Par Philippe Desmond

Festival Jazz 360, Langoiran jeudi 7 juin 2019.

La caravane du Festival Jazz 360 est ce soir à Langoiran, deuxième étape de son périple dans la Communauté de communes des Portes de l’Entre-deux-Mers qui en compte six ; et un potentiel pour le futur de cinq autres !

DSC06458.JPG

C’est le Big band du Conservatoire de Bordeaux qui se charge d’accueillir les festivaliers au château Pomarède. Ils sont une quinzaine dirigés par leur professeur, Mathieu Tarot. Hommage au grand Dave Holland avec notamment un superbe « What Goes Around » avec sa boucle de contrebasse caractéristique et un Louis Laville impérial. On reconnaît d’autres « fins de cycles » diplômés épaulant les plus jeunes, au vibraphone Félix Robin, à la trompette Louis Gachet, Jérôme Mascotto au sax et un guest, le saxophoniste Julien Deforges.

La deuxième partie de la soirée nous emmène vers d’autres climats, vers des couleurs latinos – ou plutôt latinas – qui vont se charger de réchauffer l’atmosphère. Pas terrible ce début juin et beaucoup ont préféré rester « au chaud ». Mal leur en a pris ils ont raté un excellent groupe , le Adrien Brandéis quintet. Des Niçois dont le leader vit désormais à Paris et une formation qui monte, gagnante du « Rising Stars » Jazz Award Europe 2018 qui lui ouvre les portes cet été d’une tournée européenne de haute volée comme un certain Tom Ibarra Group, que nous connaissons bien à Action Jazz, en 2017. Encore un très bon choix de programmation de Richard Raducanu et son équipe de Jazz 360.

DSC06462.JPG

Une intro très soft et tout à coup les premières mesures afro-caribéennes. Le leader est pianiste et les solos aux accentuations latinos marquées vont se succéder. Pas seulement, il est aussi influencé par le feeling de Bill Evans, la percussion n’empêchant pas la finesse, ou les envolées de Chick Corea. C’est caliente et cool à la fois et quand le quintet est lancé ça barde vraiment. Il faut dire que les autres musiciens sont plus qu’à la hauteur.

Aux saxophones Joachim Poutaraud excellent et sensible au soprano et flamboyant à l’alto quand ça chauffe. Roman Dauneau à la basse c’est la colonne vertébrale comme toujours pour ce genre de musique, c’est grâce à sa charpente que les autres peuvent s’amuser ; et là ils peuvent y aller en toute confiance, il assure. Jazz latino donc percussions ; ils sont deux à s’y coller, Yoann-Félix Joveniaux à la batterie et Philippe Ciminato aux percus, congas et bongos. Entente parfaite , ils vont ainsi nous offrir un solo à deux brillantissime.

DSC06464.JPG

La joie manifeste de Philippe est un régal à observer, communicative et entraînante. Percutant et aussi léger quand il faut comme avec ses wind chimes. Comme dans cette très jolie ballade dont je n’ai pas retenu le titre.

DSC06466.JPG

Le style latino revendiqué n’empêche pas des incursions vers du jazz plus engagé, vous savez celui qu’on dit moderne, comme cet hymne à la vie brisée d’un des grands éléphants d’Afrique baptisé « Satao » où l’on sent naître, vivre, souffrir et mourir ce seigneur avec souvent des accents free.

Un Adrien Brandéis qui compose tout, très créatif et avec un sens aigu de la mélodie. D’ailleurs le second album succédant à « Euforia » arrive et nous en avons eu de larges extraits.

A1CvcuhfWDL._SS500_.jpg

Jolie découverte que ce groupe qu’il va falloir surveiller.

Déjà deux soirées de passer à célébrer les 10 ans du festival, au moment où j’écris ces lignes je sais ce qui s’est passé après, on en reparlera car ça vaut la peine !

 

site Adrien Brandéis : https://www.adrienbrandeis.com/

Carte AJ.jpg