Par Dom Imonk, photos Alain Pelletier
En novembre dernier, dans la Gazette Bleue n°31, notre ami chroniqueur et rédacteur (et aussi guitariste très actif) Ivan Denis-Cormier s’enthousiasmait pour « Take-Off », premier album sous son nom du guitariste Gustave Reichert, et il avait bien raison de considérer ce disque comme un coup de cœur « INDISPENSABLE » ! Mais outre le brillant guitariste qu’il est devenu, par la force d’un cursus très fourni, formation, rencontres, collaborations, concerts et jam, qui l’ont d’ailleurs vu passer par notre chère ville, par Paris, pour y voler quelques baisers salés à son public émoustillé, et par New-York, dont il revenait tout juste ce soir-là, il est également multiinstrumentiste. Au Quartier Libre (à Bordeaux), qui l’accueille une nouvelle fois et l’estime, on l’avait déjà vu à la batterie, lors de l’une de ces jam mémorables qui font les fièvres du lieu. Et ce soir, c’est en trio qu’il avait décidé de venir en découdre avec le jazz groove, mais lui à la basse, et oui !
Accompagné de deux autres sérieuses lames, affutées à souhait, qui elles aussi enchantent les nuits jazz parisiennes, tout autant que les bordelaises, pas endormies pour tout le monde. On retrouve donc avec lui l’épatant Simon Chivallon à ses claviers fluides, aux riches drapés aurifères – il assurait le piano sur Take-Off – et Gaëtan Diaz à la batterie, époustouflant de drive et de précision de bout en bout, lui aussi grand habitué des lieux. Et c’est ainsi qu’en à peine deux sets, ce trio, pas si improbable que ça, a su faire revivre l’esprit Herbie Hancock version Head Hunters, avec finesse, précision des breaks et impacts, et chaleur enivrante des chorus ensorcelants, dont la filiation avec les défricheurs d’antan devenait de note en note évidente. Du grand art, sans filet ! Moins d’outils, mais feeling intact. Trois prestidigitateurs funambules, en équilibre sur les fils d’or de ce jazz funk qui en a ouvert de sacrées routes, depuis près de 50 ans, et que nos trois compères ont réempruntées sans peur et avec la fervente envie d’en réécrire une partie du tracé, à leur façon.
Je n’ai pas noté la playlist, à quoi bon après tout ? Sachez quand même que parmi toutes leurs reprises, dont l’une des Beatles, il y avait le bouleversant « Needle and the damage done » de Neil Young, et quelques thèmes de Herbie Hancock dont un époustouflant « Actual Proof » en rappel ! Le public, parmi lequel on a reconnu quelques fidèles amis musiciens « contrescarpiens » et assimilés, eux aussi habitués des lieux, était enthousiaste et finalement assez nombreux pour faire de cette soirée une véritable fête ! Alors un grand merci à lui d’être venu, et puis à ces redoutables musiciens qu’on aimera vite revoir, et au Quartier Libre pour son accueil, son écoute sensible de ces musiques et leur programmation.
Par Dom Imonk, photos Alain Pelletier
Gazette Bleue n° 31 – Novembre 2018: https://fr.calameo.com/read/002896039f6a31ef005ba
http://www.cdzmusic.com/release/gustave-reichert/