Big Band du Conservatoire de Bordeaux

De Duke à Maria Schneider

Texte et photos Frédéric Boudou

Ce mardi 05 mars au Rocher de Palmer, j’ai pu assister à un spectacle d’un haut niveau musical.

Une partie du Big Band du Conservatoire de Bordeaux était sur scène pour le plus grand plaisir d’un public venu nombreux dans la 650, belle salle confortable et à l’acoustique irréprochable.
Le thème de la soirée « Les grands Arrangeurs de Duke Ellington à Maria Schneider » m’avait séduit et je ne fus pas déçu, bien au contraire.
Tout d’abord, le chef d’orchestre Mathieu Tarot nous a présenté 3 arrangements des élèves de la classe de Jacques Ballue, célèbre pianiste compositeur dans nombre de genres musicaux et ce fut un enchantement, surtout pour les solos originaux interprétés finement par Maxime Pache au trombone, Joanna Esteves au saxophone baryton, Thibaud Bonté à la trompette et Clément Calles à la guitare.
Viennent ensuite un choix de musiques dont certaines, et pas des moindres, choisies car arrangées par des musiciennes à l’occasion de la journée du droit des femmes et de l’événement « Création au féminin » organisé par le conservatoire.
S’y expriment des solistes comme dans Roll’Em de Benny Goodman arrangé par Mary Lou Williams où Tony Kebbe au piano, Victor Ocvirk au saxophone alto, Antoine Cantau au trombone, ainsi que Dimitri Suso et Thibaut Bonté dans une battle trompette si enlevée que le public a largement manifesté son contentement par des applaudissements nourris, montrent un talent fou.
Deux autres morceaux m’ont tout particulièrement séduits:
– Wyrgly, composé et arrangé par Maria Shneider, avec ici des solos époustouflants de Lucas Belon au saxophone ténor, Maxime Pache au trombone et Clément Calles à la guitare;
– Lil’ Darlin, mon préféré, ma madeleine, adapté divinement par Henri Salvador par qui, j’en suis sûr, je suis venu au Jazz en 1963. En effet, « Tous les matins quand j’sors du lit, je mets un disque de Count Basie… » m’a fait découvrir Count Baisie et ouvert l’esprit à ce monde si riche qu’est le Jazz. Et je me dois particulièrement de mentionner l’incroyable interprétation de Julie Soulé à la trompette.
Néanmoins, et ce n’est pas un reproche, tout au long de ce spectacle, les solistes ont montré comme une forme de timidité dans leurs déplacements, de retenue à se mettre dans la lumière, sous les feux de la rampe, guettant ensuite un regard, un geste du chef d’orchestre, toujours bienveillant, pour décider de quitter le devant de la scène et rejoindre leur place au sein de l’orchestre. Peut-être le fait d’être mis en lumière les paralysait-ils quelque peu? Cela n’enlève rien à leur prestation bien au contraire car cette sensibilité exacerbée conférait à leur interprétation une finesse de jeu, une émotion particulière, une délicatesse qui augurent pour moi d’un vrai talent.
La soirée vous l’aurez compris fut une célébration de la créativité et du talent des jeunes musiciens qui ont offert au public une expérience inoubliable.
Dès les premières notes, l’audience a été transportée dans un univers sonore riche et captivant. Les étudiants du Conservatoire, et l’on peut remercier à cet effet le chef d’orchestre Mathieu Tarot et sa direction tout en finesse et taillée au cordeau, ont fait montre d’une maîtrise impressionnante de leurs instruments, ainsi qu’une compréhension profonde des nuances du Jazz, leur passion et leur énergie se répercutant dans chaque morceau, créant ainsi une atmosphère électrisante dans la salle.
En plus de l’excellence musicale, le spectacle a également été une ode à la jeunesse, à la créativité avec, au plus prés de la journée de la femme du 08 mars, une mise en valeur de créatrices, arrangeuses, et les musiciennes fort talentueuses de l’orchestre vont à mon avis bien vite rejoindre les Ludivine Issambourg, Céline Bonacina ou encore Sophie Allour ou Anne Pacéo sur les grandes scènes du Jazz.
Voir et écouter ces jeunes artistes passionnés partager leur amour pour le Jazz avec autant d’enthousiasme était véritablement inspirant. Le conservatoire de Jazz de Bordeaux a une fois encore prouvé qu’il est un vivier de talents exceptionnels, façonnant la scène musicale locale et internationale.
J’espère beaucoup revoir ces jeunes musiciens et musiciennes, peut-être lors du prochain Tremplin Jazz, avec leurs propres compositions qui sait?
Au final, le spectacle de ce soir fut une expérience magique et envoûtante. Entre virtuosité technique et passion palpable, cette soirée restera gravée dans les mémoires comme un moment de pur enchantement musical.
Composition du Big Band :
Direction : Mathieu Tarot
Section rythmique : Loïc Bonnaud et Adrien Lucbert (batterie); Francisco Da Silva (contrebasse); Tony Kebbe (piano); Clément Calles (guitare)
Saxophones : Nicolas Caumont (ténor); Victor Ocvirk (alto); Stéphanie Furlan (lead alto et soprano); Lucas Belon (ténor); Johana Esteves (baryton)
Trombones : Thomas Schnebelin, Maxime Pache (lead): Antoine Cantau, Garance Baltardive (trombone basse);
Trompettes : Thibaud Bonté, Dimitri Suso (lead), Gauthier Foignier, Julie Soulé