Confiné avec… Mark Brenner

Confiné avec… Mark Brenner

Nous vivons tous une période particulièrement difficile qui bouscule notre mode de vie d’une façon totalement imprévue. Les musiciens, comme tant d’autres métiers,  sont particulièrement touchés économiquement. Comme ils ne peuvent plus exercer leur art autrement que par quelques interventions sur les réseaux sociaux, nous avons pensé qu’il serait intéressant de continuer à tisser du lien avec eux par ce petit questionnaire.

Nous sommes avec : Mark Brenner

Présentes-toi rapidement. De quoi, avec qui, quelle musique joues-tu ?

Chanteur / multi-instrumentiste / auteur-compositeur britannique, je vis en France depuis 25 ans

J’ai un groupe de reprises pour des contrats événementiels , soirées privées… (The Mark Brenner Band) et une formation dédiée à mes compositions personnelles (Karmarama). Je me produis parfois en duo ou en solo également.

J’aime beaucoup de musiques différentes, du jazz et folk à la pop, électro, le rock, la musique classique indienne et la musique World…

Comment occupes-tu tes journées en ce moment ?

Les concerts sont tous annulés, au moins jusqu’à la fin d’avril. Il faut alors miser sur mes autres “talents” pour essayer de faire rentrer quelques euros et pour payer les factures. Je suis intermittent du spectacle certes, mais j’ai également une auto-entreprise de traduction et d’interprétariat. J’avais déjà commencé de développer cette activité en 2019, avec en plus des missions de formation des pilotes qui doivent passer un test d’anglais afin de pouvoir voler en dehors de la France. Les pilotes professionnels doivent passer ce test obligatoirement.

Avec la période d’isolement mes déplacements à travers la France sont interdits, et je suis en train de mettre en place des cours par Skype, et j’ai quelques boulots de traduction à faire.

Du coup j’ai plus de temps pour travailler dans mon home studio… je viens de terminer la réalisation d’un album d’un client anglais. Le mastering est terminé, le pressage est lancé…

Je travaille également sur la sortie de mon nouvel album, “Symmetry” by Karmarama.

Nous terminons la maquette graphique (faite par la très talentueuse Fiona Bernaerts à Nantes).

On va bientôt lancer le pressage d’une série limitée de 300 albums vinyles. C’est compliqué, car pour l’instant on ne peut pas faire des projects de programmation ou de lancement, bien que la version numérique sortira sur les plateformes de streaming le 1 mai.

Dans la foulée, nous travaillons également sur le relooking total de mon site  www.mark-brenner.com avec l’agence Heurisko. On espère qu’il sera prêt à lancer en même temps que l’album.

En profites tu-pour composer, travailler ton instrument, ta voix ?

Mon professeur de sitar, Parimal Sadaphal, vit à New Delhi. Du coup, lui aussi il est confiné chez-lui pour un bon moment. On a mis en place des séances Skype ou Google Duo un jour sur deux. Il est très généreux et chaque cours dure environ 2 heures. Pendant ma journée “off” je m’entraîne sur les exercices et les compositions qu’il me donne afin d’être prêt a avancer lors du cours suivant.

En 2019 j’ai connu de sérieuses problèmes avec ma voix. J’ai depuis commencé des cours par Skype avec Monique Thomas, qui m’apprends à mieux gérer ma voix. Ceci dit, j’ai un peu zappé les cours depuis quelques semaines car je ne chante quasiment plus !

Comment arrives-tu à jouer « avec » les autres ?

Avec quelques amis nous avons faits quelques expériences de “duos” ou de “trios” virtuels.

C’est amusant et ça fait passer le temps. il suffit d’un peu de matos pour enregistrer et pour se filmer… Avec Thomas Drouart et Antony Breyer nous allons bientôt préparer ensemble quelques nouveautés pour la saison estivale (si saison estivale il y a…!)

J’ai lancé un “one-minute groove” sur Instagram (ce premier était à la contrebasse)… d’autres musiciens commencent à le télécharger pour y ajouter leur instrument…

Écoutes-tu la radio, des disques, du streaming ? Quoi par exemple ?

J’écoute avec Apple Music, mais cette période de confinement est propice à l’idée de prendre son temps… j’adore écouter des albums vinyles, il s’agit vraiment d’un rituel (comme préparer le thé…).

Cette situation change t-elle ta façon de voir les choses, la vie, ton métier ?

La précarité touche tout le monde… je ne suis pas sûr que le métier de musicien (et surtout le statut de intermittent du spectacle) restera inchangé quand cette mauvaise période sera derrière nous. Il va falloir être encore plus polyvalent, plus débrouillard…

Avant “le virus”, tout était devenu jetable… y compris la musique. Depuis qu’on est confiné, bridé, menacé, on se rends compte de notre fragilité, nos privilèges…

Cependant , quel plaisir de n’entendre que les oiseaux dans le jardin… si la Terre nous a imposé une pause, ce n’est pas sans raison.

Un titre qui te passerait par la tête ? 

Raga Malgunji par Purbayan Chatterjee. Une pure merveille, et c’est une bonne introduction à la musique classique indienne, restant très accessible mais sublime de complexité.

 

Bonus : https://wp.me/p7rYkS-7W