par Philippe Desmond – photos copies d’écran.

Le jeudi 4 février 2021.

Les jours, les semaines, les mois passent et toujours rien à se mettre sous la dent ou plutôt entre les oreilles, du moins en live, en musique vivante. Heureusement un rendez-vous auquel on s’est habitué – et dont on souhaite vite en perdre l’habitude – rassemble des amateurs, malheureusement devant leurs écrans, celui du Bordeaux Swing & Wine. Encore eux allez-vous me dire ! Ne soyez pas regardants, réjouissez-vous qu’ils entretiennent la flamme et même la ravivent.

Pour la séance de ce jeudi ils sont même allés nous chercher une nouveauté, du moins à Bordeaux, la chanteuse violoniste Aurore Voilqué. Vous ne la connaissez pas ? Pourtant au Caveau de la Huchette, au Duc des Lombards elle est une habituée de la scène. Elle y joue avec son propre quartet. Si je vous dis qu’elle accompagne régulièrement Lemmy Constantine, Sammy Daussat, Rhoda Scott et Thomas Dutronc, ça vous la situe un peu mieux. Ce dernier figure sur le dernier album d’Aurore, « Un soir d’été », avec un certain Sanseverino. Du jazz donc, plutôt manouche et swing, dans la grande tradition française d’un certain Stéphane Grappelli qui lui a donné la vocation et avec une passion pour son complice Django Reinhardt.

Sur Zoom et Facebook où est diffusé (participation souhaitée de 5 € minimum) le concert, impossible de goûter le vin du jour, celui de la Parcelle 045 d’Emmanuel Tignol. Pour lui en avoir acheté lors d’un vrai concert du BS&W cet été je vous confirme qu’il est très bon. Une frustration supplémentaire de ce type d’évènement en ligne, pas de tintement des verres de vin qui trinquent, signature des concerts bordelais. Et en plus l’espiègle Aurore qui va nous narguer avec le sien !

On va commencer avec « I’ll see you in my dreams » de Django, le ton est donné, ça swingue. Pas de guitare ici mais ce violon enjoué qui donne la couleur. Toujours le trio habituel, Stéphane Séva à la lessive et à la couture, plus précisément le washboard et ses dés à coudre, Hervé Saint-Guirons au clavier et Laurent Vanhée à la contrebasse.


Voilà « Bei Mir Bist Du Shein » (mais si vous connaissez) immortalisé par les Andrew Sisters et aussi dans le répertoire de Django où l’on découvre l’agréable voix d’Aurore.
Elle nous chante ensuite « J’attendrai » métamorphosant avec son chorus de violon cette vieille rengaine en lui donnant de la joie. Sacré tempérament apparemment cette musicienne, gaie, dynamique et virtuose surtout. Belle découverte.
Stéphane Séva met son costume de crooner pour « Sweet Lorraine » de Nat King Cole avec la version française de Mimi Perrin des Doubles Six, son classique à lui désormais.
Après « Whisper Not » chanté en Français pas Aurore, c’est le moment de danser avec « I’ve founded a new baby », d’ailleurs Betty Crispy et Russel Bruner ne s’en privent pas elle avec sa grâce et lui sa fantaisie, jouant avec son chapeau. Quelle frustration de ne pouvoir les accompagner !

Terrible blues qui arrive « Why don’t you do right » qui évoque Peggy Lee pour les uns et Roger Rabbit pour les plus jeunes. Le quartet y est magnifique, donnant une belle épaisseur à ce titre, le violon ajoutant sa légèreté.
Les transitions entre les titres sont sympathiques, on rit, on se taquine l’absence d’applaudissements étant tout de même dure à supporter pour les musiciens. Heureusement le maître de cérémonie Benoît Teytaut lit les nombreux messages des auditeurs ; aucune plainte !

Retour chez nous avec « Quand je monte chez toi » pleine de promesses, la composition d’Henri Salvador qui n’a pas fait que le pitre dans sa vie, loin de là. L’heure tourne, la faim arrive on sort les « saucissons » comme on dit dans le métier en parlant des standards les plus courants, voire les plus éculés. Et Stéphane en a un qui passe partout paraît-il… C’est « « I can’t give you anything but love » en plus. Trêve de mièvrerie (joliment interprétée) place au rythme avec « Avalon » puis un rappel demandé à grand renfort de télépathie, saucisson lui aussi et qu’on aimerait bien trouver en ces moments pluvieux « On the sunny side of the street ».

Bien sympathique tout ça mais quel effort intellectuel faut-il faire d’un côté comme de l’autre de l’écran pour s’y croire vraiment ! Merci au BS&W de nous avoir fait découvrir la talentueuse Aurore Voilqué qui a promis de revenir « pour de vrai ». Vu comment elle apprécie notre breuvage local, je pense qu’elle tiendra sa promesse !

 

CD d’Aurore Voilqué à aurorequartet@gmail.com