par Philippe Desmond, photos Alain Pelletier
Bordeaux, le jeudi 8 novembre 2018
L’association Action Jazz très heureuse de voir arriver cette deuxième édition de Jazz à Caudéran et pas peu fière de l’ouvrir avec les lauréats du Tremplin 2018 Robin and the Woods ! Robin Jolivet (guitare et compos), Jérôme Mascotto (sax), Alexandre Aguiléra (Flûte), Alexis Cadeillan (Basse), Nicolas Girardi (batterie).
Une réelle confirmation de cette jeune formation avec ces longues suites caractéristiques de leur répertoire, pleines de variations, de surprises, de fulgurances. La rythmique très présente contraste avec la douceur de la flûte, une guitare agressive prend le relais, le sax ténor veloute le tout ou bien le déchire.
Je pense souvent à King Crimson aussi bien de « Epitaph », la douceur, que de « 21st century… » la violence. Très belle entrée en matière pour cette formation qui aime le risque, qui suit sa route, hors des modes, des clichés. Très courageux les gars !
Ca discute ferme devant le bar à l’entracte, ça regrette aussi que l’assistance soit assez réduite. Que faut-il faire pour attiser la curiosité du public, le faire sortir des sentiers battus et rebattus que les médias lui proposent, ce star system ou on paie des fortunes pour écouter des noms plus que de la musique comme certains boivent les étiquettes plutôt que le vin…
En deuxième partie de soirée c’est le tromboniste et compositeur Sébastien « Iep » Arruti un autre ami d’Action Jazz qui nous présente son nouveau projet, une commande d’Action Jazz et pour l’occasion la sortie de l’album « Biharko Zubi » (Pont pour demain). Le Basque s’est entouré de Bordelais, Alain Coyral (sax baryton), Timo Metzemakers (cb) et Didier Ottaviani (batterie) mais en plus il féminise la soirée avec les trois jeunes femmes du quatuor à cordes d’Emmanuelle Faure (violoncelle) : Dorra Saadi (violon), Marie-Laure Prioleau (alto), Jean-Christophe Morel (violon) complétant le carré. Les femmes il faut en effet aller les chercher dans la musique classique où elles sont plus nombreuses que dans le jazz, bien que la tendance commence à s’inverser, timidement mais sûrement.
Quelle belle surprise que ce projet ! Non que nous n’ayons pas confiance en le talent de Iep, mais par la sensation qu’il procure. Ce contraste permanent entre les syncopes percussives du 4tet et la légèreté du frotté des cordes.
Musique très complexe, très écrite de Sébastien, pas facile à jouer m’avouera Alain Coyral mais un univers poétique nous transportant de Mozart au Hip-Hop en passant par Hendaye ou les dramatiques événements ségrégationnistes d' »Alabama » de Coltrane, en rappel ; ah cette intro à la batterie de Didier, lourde de sens !
Parfois des envolées de marchin’ band ou de second line – Iep adore New Orleans – des pas de valse, du baroque réarrangé, du swing çà et là et toujours ces contrepoints de cordes qui affinent les muscles du baryton et du trombone.
Un projet culotté et un vrai succès mérité, un public sous le charme, sous le choc. Merci messieurs…dames !
Ce soir vendredi, c’est la carte blanche au label limougeot « Laborie Jazz », le label qui monte qui monte ! Il nous propose deux de ses poulains, les Toulousains du Lorenzo Naccarato trio et le quartet d’Itamar Borochov le trompettiste dont on n’a pas fini de parler ! Parfums d’Orient, influences divines pour ce trompettiste tout en délicatesse.
Vous avez raté une soirée formidable hier soir, alors venez vous rattraper !
billetterie : Sur jazzacauderan.fr Sur weezevent.com
ou sur place…
Plus de détails dans la Gazette Bleue de janvier