par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat
Festival Jazz 360, Saint Caprais mercredi 6 juin 2019
Docteur Nietzsche (Dr No eut été plus aisé pour nous pauvres rédacteurs) est à la base un quartet créé par le saxophoniste Valentin Foulon et le guitariste Jean-François Valade et qui ayant écrit les premières compositions ont demandé à David Muris et François Mary, respectivement à la batterie et la contrebasse, de les rejoindre pour les jouer.
Après quelques petites années les quatre ont eu envie d’enrichir leur musique en proposant une version octet. Et c’est comme ça qu’est arrivé le projet Docteur Nietzsche (quel supplice) fait son grand huit est né. Un pianiste, François-Xavier de Turenne et une section de vents, Marina Moureau au sax baryton, Franck Vogler, bugle et trompette, et Mickaël Ballue au trombone complètent le groupe, un demi big band en quelque sorte. Restait à réarranger le répertoire du quartet ce dont Valentin s’est chargé et disons-le avec grand bonheur.
Ce soir, dans le cadre du festival Jazz 360, les voilà dans la jolie salle de Saint-Caprais . Juste avant le concert ils ont avec les écoles de musique des environs restitué leur travail ensemble de la semaine et nombreux sont encore les jeunes musiciens dans la salle. Celui assis à mes côtés ,admiratif, n’arrêtera pas de dire « mais qu’ils sont bons » ; que tous ces jeunes musiciens puissent ainsi se nourrir du travail en commun avec leurs aînés ! Merci à Richard Raducanu et à son équipe de permettre des moments et des rencontres comme ça.
Dès le début du concert de Dr N (je renonce), sur une jolie mélodie, ça sonne très bien, des harmonies réussie, beaucoup de douceur et très vite des unissons bien punchys.
Un octet ainsi formé permet de mettre en avant chacun des musiciens, tout le monde aura la parole, pourra raconter son histoire.
Très beau chorus de trombone, suivi d’une guitare créant un climat Mahavishnien avec une belle bagarre avec la rythmique. Les cuivres arrivent pour faire flamboyer la musique. Une cavalcade hard bop se transforme en un blues profond puis repart en groove, le sax de Valentin éclairant le tout.
Les titres ne sont pas linéaires, voilà des rebondissements, des changements de tempo et une mélodie toujours présente. De l’humour aussi avec ce Blues for Mika en « l’honneur » d’un personnage qui devait être haut en couleurs vu les multiples facettes du morceau ; la formation sur ce titre se veut à géométrie variable de 3 à 8.
En trio François Mary tricote à la contrebasse, les cuivres enchaînent, ça déboule, ça barde et tout cela dans une belle unité. Très en place. Après une ballade très écrite voilà « les cats » une samba ou quelque chose dans le genre enchaînant sur un blues calé sur la démarche du gros chat dont il est question.
Duel guitare contrebasse wah-wah (excellent) un chorus de baryton de Marina plein d’inventivité. Pour finir un « funk swing » ou l’inverse ou pas du tout, et (enfin disent certains) un solo de batterie qui valait le coup d’attendre.
Un vrai grand huit, avec ses montées, ses descentes ses accélérations, ses secousses, ses changements brutaux de direction mais dans un grand confort musical. Beau travail madame et messieurs !
