Ghost-Note au Rocher de Palmer
par Julien Motard
Le Rocher de Palmer, Cenon le 26 octobre 2024.
Des percussions multicolores, des cuivres panachés, une pincée d’instruments à cordes, une variété de claviers, une voix tonitruante : tout ceci en symbiose pour un live pétillant. Voici donc le groupe Ghost-Note qui se dévoile à nous au Rocher de Palmer !
Amateur de Jazz et de Funk : Bienvenue en ce samedi 26 Octobre dans le Salon de Musiques du Rocher !
Put your hand ! Do you feel good this evening ?? A vous de répondre à ce chanteur Mackenzie Green ; mais plus de bruit car une nouvelle fois : Do you feel good ? Puis les roulements de la caisse claire de « Sput » accompagnent ce prélude. Yeah ! Do you enjoy ? Ainsi vous pouvez lire cette chronique ! Vous êtes prêt ! Les cuivres, la basse, les percussions, le clavier et la guitare arrivent alors tous ensemble sur 2 notes avant d’introduire un mouvement collectif musical jusqu’aux rythmes des toms pour mettre en avant le cri soul dans les aigus du grand Green. Puis un silence … de quelques secondes pour allumer la dynamite musicale de cet ensemble One Two Three Four !
Je sais ce n’est pas correct : Je vous mets en haleine car avant de poursuivre ses rythmiques endiablées, il me faut présenter Ghost-Note. Il s’agit d’un incroyable collectif tournant de musiciens réunis au sein d’un groupe orienté vers un style funky, jazzy basé sur le groove. Joli mélange n’est ce pas ? Ils sont ici à Palmer ce soir pour nous présenter leur dernier album : Mustard n’Onions.
Cet ensemble est fondé et dirigé par deux percussionnistes connus pour leur participation sur 7 albums au sein du célèbre groupe de jazz fusion : Snarky Puppy. Oui, nous sommes donc sur du très haut niveau avec ces deux compères et piliers au centre de la scène :
– Robert “Sput” Searight : batteur, compositeur et producteur américain, il a voyagé dans plusieurs univers musicaux comme la pop (Toto,C. Dion…), le jazz avec Kamasi Washington, Bill Laurance, Shaun Martin, Roy Hargrove (…), le hip-hop (J. Timberlake, Snoop Dog, E. Badu…) , la soul, la funk, le gospel avec Kirk Franklin, The Clark Sisters, Tamela Mann… Avec dans ses bagages un Grammy Award obtenu à 18 ans, c’est l’un des batteurs, claviéristes et producteurs les plus influents de la musique contemporaine.
– Nate Werth : percussionniste aussi originaire de Dallas comme son homologue avec qui Snarky Puppy demeure un second point commun sur 7 albums partagés. Il manie toutes sortes de percussions de différents horizons pour se marier parfaitement avec la batterie de Sput et l’ensemble du groupe. Divers tambours, cymbales, tambourins, bongos, congas, caisses claires, diverses cloches, cabasse… Bref une richesse sonore qui va de pair avec le talent de l’artiste aux baguettes et mains digne des grands percussionnistes.
Revenons au live de ce soir avec le mélange ordonné qui nous propulse dans la soul des années 70.
Ce premier titre JB’s Out ! (Do it babay), est sans doute en hommage à l’orchestre de James Brown (Fred Welsey, Maceo Parker…). Nous sommes de suite conquis par ce rythme rapide au son d’un ensemble très carré qui nous conduit très logiquement à les accompagner. Mais attendez : une impulsion des cuivres et nous montons d’un ton pour nous envoler plus haut avec cette bass puis stop ——– et relance avec les cuivres, la voix de Sput et un public déjà conquis par ces accompagnements percu-vocal : Do it Baby ! du chanteur et en réponse la salle et ses amis : It’s all right ! Puis un silence : nous pensons que le set est terminé mais non : rebondissement avec ces musiciens en fusion avant un finish collectif.
Arrêtez moi…je suis pris par ce groove. Oui comment peut on continuer sans présenter le reste du groupe :
– Nous avons au chant le grand par sa taille et son talent encore méconnu en France : Mackenzie Green qui s’est dévoilé lors de l’émission populaire aux États Unis : « Un incroyable talent » en français. C’est un explosif du groove au style polyvalent qui s’éclate sur scène et ça vous l’avez déjà entraperçu ! Absent sur les derniers albums, il donne un tout autre visage au groupe. Ainsi pour ceux qui n’adhèrent pas à l’album : Green apporte son énergie débordante !
Casque audio sur la tête, sa présence sur scène est fondamentale même en absence de chant de part ces mouvements dansant qui accompagnent l’ensemble, ses courtes interventions funky qui relancent, cette fusion avec le public !
– Justin ‘Jay McK’ McKinney est lui à la guitare basse à côté du batteur. Il débute dans un groupe de Gospel contemporain avec sa fratrie puis au sein de Tekneek (du smooth) en tant que saxophoniste. Puis il est élève à la basse du non moins connu Oteil Burbridge. Ensuite l’étude de J.Pastorius, J.Pattitucci, M.Miller, V.Wooten, et bien
d’autres a fait de Jay McK le musicien qu’il est aujourd’hui. Ces multiples collaborations sont extrêmement variées. Sa guitare basse arbore ce soir les deux symboles de l’amour imaginé par Prince.
– Dominique Xavier Taplin : A droite de la scène, il était l’un des derniers claviéristes de Prince avant son décès. C’est un musicien très recherché qui a joué avec de nombreux artistes. Il est ce soir aux manettes de 3 claviers.
