Confiné avec… Jérôme Masco
Nous vivons tous une période particulièrement difficile qui bouscule notre mode de vie d’une façon totalement imprévue. Les musiciens, comme tant d’autres métiers, n’échappent pas à la règle et sont particulièrement touchés économiquement.
Comme ils ne peuvent plus exercer leur art autrement que par quelques interventions sur les réseaux sociaux, nous avons pensé qu’il serait intéressant de continuer à tisser du lien avec eux par ce petit questionnaire.
Nous sommes avec Jérôme Masco
Présente-toi rapidement. De quoi, avec qui, quelle musique joues-tu ?
Du sax, dans plusieurs groupes et du jazz, principalement (mais en fait, un peu de tout). Je fais partie de Robin & the Woods aux côtés de Robin Jolivet, Alexandre Aguilera, Alexis Cadeillan et Nicolas Girardi, et je joue aussi régulièrement avec mes camarades du collectif Hello Buddy! (dans lequel on retrouve les groupes Capucine, V.E.G.A, Yoshiwara…). Je suis aussi membre du “big band de rue” ConTreBand et je fais occasionnellement des remplacements dans plusieurs groupes de la région.
Comment occupes-tu tes journées en ce moment ?
Avec beaucoup de musique… mais pas que : cuisine, rangement, jardinage, je ratrappe un tas de films que je n’ai pas pu voir, je fais un peu de sport aussi. Je prépare mon diplôme du conservatoire, j’ai quelques cours à distance. J’essaie aussi de garder le contact avec mes élèves (j’enseigne à Barbey).
En profites-tu pour composer, travailler ton instrument, ta voix ?
Tous les jours. J’ai déjà composé quelques morceaux depuis le début du confinement. Je devais démarrer les sessions avec mon nouveau projet ce mois-ci. Du coup, je compense.
Comment arrives-tu à jouer « avec » les autres ?
J’ai du matériel d’enregistrement avec moi. On a commencé à s’échanger quelques pistes par internet entre musicien.ne.s. Ca va permettre de faire naître de nouvelles collaborations (et de s’améliorer en MAO).
Ecoutes-tu la radio, des disques, du streaming ? Quoi par exemple ?
Pas tant que ça… Comme je ne suis pas seul, le temps durant lequel je peux m’isoler je le passe plutôt à bosser le sax, sur mes partitions ou mon site internet. Sans compter les sollicitations syndicales qui prennent pas mal de temps car il faut préparer l’après-confinement. Peut-être qu’au fil des semaines ça évoluera.
Cette situation change t-elle ta façon de voir les choses, la vie, ton métier ?
Elle me permet surtout d’allouer des moments plus longs à certains travaux comme l’écriture et mieux me concentrer sur ma pratique instrumentale. Elle crée aussi un manque : l’absence de pratique collective.
Sur un registre plus politique, ce confinement montre à quel point les musicien.ne.s sont vulnérables : si dans d’autres domaines les gens télétravaillent ou sont placé.e.s en activité partielle, les musicien.ne.s sont juste privé.e.s de travail. Notre système basé sur le marché et l’exploitation est fragile et le sera encore plus s’il ne se remet pas en question vite.
Un titre qui te passerait par la tête ?
Celui sur lequel je bosse en ce moment, une version de Stella by Starlight par Stan Getz (at Carnegie Hall)
Photos : Dom Imonk, Cécile Royer