Daniel García trio
« Via de la Plata »
par Philippe Desmond
Connaissez-vous Daniel García ( García Diego pour son patronyme complet et avec un accent tonique sur le premier í ), ce pianiste espagnol venu de Salamanca, cette ville melting pot d’étudiants du monde entier ? Déjà quatre albums dont les deux derniers et celui-ci, parus chez ACT, label prestigieux. Peut-être l’avez-vous vu et entendu avec le quintet du saxophoniste Antonio Lizana qui tourne pas mal en ce moment en France et ailleurs.
Daniel est ici avec son trio que nous avons eu la chance et l’émotion d’entendre au Anglet Jazz festival en septembre dernier. Un concert d’une réelle beauté qui avait surpris et touché tout le public, un sacré pianiste et un sacré compositeur aussi.
Il joue ici avec Reiner Elizarde « El Negrón » à la contrebasse et Michael Olivera à la batterie. Trois invités et pas des moindres viennent ajouter leur couleur, Ibrahim Maalouf, ai-je besoin de préciser à la trompette, Gerardo Nùňez à la guitare flamenca et Anat Cohen à la clarinette.
Cet album est un exemple typique de ce que peut être le jazz quand il mêle des influences et courants divers, la modernité, la tradition, ici l’Espagne et son flamenco andalou aux accents orientaux, la musique classique, Cuba (le batteur et le contrebassiste sont cubains)… Le tout est d’arranger ces ingrédients pour que la recette soit réussie. Elle l’est, finesse, élégance sont au rendez-vous.
L’album s’ouvre sur « Canción del fuego faluo », la célèbre « Danse du feu » de Manuel de Falla où le feu couve plus qu’il ne crépite, piano et trompette se partageant la mélodie, le jazz s’installant tout doucement avec ses improvisations. Elles seront nombreuses tout au long de l’album. Plus loin une autre « figura » espagnole viendra faire un tour et nous faire claquer des talons : Paco de Lucía avec « Volar » ; le flamenco à travers une buleria s’y insinuent dans le jazz ou l’inverse, avant que le piano ne prenne ses libertés. Voilà un hommage au grand chanteur Camarón de la Isla – encore un disparu trop jeune – avec « La leyenda del tiempo » dans lequel Anat Cohen vient ajouter une note nostalgique à cette mélodie enivrante. Six compositions de Daniel García et une de Gerardo Nùňez enrichissent cet album sensible et virtuose. A son écoute je ressens les émotions qui nous avaient envahis à Anglet.
Pour les Bordelais et alentours, sachez que Daniel García sera au Rocher de Palmer en novembre prochain.
https://www.danielgarciadiego.com/