Eva Slongo

« Souffle »

par Philippe Desmond

Adoubée par Jean-Luc Ponty qui lui souhaite la bienvenue dans le club restreint des violonistes de jazz moderne, étoile montante du violon selon Bireli Lagrène, voilà Eva Slongo. Deux univers pour elle, le classique et le jazz qu’elle se met au défi de réunir dans cet album.

Mettre au répertoire en plus de ses propres compositions, celles de Gabriel Fauré, Beethoven, et Erik Satie est en effet un sacré challenge. Alors autant assurer le coup avec les valeurs sûres que sont Giovanni Mirabassi au piano et à la direction artistique, François Moutin à la contrebasse, Lukmil Perez à la batterie et Baptiste Herbin au saxophone, rien que ça !

Réconcilier le passé et le présent nous dit-elle avec une mission qu’elle se donne : sensibiliser les musiciens classiques aux joies de l’improvisation qu’offre le jazz. Noble cause en effet que de rapprocher ces deux mondes où trop peu sont ceux qui ne se regardent pas en chiens de faïence. Mais depuis quelque temps les barrières tombent, en voilà donc un exemple supplémentaire avec un résultat très réussi. Violon et piano, bien secondés par le saxophone sur deux titres, nous embarquent dans le jazz, la rythmique confirmant bien la direction prise. L’«Allegretto» de Beethoven retrouve ainsi une jeunesse, gagnant en fantaisie et allégresse justement. Les titres assez longs permettent tous les développements possibles à ce beau quintet dans lequel, en plus du violon, Eva donne de la voix par des vocalises très musicales. Voilà une sensation agréablement étrange de redécouvrir une « Gnossienne » ou le soprano de Baptiste Herbin apporte sa touche de légèreté. Neuf titres à découvrir.

Un très joli disque pour réconcilier deux mondes qui se croient étrangers !

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