par Philippe Desmond, photos copies d’écran…

Quelque part près de Bordeaux le jeudi 10 décembre 2020.

Jeudi 10 décembre 2020, 18h30, le couperet vient une nouvelle fois de tomber, commencé le 30 octobre, le deuxième confinement vient d’en prendre pour trois semaines supplémentaires, neuf au total qui s’ajoutent à celles du printemps, la reprise estivale et automnale, très contrainte, n’ayant été qu’une petite fenêtre dans ce foutu tunnel.

Si pour nous public cette absence est lourde à supporter elle l’est bien davantage pour les artistes et, nous concernant, les musiciens. La chaleur des concerts, les échanges vivants ont laissé la place à des concerts en ligne, en visio. Plus de Rocher, de Thélonious, de Quartier Libre mais du Zoom, du Teams, du Facebook live, chacun calé seul, le plus souvent, devant son écran, le masque sur la bouche laissant la place au casque sur l’oreille. La billetterie ô combien nécessaire pour nos ami(e)s ? Par PayPal ou Leetchi, proposée mais nullement obligatoire ce dont j’espère certains ne profitent pas… Personnellement j’ai même payé ma place à New-York, plusieurs fois.

Samedi dernier Action jazz s’était associé avec la chanteuse Caloé en concert présentiel (quelle horreur ce mot) à Bordeaux en septembre dernier, qui retransmettait sa prestation en quintet depuis le Baiser Salé, un des temples du jazz de la rue des Lombards à Paris. Que ceux qui ne connaissent pas cet endroit y aillent, dans un mois, un an, dix ans, qui le sait, plus particulièrement le lundi soir vers 21 heures pour la jam animée par François Constantin. C’est fantastique avec souvent des invités de marque voire prestigieux, ça joue le feu.

Ce jeudi juste après le concert de Jean Castex et son grand orchestre, c’était depuis une maison girondine, celle de Stéphane Séva, qu’était retransmis en mondovision – eh oui, internet – celui du Bordeaux Swing and Wine dont nous avons déjà parlé dans ces colonnes. « Faute de grives, on mange les merles » disait souvent mon père, cette remarque ici n’ayant rien de péjoratif pour les musiciens, les grives c’est le réel, les merles c’est le virtuel. Quand on voit l’ambiance que ces cinq-là on réussi à faire passer hier soir à travers les câbles d’ADSL jusqu’à nos écrans on regrette d’autant plus de ne pas avoir été avec eux. Que c’est triste d’entendre les trois applaudissements des gens chargés de la technique ou de voir les émoticônes de claps, de cœurs, de pouces levés, s’afficher sur l’écran à la fin de chaque morceau.

Laurent Vanhée, Stéphane Séva, Hervé Saint-Guirons, Le Bordeaux Swing & Wine de base

Autour du trio habituel qui a inventé ce concept de Bordeaux Swing and Wine en juin dernier, déjà, j’ai nommé Stéphane Séva ( Washboard, percus, voix), Hervé Saint-Guirons (clavier) et Laurent Vanhée (contrebasse) deux invités Poupou et Pilou, respectivement les saxophonistes Claude Braud et Pierre-Louis Cas, deux piliers du Caveau de la Huchette, un autre temple du jazz plus traditionnel de Paris. Quand on met les deux ensemble ça tourne vite au combat de rue, Poupou au ténor et Pilou alternant ténor et alto. Croyez moi ça dégage et derrière le trio rythmique doit suivre lui aussi lancé à fond.

Poupou et Pilou au taquet, de g à d

Quelle bonne humeur, quelle énergie dans ces reprises de standards « Broadway », « When I grow too old to dream », une version dynamitée de « Coming Home Baby » de Mel Torme… Mais sur les ballades « Georgia » enchaînée avec « Over the Rainbow » ils savent faire aussi. Quelle frustration de ne pas être avec eux, quelle jalousie envers ce couple de danseurs de l’association Tempo Jazz présents eux « sur scène » pour un titre.

Mais quel plaisir quand-même de voir ces musiciens se démener comme si de rien n’était, comme si nous étions tous là avec eux ? Merci les gars, courage.

Le cru « Les Chemins » présenté par Benoît Teytaut le maître de cérémonie

Autre frustration, celle de ne pas pouvoir profiter du deuxième volet du nom du groupe le « Wine » impossible à déguster en visio, ce soir « Les Chemins » un AOC Cadillac rouge. https://www.leschemins.fr/

Que tout cela ne soit qu’une parenthèse, que la vie reprenne, que les salles de concerts résonnent à nouveau, que nous trinquions enfin !

site web : http://bordeauxswingandwine.com/