par Anne Maurellet, photos Philippe Marzat.

La Pergola, Bordeaux Caudéran samedi 16 novembre 2019.

Soirée Cassous Promotion

Yannick Rieu Quintet « MachiNations »

Yannick Rieu, saxophones ténor, soprano & compositions

François Jalbert, guitare

Jérôme Beaulieu, claviers & piano

Rémi-Jean Leblanc, basse

Kevin Warren, batterie

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September Song, c’est un jazz nerveux, tendu, les effets et le clavier inquiètent la partition. Ça sent le bitume, l’urbain. La batterie de Kevin Warren maintient la fébrilité. La basse de Rémi-Jean Leblanc et la guitare électrique de François Jalbert garantissent l’atmosphère brumeuse. Yannick agace son saxophone ténor comme on aime, l’obsession coltranienne du son qui se cherche, sort de ses gonds. Le clavier interstellaire renforce l’atmosphère troublante. La guitare jazzrocke le morceau appuyé par les scansions de la batterie.

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La batterie donne le tempo à nouveau très très pulsé. Yannick Rieu fait chanter son sax soprano, aborde toutes les variations de l’instrument, ses sons affûtés, ses vibrations fines, comme un scrutateur. Il compose juste près de la pulsion. La basse bavarde avec aisance, c’est rare…

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Love Song : J’aime ce grondement, puis ce grouillement de la musique en train d’éclore, de se déployer par frémissements, poussées, créant sur la création, se nourrissant de l’improvisation de l’un pour le déplacement ou le débordement de l’autre.

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Le piano ici organique s’adoucit peu à peu, jusqu’à se marier aux cordes pincées de la guitare. On entre alors à pas feutrés dans un cœur à peine palpitant, encore chaud, tout proche des sensations pour n’entendre que la tessiture du son du saxo : l’un après l’autre approcher, le musicien s’effaçant presque pour que s’échappent les souffles en degrés divers.

La batterie sort un son minéral, c’est possible… Le jeu de chacun est alors très électrique : pulsions exacerbées, monde aigu, fou.

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Évidemment à chercher les angles dans un cercle – Circle’s Angle – ça vous pousse à l’hystérie. Folie au tempo extrêmement vif, les deux guitares s’en donnent à cœur joie dans la circularité obsédante.

P’tet que l’angle, c’est le ternaire, l’empêcheur de tourner en rond ? Yannick cherche justement les angles d’attaque. La batterie choque quelques accords du piano, les voilà en ballade cahotante, tout en pointe, sabordant les rondeurs. On entend même le tic-tac irrégulier d’une horloge battu par Kevin Warren. Le cercle se déforme, s’allonge. Carrément bon !

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Le saxophone soprano de Yannick est hors service, en vrai, alors Yannick joue Status pour célébrer Wayne Shorter avec le sax ténor à qui il donne une majesté ; il l’adoucit, le féminise. Jeunesse fébrile du groupe, qui appelle Yannick à y intégrer le jazz dans une hybridation périlleuse : deux générations se diffractent dans une palette de teintes en constantes variations, irisant ou au contraire frisottant le son, l’étalant ou injectant de belles couches de couleur, créant un tableau musical.

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Lambda ou le moment plus groove, lent déhancheur ou Bourbon, c’est selon, aux formes veloutées : Yannick semble répondre à l’énergie électrique de la jeunesse, la côtoyer, échanger pour qu’ils se transmettre mutuellement leur expérience. En commun, deux obstinations : faire jaillir un univers musical hybride, ressentir les effets d’une recherche, faire naître de nouvelles harmoniques, des mondes inattendus, déplacer des sensations, créer des atmosphères instables, riches.

Ressentir, s’imprégner, s’étonner même… Inventer, quoi !

On a posé le stylo pour Black Tree et So …when ? Pour toutes ces raisons-là.

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Dernier album : MachiNations

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