par Philippe Desmond, photos Claude Guerre (big band) et PhD

Capbreton, dimanche 11 juillet 2021

Déjà le dernier jour de cette édition et encore un beau programme, très différent. La soirée débute avec du blues, le duo William et David transformé en quartet pour l’occasion. Une surprise au chant avec la voix de David Joly qui rappelle nettement un certain Mick Jagger.

 

Big Band de la ville de Nazaré

Adelino Mota chef d’orchestre et Bernard Labat directeur du festival

L’année dernière Adelino Mota directeur et chef d’orchestre du big band de Nazaré était venu découvrir le festival de Capbreton. Les deux villes sont en effet jumelées depuis quelques années, les vagues de l’une ne pouvant certes pas concurrencer LA vague de l’autre mais des liens étant réels. Cette année Adelino est revenu mais avec son orchestre. Après un concert au Portugal le vendredi soir ils ont pris un bus à trois heures du matin et après quatorze heures de routes ils ont atteint la station landaise le samedi après-midi. Un peu de tourisme, du repos et dimanche balances pour le concert du soir. Le big band est composé d’élèves du conservatoire de Nazaré et d’anciens, pros ou amateurs. C’est Adelino Mota qui écrit les arrangements et choisit le répertoire et on ne peut que l’en féliciter. Ils sont 19 sur scène, avec pupitres siglés à l’ancienne mais attention rien à voir avec les big bands classiques des années 30 et 40, ici on joue de tout. Le concert débute – je n’ose pas dire en fanfare ! – avec « Song for Bilbao » de Pat Metheny et de suite on comprend que l’orchestre n’a pas fait le voyage pour rien. C’est flamboyant ! Adelino dirige avec une joie communicative. On va entendre du Baden Powell, du Miles avec « Solar », le percutant « Count Bubba » de Gordon Goodwin. On découvre l’excellente chanteuse Jùlia Valentim avec « Chick to chick »  puis dans « Caravan » les deux avec des arrangements superbes. Mais c’est avec « Feelin Good » qu’elle et le big band vont épater le public. Quelle magistrale version ! Du swing avec « Too Darn Hot » et pour finir « Electric City » du Chick Corea Electric Band et  le funky « Come on, come over » de Jaco Pastorius. Eclectique ce big band et tellement loin des clichés qu’on peut se faire du Portugal qui visiblement est aussi pays de jazz. Immense succès et joie partagée entre public et orchestre. Bravo Adelino ! Deux heures après le concert ils remonteront dans le bus direction Nazaré ; musicien un vrai métier ? Qui en doute. *

 

Morgan Rousel -Reborn

Je ne connaissais pas Morgan Roussel, ce pianiste landais qui pourtant mène une carrière déjà émaillée de belles choses.

 

Il a entre-autres porté un projet en solo en hommage à Michel Petrucciani, adoubé par la famille de ce dernier. Concertiste classique et donc aussi plus que concerné par le jazz, il a durant cette récente période difficile fait en quelque sorte le point sur sa carrière et monté un projet retraçant à travers les musiques son parcours de musicien et d’homme. Musicien inclassable car tellement éclectique. Un concert qui démarre seul sur des nappes Pink-Floydiennes, puis rejoint par Nicolas Lassabe (claviers), Guillaume Navailles (basse) et Olivier Quesada-Tolosa (batterie) qui m’évoque Genesis, Yes, j’entends des danses médiévales, des rondes, le clavier se fait clavecin, la musique est là, laquelle ? Peu importe. Morgan Roussel passe seul au piano le concert se fait concerto mais on perçoit Michel Petrucciani, j’en découvre ainsi un très bel adepte. Le jazz arrivera encore plus nettement en trio, piano, basse, batterie, ça aussi Morgan Roussel le maîtrise parfaitement. Le trio redeviendra quartet jazz, pour finir dans une transe house funky. Eclectique disais-je, je confirme. Public surpris, public conquis, public debout pour ce final.

Et vous savez-quoi ? Alors que les dernières notes du dernier rappel s’estompent voilà la pluie qui doucement se met à tomber. Si ça Bernard Labat, directeur du festival, ce n’est pas de la chance ! La chance dit-on récompense les audacieux toute l’équipe du Capbreton Jazz festival a cette qualité. Un très grand merci aux bénévoles, élus et employés de la ville de Capbreton. Bravo pour votre courage d’avoir maintenu cet évènement, d’autres ne l’ont pas eu. Et merci pour votre accueil, d’ailleurs je reviendrai !

*référence à la récente et pathétique campagne de communication de la ville de Bordeaux