par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.
Festival Jazz 360, Cénac vendredi 7 juin 2019.
Troisième soirée du 10ème festival Jazz 360 et du lourd comme on dit ! Un certain Miguel a failli gâcher la fête ne faisant certes que passer un peu plus loin pour faire de tristes dégâts mais obligeant les concerts de l’après-midi à se réfugier dans l’église voisine.
Ecole de musique locale puis de Monségur avec déjà de bien belles promesses et place au quintet de François Poitou.
François Poitou quintet
Formation jazz originale à la croisée des chemins de la musique de chambre et du jazz moderne, un concert intimiste qui finalement a mieux trouvé sa place dans ce lieu paisible que dans le parc voisin plus vivant. Raffinement, délicatesse, charme, virtuosité mais aussi fougue et envolées, voilà quelques mots pour définir cette prestation.
Formation atypique, un quatuor de cordes déjà particulier avec Bastien Ribot au violon, Aude-Marie Duperret à l’alto et là ça commence à dériver, le leader François Poitou à la contrebasse et Federico Casagrande à la guitare électrique, une bonne vieille Telecaster.
Il en manque un pour épicer tout cela, et il ne va pas s’en priver, Maxime Berton au sax soprano et plus inhabituel à la clarinette basse.
De la place pour les improvisations sur des tapis de cordes finement tissés pour un concert subtil et bucolique. Un très bel album à découvrir « Le sec et la lune » déjà très bien reçu par la critique.
Pierre de Bethmann et le Medium Ensemble 3
Juste le temps d’avaler un plateau repas et nous voilà repartis dans la salle de spectacle pour le concert de Pierre de Bethmann et le Medium Ensemble 3, tout simplement un All Stars français.
Regardez plutôt les musiciens de ce dixtuor , dix tueurs en effet : Pierre de Bethmann (piano, compos),
Stéphane Guillaume (Flûte, sax ténor), Sylvain Beuf (sax alto), David El-Malek (sax ténor),
Thomas Savy (clarinette basse), Sylvain Gontard (trompette, bugle),
Denis Leloup (trombone), David Patrois (vibraphone),
Simon Tailleu (contrebasse) et enfin Karl Jannuska (batterie).
A Jazz 360 ça rigole pas, quand on fête un anniversaire on met les petits plats dans les grands ! Et le cadeau on le fait aux autres, à nous le public car on peut parler de cadeau pour ce concert.
« Un projet déraisonnable » nous dira Pierre de Bethmann, une envie de continuer son travail d’écriture et de mettre en valeur ses amis dans un ensemble de solistes plutôt qu’un demi big band.
Que des hommes ! vont râler certain.e.s (première fois que j’utilise l’écriture inclusive, la dernière certainement) et oui les femmes, ce soir, elles sont sur le gazon, coupe du monde féminine oblige ! Mais aussi dans la salle bien sûr.
De son Steinway & sons (on vous le répète ça rigole pas ici) Pierre pilote cet équipage qui malgré sa valeur a besoin d’un guide. Moments très intéressants quand pendant les chorus des solistes Pierre va diriger le soutien musical des autres ; un chef d’improvisation.
Malgré la taille de l’effectif – ils sont d’ailleurs très serrés sur la scène – le tout est d’une fluidité incroyable. Passant d’une légèreté élégante à une énergie volcanique, l’orchestre est d’une agilité mouvante et profonde, souvent envoûtant. Je ne rentrerai pas dans le détail des chorus mais ce fut un enchantement. Des arrangements d’une grande finesse et proposant des surprises. Pari osé que cette douce ballade, puis un hommage à Michel Serres avec « MIR », paix en Russe, mais surtout trois des qualités que revendiquait le philosophe : Mémoire, Imagination, Raison. Pierre de Bethmann est habile, faussement modeste sur la qualité des titres de ses compos, et surtout d’une grande gentillesse naturelle lors de ses présentations. Au piano n’en parlons même pas ! Remarquable aussi l’écoute mutuelle, heureusement me direz-vous, oui mais là, à regarder les visages on sentait le bonheur d’entendre jouer le ou les copains.
Des passages en trio, toujours ces pauvres batteur et contrebassiste à l’ouvrage d’un bout à l’autre du concert, puis l’ampleur qui arrive avec tous les autres, un joyau de concert. Je vais faire un parallèle mécanique osé, je parlerai d’un ensemble qui a du couple, qui monte en régime en souplesse, la puissance arrivant progressivement, onctueuse mais attention, très vivace. Quelle chance d’avoir un tel plateau !
Et quel plaisir de les retrouver au milieu de tous à discuter et échanger simplement autour du traditionnel vin rouge-rillettes qui conclut ici les soirées.
Et dire qu’il reste encore trois jours, que vont-ils encore nous inventer, Richard Raducanu et son équipe de Jazz 360 !
http://www.francoispoitou.com/
http://pierredebethmann.fr/fr/projets/72-pierre-de-bethmann-medium-ensemble
L’album avec exactement le même line up :