Ghost-Note ne peut être sans la magie du duo bois et cuivre à gauche de la scène :
– Daniel Wytanis au trombone a produit, joué, tourné et enregistré avec l’avant-gardiste Bruce Hampton, les chanteurs hip-hop Lecrae, Gawvi, le ragtime moderne de Blair Crimmins and The Hookers mais aussi la funk de Atlanta Funk Society…
– Le multi-instrumentiste, arrangeur, compositeur et producteur Jonathan Mones ce soir au saxophone
alto et flûte traversière. Ce dernier s’est produit aux côtés de géants de la musique tels que B. McFerrin,
Arturo Sandoval, K. Washington…
Peter Knudsen à droite du bassiste va lui apporter son feeling de fin guitariste underground. Sa technique jazz/funk est tirée d’improvisations et de jams avec de nombreux autres artistes de divers horizons musicaux. Son jazz repose sur l’invention au fur et à mesure. Il fusionne la funk moderne à partir d’une approche à la Stevie Wonder avec sa fender bleue et sa TMG couleur bois.
A l’image de Snarky Puppy, Ghost-Note est certes composé des deux piliers aux percussions mais plusieurs membres s’ajoutent aussi à ceux présentés. Ainsi 20 musiciens tournent pour apporter le meilleur de leurs influences et de leurs talents. Ajoutons que les invités sur leur dernier album ne sont pas des débutants dans leur domaine respectif : Karl Denson, Keith Anderson, le regretté Casey Benjamin au saxo, les guitaristes blues rock d’Eric Gales, et fusion de
Mark Lettieri (lui aussi membre de Snarky Puppy), mais aussi Marcus Miller, Jay Jennings, Travis Toy et la légende disparue de la funk : Bernard Wright.
Mais revenons aux choses sérieuses : le premier titre qui fait guise de présentation se termine par une démonstration solo avec les percussions de Nate Werth sous les applaudissements du public. Dominique Xavier Taplin nous introduit ensuite le second titre dans une ambiance électro à laquelle s’allie rapidement le reste du collectif avec un Mackenzie frénétique, les mains vers le plafond du Salon de Musiques, ses cris soul pour faire participer et bouger le public au rythme funky de la Fender et des cuivres sur des riffs itératifs. Plutôt doux sur le nouvel album ce titre Synesthesia est ici beaucoup plus punchy.
Come on ! Introduits aux percussions, Be Somebody nous fait bouger encore plus ! Attention à tous : à gauche, à droite, tapons des mains sur un rythme effréné puis descendons progressivement vers une position semi assise pour une baisse progressive du volume de chaque instrument, nous rions devant cela et bien évidemment ça repart de plus belle sur un rythme encore plus cadencé ! Puis on monte en tonalité… avec les cris funky de Mackenzie. Nous sautons mais attention aux pieds des voisins !
Le talent du tromboniste engage la suite de ce concert explosif avec un solo magnifique sur une rythmique typique funky. Puis le guitariste prend le relais avec un son clair en douceur bluesy pour nous poser un peu avec ce titre légèrement plus doux : Slim Goodie. Comme tous les titres les solos se multiplient et accompagnés subtilement par l’ensemble des autres compères.
La suite est dédiée à « l’espace publicité » mais tout ceci en musique : c’est un ainsi que le groupe improvise sur le riff : « Buy a T-shirt ! » En mode gospel dans un premier puis funky « Buy Buy T-shirts ! ».
Un boogy du guitariste nous entraîne vers la suite du concert, Say Yeah ! I feel all right ! qui nous invite à répondre. Puis c’est un retour du groove avec un passage Hip Hop de Sput. Un solo du bassiste pour agrémenter le tout suivi d’un walking-bass introduisant un super solo blues rock à la guitare.
Ghost-Note accueille maintenant une invitée aux congas dont je n’ai pas le nom exact. Je m’excuse mais je live s’est emparé de moi et ma fille de 12 ans présente à ce concert avec qui je partage ces instants de musique et de plaisir !
La suite de ce live nous entraîne dans des sauts, des déhanchés incontrôlables, nos mains sont chaudes suite aux claquements aux rythmes explosifs . Nous sommes tout simplement absorbés par cette tempête, ce groove contemporain, d’un collectif surdoué qui vagabonde à travers les improvisations sur des rythmes effrénés.
Nous partageons le plaisir commun : la musique, le bon son qui nous fait transpirer ce soir !
Générosité, puissance et polyvalence musicale, renouveau funky, énergie dévastatrice, des jams d’une très grande qualité, un tempo millimétré, voici les sensations à retenir pour ce live d’une grande qualité ! Merci Ghost-Note !
La set list :
01. Jb’s Out ! (Do it babay)
02. Synesthesia
03. Be Somebody
04. Impro trombone et jams
05. Slim Goodie
06. Buy a Tshirt
07. Buy Buy Tshirts
08. Promo Cds
09. Jams Boogy Hip Hop ??
10. Bad Knees with guest
11. Where’s Danny
12. Rappel
Ghost-Note
« Mustard n’Onions »
Album sorti le 19 Avril 2024
Mustard n’Onions marque le grand retour de Ghost- Note,premier album du groupe en 6 ans.
NB : Les « ghost notes » ou « notes fantômes » : sont en musique des notes que l’on perçoit comme des bruits percussifs dont il est difficile de percevoir la hauteur. Les ghost notes sont utilités dans la plupart des styles de musique pour ponctuer le rythme de guitare et le rendre plus dynamique. Si je résume : en supprimant ces notes on obtient des silences, et donc un son moins percussif et rythmique.