Festival Soulac n’Jazz #1/3
Alès Demil – Daniel Zimmermann
par Philippe Desmond, photos Laurent Robert (Musiques en Live) et PhD (Off)
Vendredi 23 août 2024.
Deuxième édition du festival Soulac’n Jazz inventé par Philippe Catherine, un amateur avisé de jazz qui a envie de partager sa passion, secondé par sa compagne Elisabeth Kleinemas et une belle équipe de bénévoles. Une organisation très pro avec notamment Roman Zaborski à la tête de la technique, rien moins que le régisseur général du Bal Blomet, haut lieu du jazz à Paris.
Swinging in the rain !
Le festival monte en régime avec cette année un « off », du jazz dans les rues, un concert pour les enfants et un autre pour les pensionnaires de l’EHPAD local. C’est ainsi que dès le vendredi en fin de matinée rendez-vous est donné rue de la plage, l’artère commerçante la plus dense de la coquette et typique station balnéaire. Et c’est une ouverture du festival bien arrosée, malheureusement par une pluie fine, une « entrée maritime » qui va lancer les festivités du week-end. Qu’à cela ne tienne, c’est habilement par une chanson optimiste que le groupe New Orleans Quartet commence son set, »On the sunny side of the street ». Répertoire de standards bien sûr, à la portée du public de passants et de touristes assez courageux pour résister à la bruine coquine. Une très sympathique mise en bouche.
Bernard Thore (sousaphone), Michel Mondou (sax), Bruno Bielsa (trompette), Christian Baretto (banjo)
Des graines semées
Dans l’après-midi rendez-vous au centre socio-culturel pour un goûter jazz destiné aux enfants. Sylvain Gontard au bugle et Laurent Derache à l’accordéon ont présenté avec pédagogie leurs instruments et leur musique aux jeunes présents ainsi qu’aux adultes qui ont aussi appris des choses ! Ces deux musiciens chevronnés ont été rejoints par un saxophoniste local, professionnel lui aussi dans le passé, Jean-Marie Perrin et par Garance une jeune chanteuse encore en formation au Conservatoire de Bordeaux. Des graines semées chez ces enfants qui espérons-le germeront pour rajeunir les générations d’amateurs de notre musique favorite.
Alès Demil trio
Le soir à 19 heures c’est à la salle Notre-Dame que les festivaliers se retrouvent pour le premier concert. C’est le trio d’Alès Demil qui est programmé. Lauréat de notre Tremplin Action Jazz 2021, le trio a été recommandé par Action Jazz et Philippe Catherine va vite s’apercevoir qu’il a bien fait de nous faire confiance. Vif succès pour ce jeune musicien rochelais de 18 ans, juste auréolé de son succès au baccalauréat. Avec un répertoire de compositions originales, la seule entorse étant une adaptation d’une Nocturne de Chopin, le guitariste a ébloui par sa technique, sa musicalité et son enthousiasme, tellement bien épaulé par Damien Thébaud aux claviers et Lucas Ferrari à la batterie. On entend les influences, notamment celles de Pat Metheny dont il partage un peu la coiffure tout en apportant sa propre sensibilité. Un guitariste plein d’avenir…mais pas dans la musique ; il vient d’annoncer renoncer à une carrière de musicien pour se lancer dans des études de médecine. Gageons avec le doigté qu’il a, qu’il fera comme il semble le souhaiter, un excellent chirurgien dentiste ! Dommage pour nous par contre et pour nos oreilles… Une anecdote pour terminer ; alors que nous discutons avec Alès à la fin du concert, une dame s’approche pour le féliciter lui suggérant tout de même de jouer davantage de morceaux connus ! Il a souri avec sa gentillesse habituelle.
Chronique de l’album : Belle Joie
Gainsbourg torturé habilement par le Daniel Zimmermann quartet
Sur le programme le concert est annoncé comme « Variations sur la musique de Serge Gainsbourg ». Visiblement cela a attiré le public, c’est archi complet ! Mais Daniel Zimmermann, qui va tout au long de la soirée nous présenter chaque titre avec beaucoup d’humour, nous prévient vite : il ne s’agit pas de reprises mais d’autre chose à partir de chansons de Gainsbourg, les plus anciennes et de Gainsbarre, les plus récentes. Le projet et le disque qui le matérialise s’intitulent » l’Homme à la tête de chou en Uruguay », on voit qu’on est donc parti autre part. Action Jazz avait chroniqué cet album en novembre 2022 : Album Daniel Zimmermann. Daniel.
Daniel nous met même au défi de reconnaître « Comic Strip », nous ramène à des titres oubliés « New York USA », « Machins choses » , nous métamorphose « Bonnie and Clyde » , nous transcende « Melody Nelson » Sylvain Gontard venant éclairer le titre de son bugle. Gainsbourg est finalement un prétexte, un départ avant que le quartet ne lâche son énergie, folle souvent, free parfois. Le drumming de Julien Charlet est solide, nerveux, Stéphane Decolly soutient le tempo remarquablement sans le moindre répit, quant à Antonin Fresson avec un son de guitare particulier, il éclabousse de son talent ; il joue pourtant avec le groupe pour la première fois ! Un guitariste à suivre que beaucoup s’arrachent depuis quelque temps. A signaler que Stéphane effectuait aussi le remplacement de Jérôme Regard. Ah ces jazzmen ils nous épateront toujours. Et Daniel ? Il réussit son pari de mettre en avant le trombone en soliste, il en a une maîtrise absolue et en tire une musique sensible ou énergique, douce ou violente, un régal. Une partie du public venue entendre du Gainsbourg repart avec une culture supplémentaire, celle du jazz et de sa liberté, de son sans-gêne.
Belle première soirée et rendez-vous demain sur le front de mer dès 11h30 !
(à suivre…)
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