.
Une musique tortueuse, très riche, une rythmique tendue, Daniel Dore assurant un drumming incroyable tout au long du set, la contrebasse n’étant pas en reste pour suivre ces syncopes complexes. Univers presque mystique aussi avec un Itamar Borochov, complètement pénétré faisant corps avec sa trompette, une quatre pistons pouvant délivrer les fameux quarts de tons aux sonorités caractéristiques et aux couleurs orientales.
Du velouté, de la violence , des fulgurances vers le free, un jeu continu, pas avare de notes, laissant quand même de temps en temps la place à l’excellent pianiste italien.
Un hommage en passant à Roy Hargrove disparu la semaine dernière avec « Take me to the Bridge » qui lui est dédié. Un jazz dense pas forcément facile, le swing manquant pour certains bien que présent, enfin diront-ils, au rappel. Une très belle découverte comme sait désormais nous en réserver ce festival.
Et ce soir ça finit en apothéose avec une soirée très punchy !
Saxtape pour commencer, cette formation atypique avec son mur de saxophones (Bertrand Tessier, Guillaume Schmidt, Giordano Muto, Cyril Dumeaux et François-Marie Moreau) et sa rythmique de feu (Didier Ottaviani, Nicolas Veysseyre et Stéphane Mazurier) ! Loin des big bands traditionnels, un groove énorme !
Le Nicolas Folmer Horny Tonky Experience Project (!) finira le travail de son jazz-électro-funk-rock de haute volée ! Avec Nicolas Folmer (tr), Laurent Coulondre (kb), Julien Herné (b), Olivier Louvel (g) et Stéphane Huchard (dr), rien que ça ! Ca va pas être triste !
Bordeaux ne sera pas bloqué par les embouteillages comme hier soir, alors venez, il reste des places !
billetterie : Sur jazzacauderan.fr Sur weezevent.com
ou sur place.
