Arcachon Jazz Festival 2023 – 3/3

par Philippe Desmond, photos Philippe Marzat.

Troisième jour du festival, ça s’arrose et le ciel ne manque pas de le faire. Qu’Arcachon si lumineuse l’été est triste ! Mais bien sûr la musique va nous apporter cette gaité si réconfortante.

Michel Pastre, Louis Mazetier et Guillaume Nouaux à l’Espace Arlequin

Il y a deux mois sortait leur album « Fine Ideas » dont nous avions parlé et désigné« Choc » par Jazz Magazine (lien Fine Ideas).Un bel hommage au jazz classique, celui des années 30-40 et aux grands maîtres de l’époque. Une relecture par ces trois virtuoses d’un répertoire toujours aussi vivant au moment ou l’Académie du Jazz supprime le prix Jazz Classique de son palmarès. Une décision qui fait réagir le milieu, le public étant toujours aussi friand de ce style et les musiciens le jouant nombreux et magnifiques. Le jazz est multiple, il doit le rester.

Devant un salle en mode cabaret devant 160 personnes, le trio de choc et très chic, va nous embarquer avec Count Basie, Duke Ellington, Gene Krupa, Fats Waller, Louis Armstrong, Lester Young, Teddy Wilson, Django Reinhardt… Ah cette version de « Nuages » et cette intro originale qui précède leur nébuleuse arrivée, ceux-ci disparaissant au loin sur des mesures de mambo. Le trio a en effet revisité (mot à la mode) des standards en les adaptant avec finesse à leur formation. Le velouté, l’onctuosité mais aussi la belle énergie du sax ténor de Michel Pastre, la précision mélodique et rythmique, la subtilité du jeu de Louis Mazetier, la pulsation vintage avec cette immense grosse caisse et sa sourdine marquant chaque temps comme à l’époque pour Guillaume Nouaux ; ses fantaisies à la cloche et au woodblock, quel régal pour les oreilles ! Ayant assisté à la balance j’ai pu mesurer la précision et le travail que cela demande pour servir au public une prestation parfaite. Je dis souvent que celui-ci devrait de temps en temps pouvoir assister à ces répétitions pour se rendre compte du sérieux avec lequel se prépare un concert.

Du swing, du blues, des ballades, un peu de stride, comment pourrait-on laisser de côté de telles musiques ? Merci à ce trio de perpétuer la tradition et l’Histoire du jazz. La pluie est oubliée, les sourires sont revenus.

A noter qu’après le « CHOC » de Jazz Magazine, la « Sélection » de Jazz Hot pour l’album « Fine Ideas »,  Michel Pastre vient d’être élu Meilleur saxophoniste de l’année 2023 par Jazz Magazine et Jazz News (en compagnie de Sophie Alour et David El-Malek). « Fine Ideas » sélectionné parmi les 10 meilleurs albums de l’année 2023 du Figaro, à la une d’Open Jazz sur France Musique, disque du jour sur TSF Jazz et bien sûr dans les colonnes d’Action Jazz :

https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/pastre-mazetier-nouaux-fine-ideas/

Fabien Mary octet dans la Grande Salle

Changement de lieu, juste quelques marches à gravir, direction la Grande Salle. Bonne nouvelle, en nous accueillant Bernard Lummeaux, Maire-Adjoint aux Affaires Culturelles, devant le succès de cette édition avec plus de 1500 personnes en trois jours, en annonce une troisième pour 2024 ! Le multiple Fabien Mary, trompettiste, arrangeur, compositeur, chef d’orchestre est venue avec un octet. Du quartet au big band (le Vintage Orchestra) il propose un jazz brillant mêlant tradition et modernisme, du jazz pour toutes les oreilles des traditionnelles aux plus avant-gardistes.

De trois musiciens on passe donc à huit et pas n’importe qui : Fabien Mary (tr), Pierrick Pedron (sa), Thomas Savy (sb), David Sauzay (st), Jerry Edwards (tb), Yves Brouqui (g), Fabien Marcoz (cb) et Mourad Benhammou (bat), la crème du genre.

Mini big band (certes sans piano) mais qui parfois sonne comme un vrai. Une écriture et une orchestration ciselée pour un rendu flamboyant. Chacun y a sa place, on entend tout le monde, les chorus se succèdent avec un grand naturel. On va être servi, du swing, du be-bop, hard parfois sur une rythmique vive et nerveuse avec un Mourad spectaculaire à voir et à écouter, une attraction à lui seul. Harmoniquement les arrangements sont une totale réussite, les unissons des soufflants d’une grande précision mélodique. Il faut dire qu’on a affaire à des musiciens références de leurs instruments, au service d’une musique, en majeure partie composée par Fabien Mary, pleine d’éclat de de raffinement, célébrant une riche expérience new-yorkaise. C’est une formation plus légère et maniable qu’un big band qui permet des audaces, fluide et réactive.

Un set de toute beauté pour un final du festival majestueux.

Merci à Benoît Dissaux, directeur du théâtre Olympia et à Raphaëlle Pujolle pour leur accueil et la réalisation de ce partenariat entre eux et nous.

Le jazz continue dans l’année au théâtre Olympia :

  • Jeudi 29 février : Gaby Hartmann (chanteuse)

  • Jeudi 21 mars : Dmitry Baevsky Quartet avec Stéphane Belmondo

Programme complet : https://www.calameo.com/read/0000244215c6a484ea9c0

Les concerts des jeudi et vendredi :

https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/arcachon-jazz-festival-2023-1-3/

https://blog.lagazettebleuedactionjazz.fr/arcachon-jazz-festival-2023-2-3/

Galerie photos de Philippe Marzat

Benoît Dissaux et Guillaume Nouaux